Les années 90 ont constitué un tournant dans la vie politique italienne, caractérisée depuis la Libération, par un régime de partis dominé par la Démocratie Chrétienne et ignorant l'alternance. La fin de la guerre froide, les profondes transformations de la société, la lassitude de l'électorat face à l'instabilité gouvernementale, l'explosion des affaires de corruption ont bouleversé le système politique : d'où l'apparition de nouveaux partis (ligue du nord, Forza Italia de Berlusconi), la poussée d'une extrême droite ayant modéré son image, l'éclatement de la Démocratie Chrétienne, la quasi disparition du parti socialiste et des petits partis laïcs, et la recomposition de la gauche autour d'une nouvelle organisation de centre gauche. C'est dans ce contexte politique difficile qu'apparaît le plus grand scandale de corruption de l'histoire italienne. Le travail des juges va permettre de faire ressortir un vaste réseau de corruption impliquant aussi bien le milieu des affaires et de la mafia que celui des politiques. Derrière ce constat, se cache en réalité un enjeu de fond, celui du rapport entre justice et politique. Finalement, que nous apprend le travail des juges sur l'état actuel de la démocratie italienne ? Pour préciser nos propos : en quoi le rôle des juges dans la crise italienne des années 90, est-il significatif de la difficile séparation des pouvoirs politiques et judiciaires ? Voir le scandale de corruption comme une crise multiforme (I), nous permettra de comprendre le rôle et l'impact des juges durant les enquêtes (II). Enfin, nous analyserons les répercutions politiques et judiciaires de l'affaire « Mains Propres » (III).
[...] Les bouleversements du paysage politique ouvrent un vide que Berlusconi tente de combler. En effet, la fin de la DC et du PS laisse un large électorat en suspend. Berlusconi l'a très bien compris et va tenter de le récupérer. En janvier 1994, il annonce son entrée dans l'arène politique. Le 6 février, il crée Forza Italia. Les élections du 27 mars 1994 donnent la victoire à une coalition emmenée par Berlusconi avec 46,4% des voix. Quelques semaines seulement après son entrée en politique, Berlusconi est chargé de former un gouvernement. [...]
[...] Ni le Risorgimento, ni la Résistance n'ont réussi à combler une telle carence, mais surtout aucun grand dirigeant ne s'est jamais sérieusement soucier de proposer autre chose aux italiens. Mais les véritables raisons de la crise italienne des années 90 reposent sur de nombreux dysfonctionnements inhérents aux systèmes de pouvoir anciennement stabilisé: la fin des idéologies, l'épuisement de la partitocratie et les profondes transformations de la société. L'explosion de la question morale révèle en outre l'ampleur de la corruption et aboutit à délégitimer grandement les élites traditionnelles. S'impose ainsi l'idée d'une nécessaire transformation. Selon Piero Ignazi, politologue italien, plusieurs facteurs ont joué. [...]
[...] Au cours de l'année suivante, les dénonciations ne cessent pas. Tous les majeurs partis politiques sont impliqués dans des affaires de pots-de-vin, notamment lors du procès Cusani en décembre 1993 ; -Parti Républicain : le secrétaire général G. La Malfa reconnaît avoir perçu 300M de lires -PS : le secrétaire général aurait accepté 500M de lire Libéral : 200M de lires -DC : 35 Md de lires Fin 1993, on dénombre plus de 1000 arrestations incarcérations et 11 suicides. Une stratégie de la prescription semble s'être développée à la fin de la décennie, ce qui rend les poursuites de plus en plus incertaines et improbables. [...]
[...] Finalement, que nous apprend le travail des juges sur l'état actuel de la démocratie italienne ? Pour préciser nos propos : en quoi le rôle des juges dans la crise italienne des années 90, est-il significatif de la difficile séparation des pouvoirs politiques et judiciaires ? Voir le scandale de corruption comme une crise multiforme nous permettra de comprendre le rôle et l'impact des juges durant les enquêtes (II). Enfin, nous analyserons les répercutions politiques et judiciaires de l'affaire Mains Propres (III). [...]
[...] Foro, L'Italie de Mussolini à Berlusconi, Milan B. Bongiovanni, L'Italie aujourd'hui, Harmattan C. Guimbard, 0ù va l'Italie, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne F. Maiello, Révolution à l'italienne, l'Aube H. Portelli, L'Italie de Berlusconi, Buchet Chastel, DL M. Lazar, L'Italie à la dérive, Perrin M. [...]
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