« Il vaut mieux avoir honte d'un éclat que d'un silence, d'une violence que d'une abstention. » d'après Robert Escarpit dans l'extrait de la Lettre ouverte au diable. L'abstention et le silence sont plus pernicieux, car ils s'accumulent et ne permettent pas d'évacuer les tensions politiques. Dans une société moderne comme la nôtre où la démocratie est presque incontestable et unanimement acceptée, nous notons néanmoins une augmentation de l'abstention, signe d'un mécontentement et d'une protestation contre le politique et la politique en général. « L'abstention consiste à ne pas participer à une élection ou à des opérations de référendum. » d'après le site du gouvernement vie publique. Cette abstention ne doit pas être confondue avec le vote blanc qui consiste pour un électeur à déposer dans l'urne un bulletin dépourvu de tout nom de candidat et le vote nul qui correspond à des bulletins déchirés ou annotés.
Aujourd'hui, l'abstention est devenue une sorte de « baromètre » de l'état des citoyens vis-à-vis de la représentation politique et de l'état de la démocratie. Nous constatons que dans la majorité des démocraties anciennes occidentales, il y a une montée signifiante du nombre d'abstentionnistes : en France entre les années 1970 et 2000 l'abstention progresse de +12,6 points pour la présidentielle, et de +16,9 points pour les législatives d'après Anne Muxel dans l'article L'abstention. Cette chute de participation est néanmoins généralisée à toute l'Europe qui a enregistré une perte de votes de 14 points en moyenne. Sachant que le vote est l'exercice de la souveraineté nationale qui est la base de la démocratie participative, doit-on considérer cette abstention comme une remise en cause de la démocratie ou comme une nouvelle force politique ?
[...] Cette nouvelle forme d'expression s'inscrit dans un mouvement vers une démocratisation sociale. A. Intermittents : électeurs qui expriment leur mécontentement Comme dit au préalable, les électeurs dans le jeu participent activement à la démocratie en manifestant leur mécontentement. Cette abstention est donc un baromètre du climat politique d'un pays même s'il est vrai que les élections dites compétitives incitent plus à la participation que celles dites d'apaisement par A. Sigfried. B. Nouvelles démocraties : Pour Pierre Rosanvallon, nous sommes passés d'une démocratie politique polarisée à des formes de démocratie civile plus disséminées La naissance de démocratie d'expression d'implication ou encore d'intervention justifie cette abstention croissante. [...]
[...] Ces quelques explications nous éclairent sur la raison de l'abstention constante à un seuil minimal. Néanmoins, nous constatons qu'avec l'amélioration de l'éducation, l'effort d'intégration sociale et la facilitation de l'inscription aux listes électorales, le taux de non- participation continue d'augmenter rapidement et remet en cause le fonctionnement de la démocratie participative. II. L'augmentation d'abstention : un déficit démocratique L'augmentation de l'abstention est due non pas à un nombre croissant d'électeurs hors-jeu mais du nombre d'électeurs dans le jeu Cette non-participation est donc une preuve de l'insatisfaction des électeurs. [...]
[...] Par exemple, aux élections de 2007, certains socialistes n'ont pas voté pour manifester leur insatisfaction vis-à-vis de la candidate proposée. Dans Crise de l'autorité, Hannah Arendt justifie que les politiques soient des menteurs : la bonne foi n'a jamais été comptée au nombre des vertus politiques parce qu'elle a peu à contribuer à ce changement du monde et des circonstances qui appartiennent aux activités politiques les plus légitimes. Cette crise de la représentation se traduit par une abstention croissante qui remet en cause les délégués de la démocratie et donc son fonctionnement. [...]
[...] C'est une abstention involontaire. B. La conception sociologique : L'abstention est traditionnellement interprétée comme due au manque d'insertion sociale couplée à un manque d'intégration politique. Il y aurait donc une corrélation entre la participation électorale et les variables sociodémographiques telles que l'âge, le sexe, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau d'éducation, la stabilité professionnelle, l'habitat rural ou urbain, le statut personnel Ainsi, plusieurs catégories sont plus sensibles à la non-participation à cause de leurs caractéristiques individuelles (d'après l'article abstention dans le Dictionnaire du vote): - Les femmes jusqu'à récemment - Les plus jeunes et les plus âgés - Les milieux plus populaires (plus que les hommes, les adultes et les cadres supérieurs) : ces électeurs sont considérés comme hors-jeu car ils n'adhèrent pas à l'action collective, refusent le système social et politique tandis que les électeurs dans le jeu (ceux qui s'intéressent à la politique) s'abstiennent pour contester l'offre électorale insatisfaisante. [...]
[...] Comment analyser l'abstention des électeurs ? Il vaut mieux avoir honte d'un éclat que d'un silence, d'une violence que d'une abstention. d'après Robert Escarpit dans l'extrait de la Lettre ouverte au diable. L'abstention et le silence sont plus pernicieux, car ils s'accumulent et ne permettent pas d'évacuer les tensions politiques. Dans une société moderne comme la nôtre où la démocratie est presque incontestable et unanimement acceptée, nous notons néanmoins une augmentation de l'abstention, signe d'un mécontentement et d'une protestation contre le politique et la politique en général. [...]
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