Les Arabes israéliens sont plus de 1 million 400 000 personnes, sur une population totale de près de 7 millions d'Israéliens. Ce sont en fait les descendants de 160 000 Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l'État juif en 1948. Depuis 60 ans, l'ambivalence de leur identité est palpable : ce sont des citoyens israéliens mais leur identité se tourne généralement vers les Palestiniens. On peut parler ainsi de « paradoxe identitaire ». Les Arabes israéliens se sentent à la fois frères, cousins, des Palestiniens, et membres de la Umma, de la « grande nation arabe ».
Mais ce sentiment d'appartenance paradoxal évolue au fil des périodes et des contextes politiques plus ou moins tendus. L'un des deux modèles identitaires va ainsi émerger aux dépens de l'autre. Ainsi, Pascale Zonszain explique que « depuis la création de l'État d'Israël, cette population se cherche une place, un statut, une définition, et balance d'un tropisme à l'autre, vers le modèle israélien, vers l'identité palestinienne ou même vers l'islamisation, au gré des accalmies ou des tempêtes. Insaisissable ou instrumentalisée, la population arabe israélienne se considère dans sa grande majorité loyale à l'État d'Israël, jalouse de ses particularismes religieux et culturels, attirée ou rebutée par le nationalisme palestinien, attachée à la nation arabe ; et parfois tout cela en même temps. »
[...] De la constitution et des droits collectifs des citoyens arabes en Israël. Mais ces différents projets présentés par les cadres arabes d'Israël sont tous soumis à la même condition : leur acceptation par la majorité juive. Or les propositions élaborées par les élites arabes ne constituent pas une base consensuelle . Leur position de départ n'est tout simplement pas acceptable pour un régime qui a construit et reçu sa légitimité sur son caractère d'État juif. Mais la majorité des Arabes israéliens veulent rester une communauté séparée et ne cherchent pas à se fondre dans la société juive. [...]
[...] Cela peut nous aider à comprendre ce sentiment d' être ensemble très particulier, que l'on trouve chez les Israéliens, et l'extrême proximité entre l'individu et le collectif »15. 1Journaliste, juriste, correspondante de plusieurs médias francophones, elle suit depuis 1994 le processus diplomatique israélo-palestinien et ses effets sur la société israélienne. 2ZONSZAIN Pascale Le tournant politique des Arabes israéliens Revue Controverses nº7 : Les Palestiniens à l'épreuve de la paix Février pages. 3GREILSAMMER Ilan, «Nous devons fixer seuls les frontières d'Israël». [...]
[...] Mais cet espoir des Arabes israéliens s'est brisé avec l'assassinat d'Itshak Rabin, et l'abandon de sa politique par ses successeurs. Le nouveau divorce a naturellement fait pencher les Arabes d'Israël vers leurs frères palestiniens. Le discours s'est radicalisé, aussi bien chez les députés arabes laïcs que chez les partisans de l'islamisation. A partir de 1996, la radicalisation politique se fait plus nette. Le Mouvement Islamique se scinde en deux, créant la fraction nord, dirigée par Sheikh Raed Salah, représentant ainsi un courant radical. [...]
[...] Ainsi d'Arabes israéliens affirment que l'Holocauste n'a jamais existé13, reprenant ainsi la tendance négationniste de certains peuples arabes. En 1995, seuls d'Arabes israéliens disaient que l'État n'a pas le droit d'exister des répondants arabes israéliens ont pris part à quelques activités de protestation l'année dernière, alors que seulement l'ont fait il y a six ans. Par ce sondage apparaît clairement ici la tendance convergente du ressentiment face à l'État d'Israël par ses habitants arabes en fonction de l'actualité politique de la région, et notamment des périodes de paix ou de tensions. [...]
[...] Nous terminerons cette étude par analyser de quelle manière ces Arabes israéliens se sentent et/ou sont proches des Palestiniens en particulier et des Arabes en général. I. Des Arabes, Israéliens dans les textes Au départ, l'État d'Israël a un caractère universel : le principe d'égalité des citoyens dans leurs droits est reconnu, et ce dernier est supérieur au caractère juif de l'État. Les Israéliens, qu'ils soient Juifs ou Arabes, sont donc égaux dans les textes. Malgré des inégalités socio-économiques patentes (point sur lequel nous reviendrons plus en détail dans la seconde partie), les rapports des Arabes israéliens avec leur État ont connu des phases assez positives. [...]
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