En France et en Europe, les relations entre l'Etat et l'Eglise, entre le politique et le religieux, ont été mouvementées depuis la fin du Moyen-âge. L'histoire européenne a vu la séparation progressive de la sphère politique et de la sphère religieuse pour aboutir, en France, à un modèle particulier : la laïcité. Ainsi, l'Etat ne doit pas se mêler des affaires religieuses, tandis que les Eglises n'ont pas de pouvoir sur l'Etat. Cette séparation est désormais bien installée dans la conscience collective et malgré la persistance de monarchies liées, dans la forme, au divin, comme en Angleterre, les Européens acceptent et soutiennent une séparation stricte entre le religieux et le politique.
Cette séparation « institutionnelle » est, incontestablement, moins évidente au niveau personnel. La croyance religieuse étant limitée au niveau individuel, elle peut néanmoins influencer les choix personnels à l'égard du politique. D'où l'intérêt de discuter l'influence de l'appartenance religieuse sur le comportement politique et plus particulièrement sur les choix électoraux.
L'appartenance religieuse est un terme vaste qu'il faut définir : on distingue alors deux types d'appartenance religieuse susceptibles d'être étudiés : l'appartenance personnelle, cela va de soi, et l'appartenance collective. Autrement dit, la culture religieuse nationale. Par ailleurs, l'appartenance personnelle est graduée : on peut être simple croyant, peu pratiquant, ne se rendant à la messe ou à l'office qu'à l'occasion des grandes fêtes ; on peut aussi être particulièrement pratiquant, se rendre à la messe chaque dimanche et respecter plus ou moins le dogme.
Par choix électoral, on entend en premier lieu le placement sur l'échiquier politique lors du vote. Mais l'on peut aussi envisager comme choix électoral le fait de participer ou non au vote.
Le sujet pose la question de la pertinence du facteur religieux pour étudier les comportements électoraux et politiques des Européens. Nous verrons en premier lieu les traits caractéristiques de l'influence de la religion sur les choix politiques avant de comprendre pourquoi cette influence devient de moins en moins claire.
[...] Mais en y regardant de plus près, on arrive mieux à cerner les caractéristiques de ceux qui votent à gauche. Ainsi, si l'on prend un échantillon de personnes qui disent lire personnellement les textes religieux, en dehors de la messe, le vote de gauche, quoiqu'encore minoritaire, progresse significativement. Plus particulier encore, parmi ceux qui disent participer aux activités liturgiques (chorale, préparation des messes, etc.), le vote de gauche devient majoritaire. On trouve donc chez les croyants une part de personnes dont l'intégration religieuse est élevée mais fondée sur un certain esprit d'initiative, personnel, qui ne se limite pas à la messe dominicale : ces croyants votent davantage à gauche que la moyenne des croyants. [...]
[...] Le croyant est en relation directe et personnelle avec Dieu. Cette ouverture du message religieux à la raison individuelle a permis le débat, la confrontation des idées et des opinions. Parallèlement, l'alphabétisation précoce des populations, nécessaire pour lire les textes religieux, a favorisé l'intérêt des citoyens pour la politique. Cette culture du débat est entrée et s'est ancrée dans la culture nationale (car le protestantisme s'organise aussi autour d'Eglises nationales) et se perpétue aujourd'hui chez l'ensemble des citoyens, qu´ils soient de confession catholique ou autre. [...]
[...] L'appartenance religieuse influence effectivement les choix électoraux par son ancrage culturel et par la référence qu'elle offre pour trancher, encore aujourd'hui, les choix moraux. Ainsi, les croyants votent davantage à droite qu'à gauche, imprégnés du conservatisme qui a été caractéristique de l'Eglise à plusieurs reprises. Néanmoins la tendance actuelle réduit peu à peu la pertinence du groupe des croyants : il devient à la fois très réduit pour les pratiquants conventionnels et très hétérogènes pour l'ensemble des croyants avec leurs myriades de religions personnelles. [...]
[...] Transition : l'impact de la religion est mesurable et produit des effets caractéristiques sur les comportements politiques et donc sur les choix électoraux. Néanmoins, cet effet est de plus en plus diffus du fait du recul de la religion institutionnelle et de son influence au profit d'une religion plus personnelle, à la carte II La perte de signification du vote religieux 1. L'affaiblissement des institutions religieuses L'autonomie religieuse Le vote des croyants est très mitigé au sens où la nature de l'intégration religieuse peut être très différente. [...]
[...] Le sujet pose la question de la pertinence du facteur religieux pour étudier les comportements électoraux et politiques des Européens. Nous verrons en premier lieu les traits caractéristiques de l'influence de la religion sur les choix politiques avant de comprendre pourquoi cette influence devient de moins en moins claire. I Les influences de la religion sur les choix politiques On distingue une influence importante de la religion et de la culture religieuse sur le vote et la politisation des Européens La primauté de la culture religieuse sur la foi personnelle Les cultures religieuses nationales et la politisation L'appartenance religieuse collective est liée à l'ancrage culturel de la religion. [...]
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