En fait, pour pouvoir répondre clairement à cette question, nous avons fait le choix de nous tenir à une définition précise de l'idéologie : celle de Jean-Pierre Faye (qui était aussi celle que Marion tu avais utilisée dans ton exposé de Lecture du Temps présent sur la fin des idéologies). Je vous la re-cite : une idéologie est “une formation discursive polémique grâce à laquelle une passion cherche à réaliser une valeur par l'exercice du pouvoir dans une société”. Selon Jean-Pierre Faye (Le siècle des idéologies, Paris, Armand Colin, 1996), une idéologie est toujours liée à l'action politique et elle cherche à être imposée par la prise de pouvoir. L'idéologie est toujours politiquement orientée.
A partir de cette définition, on va donc se demander si l'antiaméricanisme est une idéologie. Cela fera l'objet de la première partie. Ensuite, en suivant les thèses principales des deux auteurs de référence -mais aussi d'autres-, on s'intéressera aux manifestations de l'antiaméricanisme...
[...] A la question l'antiaméricanisme est-il une idéologie, il répond dans l'introduction par la négative. P. Roger utilise la définition de idéologie de Jean-Pierre Faye montre que si l'antiaméricanisme francais est bien un discours polémique, ce en quoi il répond à la première partie de la définition, il ne cherche pas à être imposé à travers le pouvoir. En fait, le lien entre antiaméricanisme et idéologie est complexe. Contrairement à l'idéologie, l'antiaméricanisme n'est pas lié a un groupe politique précis, et même, il fait consensus. [...]
[...] A travers cet exemple, on voit bien que l'antiaméricanisme est une passion sur laquelle les différents courants français se rassemblent, sont à l'unisson pour cela qu'on ne peut pas appeler, selon P. Roger, l'antiaméricanisme français une idéologie, au sens de la définition de JP Faye : Pour P. Roger, il s'agit en fait d'un discours, ou plutôt d'une série de discours dont l'accumulation créé un bloc sémiotique historiquement stratifié et qui finissent par former une tradition. Cela dit, il est maintenant intéressant de se demander ce que revêt ce discours : quelles sont ses différentes facettes ? [...]
[...] La force de l'antiaméricanisme français. La France est peut-être le seul pays occidental à critiquer politique américaine et modèle américain avec tant de vigueur. Philippe Roger montre que l'antiaméricanisme hexagonal qui s'est historiquement constitué au cours des 3 siècles précédents est multi-facettes : il comporte toutes les variantes d'ordre philosophique, politique et psychologique. Il s'est d'abord surtout manifesté suivant la conjoncture, au moment de crises où l'on a dénoncé la politique américaine exemple pendant la guerre de Sécession ou la guerre américano-espagnole de 1898-, mais très vite il s'est émancipé de la conjoncture afin de devenir un discours permanent de critique de l'Amérique. [...]
[...] Les accusations anti-antiaméricaines de J.F. Revel dépassent de loin le domaine de la politique extérieure des Etats-Unis. Selon lui, l'opposition européenne et surtout française porte sur la société américaine et ses valeurs. Ces critiques s'expriment chez les dirigeants, les intellectuels comme dans les médias ou l'opinion. Une des “obsessions” antiaméricaines concerne la place de l'argent au sein de la société, ce “diable exclusivement américain”. Le premier exemple cité concerne les médias. Ceux-ci accompliraient des prouesses de propagande- et pas d'information- grâce au pouvoir de l'argent (exemple de la couverture de l'intervention des Etats-Unis en Afghanistan). [...]
[...] La presse européenne n'est pas non plus épargnée. Elle influencerait l'opinion publique qui n'a ainsi d'autre choix que de diaboliser à l'extrême les Etats-Unis. De plus, les médias dispersent la théorie de la culpabilité américaine à la moindre occasion, et cette logique marxiste rudimentaire est reprise par les antimondialistes. JF. Revel présente ce discours gauchiste comme le fruit d'un besoin de croire, une “déchéance intellectuelle” qui atteint même les plus grands (Picasso lui aussi était victime de cette “arnaque idéologique”). [...]
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