L’antiaméricanisme en France depuis 1945

Résumé du document

Cinquième puissance économique mondiale en 2008, la France se situe après l'Allemagne et l'Angleterre. Une telle hiérarchisation souligne une réalité française de dépendance économique vis-à-vis de ses deux voisins européens, mais aussi vis-à-vis des États-Unis, modèle autant que concurrent. Parler d'antiaméricanisme français revient donc systématiquement à cloisonner un propos autour de constats des dérives et recentrages de la pensée politique française.

Ces constats n'empêchent pas de dresser à dessein des parallèles entre l'histoire américaine, plus que tricentenaire, et l'histoire française, plus ancienne. Pour problématiser le propos d'un tel débat, il conviendrait de se demander sans ambages : et si la France pouvait se moderniser sans s'américaniser ?

Extraits

[...] L'antiaméricanisme en France depuis 1945 L'antiaméricanisme français depuis 1945 est probablement le sujet d'histoire politique le plus complet et complexe. Un point de vue pertinent soulevé par les classifications économiques actuelles relève d'emblée la position d'infériorité économique, a priori, de la France, considérée seule, face aux Etats-Unis. Cinquième puissance économique mondiale, la France est en effet ainsi intercalée entre l'Allemagne, qui la devance, dans ce classement, édité en 2008, et l'Angleterre, qui la précède. Une telle hiérarchisation souligne une réalité française de dépendance économique vis-à-vis de ses deux voisins européens, mais aussi vis-à-vis des Etats-Unis, modèle autant que concurrent. [...]

[...] Motivations françaises de l'antiaméricanisme A. Des motivations d'ordre psychologiques B . S'incarnant dans des figures tutélaires issues de contextes historiques Conclusion Bibliographie indicative L'opium des intellectuels, Raymond Aron. Histoire de la civilisation européenne, Claude Delmas. Un occident kidnappé, ou la tragédie de l'Europe centrale, Milan Kundera. De la démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville. I. Nature de l'antiaméricanisme En tant que tel, l'antiaméricanisme ne peut se résoudre qu'à être en premier lieu une pensée du fait politique mondial A. [...]

[...] A titre d'exemple, le matérialisme pourrait nous permettre d'éclairer les termes du débat. Notion aisément pensée comme artificielle ou tout au moins superficielle en France, elle est au contraire pensée comme fondatrice de l'autre côté de l'Atlantique. Autre exemple éclairant, l'Etat-nation, qui semble un concept difficilement dissoluble en France, au contraire du contexte américain. De la sorte, des stéréotypes ancrés dans l'imaginaire européen forment en quelque sorte des représentations biaisées et souvent caricaturales qui créent des clivages durables se déployant à mesure que l'aigle déploie ses ailes l'aigle étant bien entendu l'un des emblèmes des Etats-Unis. [...]

[...] Réciproquement, à plus de deux cents ans d'intervalle, José Bové pillant un restaurant McDonald à Millau, et Lafayette, figure historique de la Haute-Loire, paradant de marbre aujourd'hui dans les rues du Puy-en-Velay, devraient résonner dans la culture française comme deux images plus assonantes que dissonantes. Pourtant, ce n'est pas le cas. Bien que caricatural, ce propos parallèle, imaginaire, et anachronique, entre les sociétés américaines et françaises, nous permet de mieux cerner la nature de l'antiaméricanisme français. Il s'agit en effet non pas d'un système de pensée préétabli mais bien d'opinions imaginées et volatiles sur la position de la France vis-à-vis des Etats-Unis. [...]

[...] Dès lors, il convient de définir l'antiaméricanisme comme une pensée du fait politique mondial, qui plus est dans une période où le terme de mondialisation a toutes les faveurs idéologiques. B. Une pensée politique du non-européen En d'autres termes, s'il est nécessaire de remettre en contexte l'antiaméricanisme selon les périodes de l'histoire, on ne peut également s'empêcher de souligner la dimension narrative de cette pensée, en ce sens qu'elle tend à différencier deux continents. Désignés comme fille de l'Europe émancipés par la tutelle historique de la Grande-Bretagne, les Etats-Unis sont aujourd'hui devenus une nation qui produit d'elle-même sa propre culture. [...]