Si on s'en tient à une définition commune du terme de nation alors on l'envisage de deux manières : d'une part, celle de Renan et de son discours de 1882 prononcé à la Sorbonne, considérant une nation comme « un groupe d'humain, généralement assez vaste, qui se caractérise par la conscience de son unité (historique, sociale, culturelle) et la volonté de vivre en commun » ; d'autre part, la définition classique du dictionnaire (Le nouveau Petit Robert, 1996) qui insiste sur « un groupe d'humain constituant une communauté politique, établi sur un territoire défini ou un ensemble de territoires définis et personnifiés par une autorité souveraine, l'Etat ». Le débat historiographique tardif sur la question de la nation remet en cause ces deux définitions.
C'est dans les années 80 seulement que des théoriciens de la nation commencent à être publiés et qu'on voit se dessiner des visions contradictoires de l'idée de nation et de ses conditions d'émergence. C'est avec les traductions d'oeuvres telles que celles de Bendix, Gellner, Anderson ou encore Deutsch que le débat se dessine. Deux visions s'opposent alors et tournent particulièrement autour du rôle intégrateur ou non de l'Etat dans la construction nationale.
[...] Apprentissage qui peut selon les points de vues être envisagé comme une nécessité fonctionnelle qui s'imposerait aux hommes à un moment donné ou comme le prolongement d'un processus séculier de formation de l'État qui s'achèverait par la construction de l'identité nationale. Pour Weber, le concept de nation nous renvoie constamment à la relation avec la puissance politique. Donc, la question de la nation est éminemment politique et renvoie nécessairement à l'idée de l'État et de sa puissance. Conscience nationale suppose rattachement à un centre politique et pour Weber, à une loyauté des habitants envers la puissance de la communauté politique représentative de leur nation. [...]
[...] L'État serait nécessité seulement par la modernisation économique. Donc ce modèle offre une place trop importante au facteur économique dans la construction du nationalisme. Ce réductionnisme économique tend à oublier le rôle de l'école en tant qu'institution transmettant une conscience nationale et une culture en accord avec la définition qu'en fait l'État afin d'asseoir sa domination. II- L'État : acteur central de la mise en place d'une nation et de sa définition L'école et la citoyenneté : deux institutions qui typifie la notion de nation. [...]
[...] Les grandes firmes industrielles exigeant à l'embauche un niveau de qualification technique minimum, la formation des hommes dut être uniformisée et prise en charge par un organe transcendant les diversités locales - au niveau linguistique par exemple pour permettre une communication effective entre les industriels - et ayant les moyens de fournir un appareil centralisé à l'échelle du pays. L'État fut le seul capable d'y arriver. C'est donc des contextes structurels qui ont fait que l'État fût obligé de prendre en charge l'éducation, source principale du nationalisme, afin d'assurer le développement économique et social du pays. Pour K. Deutsh, la nation est associée à un processus de modernisation socio-économique. [...]
[...] Les nations modernes ne font que refléter des liens extrêmement anciens qui obéissent à des modèles inscrits dans une histoire ancestrale. Dans ce modèle la nation n'est pas une invention d'une culture homogène, mais simplement la réactivation de liens primordiaux qui sont les liens du sang, de la naissance, etc.Ces critères objectifs, présents avant la construction de l'État seraient le résultat de ce sentiment d'appartenance définissant l'idée de nation. Mais ces thèses oublient l'impact de la modernité sur les identités et sur la construction nationales. A. D. [...]
[...] L'apprentissage du national ne passe donc pas seulement par des mécanismes d'inclusion, mais aussi par ceux d'exclusion. Cette politique étatique de contrôle aux entrants, particulièrement centrée sur l'idée d'identité nationale et de partage d'une histoire commune, est depuis longtemps à l'oeuvre aux États-Unis. En définissant les frontières territoriales, l'État délimite géographiquement qui peut bénéficier ou non du statut juridique de citoyen. Et en définissant le statut de citoyen et ses prérequis, l'État élimine une partie des hommes habitants sur le sol du pays. [...]
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