L'étude des grands auteurs de l'histoire de la pensée politique se fait de manière généralement chronologique dans le monde universitaire des sciences politiques. Il apparaît donc comme une évidence, d'étudier le meilleur régime politique avec Aristote ou l'évolution du capitalisme avec Marx. Or, ce qui est vrai pour les disciplines citées l'est également pour celui que nous suivons : les idées politiques contemporaines. Et pourtant, les problématiques et les intérêts de ces auteurs sont forts différents et s'inscrivent dans une période bien particulière. Les points communs entre tous ces auteurs reposent sur le fait que pour la très grande majorité d'entre eux, ils sont tous morts. Ce qui revient à dire que les textes étudiés sont de l'ordre de l'histoire, du passé et donc de l'interprétation. Nous aimerions aujourd'hui porter notre réflexion sur cette évidence qui consiste à croire que l'on peut comprendre le sens et l'intégralité de la pensée d'un auteur 10 siècles par exemple après sa mort. Car, en effet, est-il légitime de retracer l'histoire des idées à travers une vision chronologique et linéaire de l'histoire ? Comment peut-on comprendre la véritable pensée de l'auteur ? Comment savoir que l'interprétation que nous faisons est bien celle que l'auteur voulait montrer ? Les enjeux qui se cachent derrière cette approche méthodologique de l'histoire de la pensée politique sont énormes. Pour s'en persuader, il suffit d'énumérer les innombrables variantes du marxisme, tout le monde croyant détenir la vérité. Bref, on peut se rassurer en disant que certes les conséquences d'interprétations aléatoires de certains auteurs n'amènent pas inéluctablement à une perspective du sens de l'histoire et aux désastres d'une partie du 20e siècle comme ce fût le cas pour le marxisme, mais il serait utile d'éclaircir ce débat. Pour répondre à ces interrogations, nous nous proposons de revenir sur les trois grands courants qui animent la méthodologie d'approche de l'histoire des idées : le paradigme de la tradition de Léo Strauss (I), le matérialisme historique de l'approche marxiste (II), et l'étude du vocabulaire et des langages politiques de l'école de Cambridge (III). Nous allons revenir sur chacun de ces courants en montrant leurs conceptions, leurs intérêts et leurs limites. Enfin, nous essaierons d'illustrer nos propos en prenant certains textes du corpus et en les inscrivant (quand cela est possible) dans l'un de ces trois courants.
[...] Selon lui, le contexte historique peut être utilisé afin de trancher des divergences d'interprétations. Cette histoire des idées centrée sur l'histoire est accompagnée d'une histoire axée sur le langage. En effet, Skinner s'est beaucoup imprégné des travaux d'Austin et de Wittgenstein sur la linguistique. De cet élément, Skinner va en dégager deux choses : d'une part, il faut distinguer ce que dit l'auteur (le sens) et son intention ; et d'autre part, il est indispensable de replacer le texte étudié parmi l'ensemble des productions qui s'attaquaient au même problème. [...]
[...] Nous nous sommes interrogés de savoir si cette approche des idées politiques était raisonnable et univoque. Nous avons soulevé trois façons de penser la méthodologie de l'étude de la pensée historique : le paradigme de la tradition des straussiens, le matérialisme historique des marxistes et avec Skinner l'école de Cambridge. Montrant les intérêts et les limites de celles-ci, nous devons en dernier recours nous demander laquelle serait la plus appréciable et la plus juste. Jusque dans les années 60, l'approche marxiste restait très dominante dans le milieu universitaire et historiographique français. [...]
[...] L.Strauss et J.Cropsey, Histoire de la philosophie politique, Paris, PUF J-G. Prévost, De l'étude des idées politiques, Sillery, Presses de l'Université du Québec Référence au texte de Gramsci, Notes sur Machiavel, sur la politique et sur le prince moderne Gramsci dans le texte, Messidor, Paris K.Marx et F.Engels, Chapitre 1 L'idéologie allemande, Editions sociales, Paris H.Laski, Le libéralisme européen du Moyen Âge à nos jours, Paris, Emile- Paul Ibid J-G Prévost, Idéologie et structures sociales De l'étude des idées politiques, Presses de l'Université du Québec p 33-35 J-G. [...]
[...] Ainsi, pour résumer de manière caricaturale la perspective marxiste, on pourrait admettre qu'il n'y a pas à vrai dire d'histoire des idées, mais simplement une histoire des mutations économiques, dont les idées constituent un miroir. En terme d'approche méthodologique pure, les auteurs marxistes vont s'attacher à mettre en valeur les analogies qui unissent la structure des textes étudiés et le contexte socio-économique de leur composition. Par exemple, la lecture sous cet effet de l'œuvre de Socrate nous permet de dégager ses intérêts et son modèle idéal de société. [...]
[...] Les enjeux qui se cachent derrière cette approche méthodologique de l'histoire de la pensée politique sont énormes. Pour s'en persuader, il suffit d'énumérer les innombrables variantes du marxisme, tout le monde croyant détenir la vérité. Un autre exemple, la polémique autour de Montesquieu, était-il l'avocat d'un retour à l'ordre féodal ou un critique radical de l'absolutisme ? Bref, on peut se rassurer en disant que certes les conséquences d'interprétations aléatoires de certains auteurs n'amènent pas inéluctablement à une perspective du sens de l'histoire et aux désastres d'une partie du 20e siècle comme ce fût le cas pour le marxisme, mais il serait utile d'éclaircir ce débat. [...]
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