Au crépuscule de la seconde guerre mondiale, une peur terrible s'empare des puissances moyennes ; qui cherchent la protection d'une puissance dominante. Les Etats-Unis à l'Ouest, l'U.R.S.S à l'Est, deviennent des chefs de file de deux blocs antagonistes. Mais ce sont les circonstances, plus que la volonté des hommes, qui sont à l'origine de cette configuration des forces.
Pendant la période de la guerre froide, si une certaine stabilité était assurée en Europe, le reste du monde était boiteux, livré au déchaînement de ses propres contradictions, à ses rivalités. La recherche de l'équilibre des forces, à peu près obtenu au centre des alliances, avait pour contrepartie, des convulsions permanentes à la périphérie des alliances. Mais la fissuration des modèles soviétique et américain, bien avant l'effondrement du pôle soviétique à partir de 1985, périme le fonctionnement de la bipolarité. Ainsi, de nouvelles puissances surgissent, échappant désormais à la force d'attraction des deux pôles (l'Iran puis l'Irak en donnent l'exemple).
En 1979, la révolution islamique d'Iran remplace le shah Mohammed Reza Pahlavi par l'ayatollah Ruhollah Khomeyni. Celui-ci rêve d'exporter la révolution en transcendant les frontières. Tout comme Saddam Hussein qui dirige déjà d'une main de fer l'Iraq, il considère la première guerre du Golfe qui les oppose, comme une lutte pour la suprématie de la région. Les prises de position pro-irakiennes des monarchies du Golfe, s'expliquent du fait qu'elles s'inquiètent de l'ambition déclarée de Khomeyni. Saddam Hussein s'intronise alors comme le défenseur des pays arabes, les Iraniens étant perses. La présentation d'une forteresse irakienne face au torrent chaotique de la révolution iranienne, rassure les monarchies qui financent le dictateur de Tikrit. Cette guerre, qu'il remportera, voile en fait son ambition larvée et hégémonique sur le monde arabe.
La guerre Iran-Irak, qui se déroule de 1980 à 1988, a vu le soutien des Etats-Unis à la faveur des Irakiens, de par le fournissement d'armes, d'équipements ou encore de renseignements. La politique de Washington demeure cependant fondamentalement orientée par la poursuite de ses propres intérêts. Et ses intérêts dans cette région névralgique mais géopolitiquement et stratégiquement décisive, sont trop importants. Il n'y a pas de zone sur terre qui intéresse autant de pays que le Golfe, et notamment en raison d'un facteur : le pétrole. Le fait que Saddam Hussein soit un dictateur n'était pas une donnée dérangeante pour paralyser de bonnes relations américano-irakiennes.
Même si les Américains se sont rendus compte des exactions commises par le « Frankenstein de Bagdad » envers les Iraniens et surtout envers son propre peuple, ils ne veulent pas réagir et s'immiscer dans un conflit jugé interne. Leur intervention risquerait de surcroît de maltraiter leur commerce avec le pays en matière de pétrole, d'autant plus que les Etats-Unis en sont très dépendants.
L'attitude des Etats-Unis envers Bagdad va toutefois muer au fil du conflit et surtout après sa fin. Une aperception règnera à Washington, qui commencera alors à se méfier de l'honnêteté du cimeterre de Saddam Hussein. Les Etats-Unis redoutent une palinodie du rôle du dictateur dans la région, d'autant plus qu'il sort obéré de la guerre…
Il est donc tout à fait pertinent de se demander le sort que les Etats-Unis ont réservé à leurs relations avec l'Irak à l'issue de la guerre du Golfe. Pourquoi les Etats-Unis ont-ils subitement apostasié leur entente d'avec l'Irak au lendemain de la première guerre du Golfe ?
Nous verrons en premier lieu (I) la méfiance soudaine des Etats-Unis puis en second lieu (II) les conséquences du divorce américano-irakien.
[...] Ce soupçon, comme la présence d'armes de destruction massive, a depuis longtemps fait feu. Toutefois, il semblerait que l'Irak soit devenu la nouvelle terre du djihad, c'est-à-dire de la guerre sainte. Bibliographie BALTA P. (1987), Iran-Irak : une guerre de 5000 ans. Economica pages. BONNET A. (2002), La crise irakienne : les enjeux et les conséquences du nécessaire veto français. Les dossiers de France demain pages. GRESH A. et VIDAL D. (1991), Golfe : clefs pour une guerre annoncée. [...]
[...] La réponse est que la première fois, on pensait pouvoir se contenter de le museler par des sanctions, alors que la seconde fois, il était question de l'anéantir. II- Les conséquences du divorce américano-irakien Après avoir appréhendé les conséquences du divorce américano-irakien (A'), nous nous intéresserons à la politique américaine anti-irakienne post 11 septembre. A'. L'étouffement irakien L'Irak hérite d'une léthargie douloureuse après sa défaite et la guerre qui l'a opposé à une coalition internationale, menée par les Etats-Unis. Le tribut de guerre irakien est très lourd, tant sur le plan des pertes civiles que sur le plan des destructions infligées. [...]
[...] Fayard pages. RAOUF W. (1986), Iran-Irak : des vérités inavouées. L'Harmattan pages. SAYEGH S. et LE MORZELLEC J. (1993), La crise du Golfe : de l'interdiction à l'autorisation du recours à la force. Librairie générale du droit et de la jurisprudence pages. [...]
[...] L'invasion et l'annexion du Koweït constituent des violations caractérisées du droit international. La réplique de la communauté internationale, mandatée par l'O.N.U, mais essentiellement dirigée par les Etats-Unis, devenus l'unique superpuissance mondiale après la récente disparition de l'U.R.S.S, devait restaurer la souveraineté et l'indépendance du Koweït. L'issue de la guerre surprendra pourtant, voire décevra : alors que Bagdad étaient à leur merci, les troupes commandées par le général Schwartzkopf ne renverseront pas le dictateur irakien. Le détrôner aurait signifié faire face à plusieurs problèmes découlant de sa disparition. [...]
[...] Saddam Hussein a sans doute estimé que les Grands de ce monde étaient trop occupés par le règlement des séquelles de la guerre froide pour se soucier du sort de quelques arpents de sable et de quelques puits de pétrole dans le Golfe persique. Il espérait sans doute aussi bénéficier d'une certaine compréhension de la part des pays qui l'avaient armé (Etats-Unis, France ) pour servir de rempart contre la révolution iranienne. Il n'en est rien. La seconde guerre du Golfe est un conflit légitime, au motif simple. [...]
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