L'histoire politique française met en relief deux conceptions opposées du pouvoir : une vision quasi-monarchique d'un pouvoir attribué à un homme providentiel, une personnalité charismatique placée au-delà des partis politiques qui incarnent l'union nationale - Clémenceau, Pétain ou de Gaulle - ; et, à l'inverse, le rejet de toute forme de pouvoir personnel, le refus de la personnalisation du pouvoir, ancré dans une culture républicaine depuis l'opposition au Second Empire de Napoléon III et la crise du 16 mai 1877.
Le second modèle, en valorisant le régime parlementaire, entraine mécaniquement une diminution du pouvoir de l'exécutif. Dans ce contexte, émerge un fort courant d'antiparlementarisme : « Il faut, parait-il, que les peuples, aujourd'hui comme par le passé s'amusent de quelque chose ; la forme a changé avec les âges. Les Romains avaient le cirque ; nous avons le parlement. »
Par ces paroles poivrées de 1883, Leverdays raille la IIIe République naissante. Le propos n'a rien d'original car, au fond, l'antiparlementarisme trouve un écho depuis qu'existe le régime parlementaire. Pire, il existait même avant la IIIe République.
Plus qu'une simple antienne, l'antiparlementarisme correspond plutôt à une idéologie - c'est-à-dire un ensemble de concepts, d'idées qui, articulés de concert, forme une vision du monde - que l'on retrouve comme une constante tout au long de notre histoire politique depuis 1789. Depuis la Révolution française, des écrits féroces contestent le principe même du système représentatif ou stigmatisent la médiocrité supposée des élus.
L'objet de cette production écrite a donc pour objectif de s'interroger sur ce qui provoque la remise en cause du régime parlementaire, pourquoi a-t-on pu observer en France une pareille tentation antiparlementaire ? Bien plus qu'une analyse méthodique de l'antiparlementarisme, c'est également une étude minutieuse de l'évolution de la IIIe, IVe et Ve république. Au-delà d'un éclairage sur le boulangisme et le poujadisme, cet exposé vise à apporter un éclairage sur le fonctionnement de nos institutions, sur le pouvoir politique et tente d'apporter une réponse à la question centrale : qui gouverne et avec quels instruments aux différentes époques depuis 1870 ?
[...] Ainsi il faut que le peuple choisisse des représentants. Aujourd'hui encore, la séparation des pouvoirs reste la pierre angulaire de toutes les démocraties modernes dès 1789, la constitution américaine y accorde une place des plus centrales dans le fonctionnement de la démocratie. Pourtant, très tôt, d'autres voix s'élèvent comme celle de Rousseau qui a des mots très durs contre la représentation. Pour lui la souveraineté du peuple ne peut être représentée par la même raison qu'elle ne peut être aliénée. [...]
[...] Conclusion De fait, la question de l'antiparlementarisme peut sembler aujourd'hui obsolète puisque le problème ne semble ne plus se poser. Au contraire, aujourd'hui certains en viennent à demander une réforme de l'Etat et notamment une revalorisation du rôle du parlement. Au cours de la campagne présidentielle de 2007, de nombreux articles de presse et de débats ont eu lieu à propos de la nécessité de mettre en place une VIème République. Certains considèrent que le Chef de l'Etat est politiquement irresponsable alors qu'il concentre la majorité des pouvoirs de l'exécutif. [...]
[...] L'antiparlementarisme est donc la réponse à cette double frustration. Il traduit le refus d'un système qui par nature est en équilibre instable et ne fonctionne qu'imparfaitement. Partie II : L'évolution et les visages de l'antiparlementarisme en France de 1870 à nos jours L'antiparlementarisme comme catalyseur des résistances et des réactions face à la mise en place de la IIIème République bourgeoise et opportuniste Crise institutionnelle du 16 mai 1877 et parlementarisme absolu Même si, comme nous l'avons souligné plus haut, l'antiparlementarisme constitue une constante de la vie politique française depuis 1789, il commence véritablement avec la IIIème République. [...]
[...] Pour ces nationalistes, le parlementarisme est une maladie. Il entraîne la décomposition de la patrie car dans ce système, pour eux, tout pousse aux solutions médiocres, aux compromis honteux dans le mépris de l'intérêt national. Ainsi, pour Maurras seul la monarchie compte et est efficace car elle seule assure la durée : pour lui le gouvernement parlementaire souffre d'une irresponsabilité dans le temps. L'antiparlementarisme de droite prend généralement forme dans les ligues, en tentant de contester le pouvoir régulièrement élu par des manifestations de rues parfois violentes afin d'agir sur l'opinion publique. [...]
[...] On utilise généralement le terme de parlementarisme dans un sens restreint. Ainsi, dans cette acception, dès lors que l'on trouve un parlement dans les institutions d'un régime, on parle de parlementarisme. Même si au sens premier et restreint du terme, le parlementarisme c'est le gouvernement parlementaire, il ne faut pas réduire le parlementarisme à la seule institution parlementaire. Le parlementarisme n'existe pas simplement du fait qu'il existe un parlement. La définition institutionnelle est insuffisante pour définir le parlementarisme, il est donc nécessaire d'élargir la définition dans un sens plus politique. [...]
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