La démocratie représente aux yeux d'une grande partie de la population mondiale, le régime politique sinon le plus parfait, du moins le plus désirable. Ainsi en Europe comme en Amérique du Nord et jusqu'en Inde personne ou presque ne lui envisage plus de solution de rechange autre que détestable. Mais si cette évidence réunit une grande majorité de la population, elle ne fait pourtant pas l'unanimité auprès de tous. En cela l'opinion est partagée entre les adeptes du monopole de « la valeur démocratique » et ceux qui préfèrent s'en méfier.
« La corrélation entre démocratie et paix est pour moi l'une des rares choses que la science politique puisse affirmer en matière de relations internationales. » En ce sens Francis Fukuyama, auteur du célèbre article sur la fin de l'histoire ou The End of History ? illustre parfaitement la fièvre qui se développa autour de la théorie de la paix démocratique à la chute du Mur de Berlin selon laquelle « les démocraties ne se font pas la guerre entre elles » . Si la première véritable formulation philosophique d'une doctrine associant la paix à un régime démocratique ne date que de la fin du XVIIIe siècle, les théoriciens modernes de la paix démocratique s'accordent à dire que Emmanuel Kant en pose les prémices dans son projet Vers la paix perpétuelle de 1795. Somme toute, malgré la longue tradition de philosophes, théologiens et politiciens qui participèrent à la fondation de la doctrine de la paix démocratique, il fallut attendre les années 60 à 70 pour que s'opère un regain d'intérêt pour celle-ci. Ainsi en tant que composante de la politique étrangère, la théorie de la paix démocratique est adoptée plus au moins au grand jour par les Etats-Unis dès le début des années 90 sous la présidence de George Bush « père ». Certes même si les fondements philosophiques de cette doctrine remontent à plusieurs siècles, elle n'en est pas moins devenue la source des débats les plus rudes en ce qui concerne le domaine de la politique.
En effet rappelons que la composante démocratique n'a pas toujours fait preuve d'un consensus général. Et bien au contraire, chez les Anciens tels que Platon ou Aristote la démocratie était considérée comme un régime dangereux « dégénérée de la République » . Kant lui-même décrit la démocratie comme « nécessairement un despotisme parce qu'elle fonde un pouvoir exécutif où tous décident au sujet d'un seul, et, si besoin est, également contre lui » . Plus d'actualité, alors que la chute de Berlin avait fait croire que s'ouvrait l'ère de la démocratisation universelle, autrement dit terme qui « s'applique à présent aux processus de passage de formes diverses d'autoritarisme à la démocratie, soit par démocratisation plus au moins délibérée des régimes en place soit en vertu d'un changement net de régime » , on ne l'a vu s'élargir que d'une centaine de kilomètres en Pologne, ou Hongrie, vaciller de manière confuse dans les Balkans en 90 et surtout s'effondrer piteusement en Irak à présent.
En ce sens Edouard D. Mansfield professeur associé de la Science Politique à l'université de Colombie et J. Snyder, professeur de Science Politique et directeur de l'Institut de la Guerre et de la Paix dans la même université que son prédécesseur, apportèrent la théorie réaliste de démocratisation belligène dans leur article Democratic Transitions, Institutional Strength, and war selon quoi « les Etats en transition démocratique, ceux qui ont récemment procédés à un changement de régime vers une orientation démocratique sont beaucoup plus enclin à être violents que les Etats qui ne subissent pas un tel changement ». Autrement dit la démocratisation n'a pas toujours eu le beau rôle.
Il serait donc judicieux de voir dans quelle mesure la théorie de Snyder et Mansfield est valide lorsqu'elle est appliquée à un exemple comme la démocratisation de la Yougoslavie dans les années 90.
Pour mener à bien l'étude de cette question, d'une part nous étudierons les caractéristiques de la théorie de la « démocratisation belligène », et d'autre part l'application de celle-ci à notre cas d'étude qu'est la démocratisation de la Yougoslavie dans les années 90.
[...] Nous avons vu que les tentatives de démocratisation n'avaient pas été identiques, et nous venons d'entrevoir la montée du nationalisme serbe. Dans une seconde partie, nous allons voir comment, en suivant les principes de la théorie de Snyder et Mansfield, le nationalisme serbe s'est développé en profitant d'une faiblesse institutionnelle nous verrons les stratégies du nationalisme. B'- L'éclatement yougoslave : le terreau d'une difficile transition démocratique La faiblesse des institutions ou l'inévitable rupture Snyder et Mansfield, dans leur théorie, indiquent bien que quand les institutions sont faibles, le risque de guerre est important au cours d'une transition démocratique. [...]
[...] Badie, P. Birnbaum, P. Braud, Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, Armand Colin p°85. Snyder et Mansfield, Democratic Transitions, Institutional Strength, and War, International organization, printemps 2003, p°298. M.-C. Smouts, Les nouvelles relations internationales Pratiques et théories, Presses de sciences po p°299. Snyder et Mansfield, Democratic Transitions, Institutional Strength, and War, International organization, printemps 2003, p°298. [...]
[...] P. GARDE, Vie et mort de la Yougoslavie, Fayard, Paris 15, p°157, p°263-264, p°270-271, p°336. G. HERMET, B. BADIE, P. BIRNBAUM, P. BRAUD, Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, Armand Colin p°85. [...]
[...] En 1988, des entités politiques d'opposition se constituent. Les communistes slovènes eux-mêmes, craignant de perdre trop de pouvoir en se rendant impopulaires, vont encourager ces velléités d'indépendance et la démocratisation Les Slovènes vont soutenir les Albanais contre la menace serbe qui ne va faire que se renforcer. Les divergences entre les républiques slovène et serbe vont croître. Le 4 octobre 1989, les Slovènes adoptent une loi contraire aux lois de la fédération : cette loi instaure le multipartisme. Le 26 juin 1991, la république slovène devient indépendante. [...]
[...] Puis les Croates, qui ont toujours eu conscience de leur unité, mais c'est une population mêlant diverses minorités pour autant bien intégrées et dont la coexistence ne posait pas de problèmes spéciaux Tito, dans les années 40, reconnaîtra même une république croate. Suivit par la Bosnie-Herzégovine, composée de musulmans ce qui constitue l'originalité de cette population, car les autres peuples sont surtout chrétiens d'obédiences diverses, mais surtout orthodoxes et catholiques. Les Monténégrins font également partie des peuples yougoslaves et fut l'un des moins chanceux : ils ont payé le plus lourd tribut pendant la Seconde Guerre mondiale en termes de pertes humaines. [...]
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