Dans la politique française depuis 1945, l'immigration même clandestine n'a pas toujours été traitée comme un « problème » : traitée dans les années 50 et 60 sous un angle uniquement économique, l'immigration était réduite à une "force de travail temporaire d'hommes seuls". Comme le démontre à cette époque le sociologue français Abdelmaiek Sayad (Les trois âges de l'émigration algérienne, 1977) : « l'expérience d'étranger au départ, c'est la pression conjuguée de l'exploitation industrielle et du statut d'étranger ». Les évolutions économiques, politiques et sociales font passer peu à peu ce qui n'était cantonné qu'à la problématique sociale ou juridique à un problème national et un enjeu politique majeur en France. En cela aujourd'hui, l'usage des expressions « sans-papiers, clandestins, droit d'asile, etc. » fait sens dans le débat public autour des thématiques de l'insécurité. L'immigration clandestine renvoie en France aux épisodes des grèves de la faim des années 70 et 80, ou plus près de nous aux sans-papiers de l'église Saint-Bernard.
Concrètement, près d'un million de clandestins chaque année fuient leur pays pour rejoindre clandestinement l'Europe ou les Etats-Unis. Avant d'atteindre leur eldorado, ils doivent affronter les périls du voyage, dont l'issue est souvent tragique : qu'ils soient enfermés dans un camion frigorifique, dans un conteneur, entassés sur une embarcation de fortune ou cachés dans le train d'atterrissage d'un avion, les risques qu'ils prennent sont énormes et fréquemment mortels. Pour la plupart, ils fuient l'insécurité d'un pays en guerre ou une situation économique catastrophique.
[...] C'est souvent là qu'elles entrent ou reviennent dans la clandestinité Une "conception française" de l'immigration clandestine A. Un traitement différencié de l'immigration et de l'asile L'absence d'une réelle volonté politique de politique de l'immigration. Selon Lucie : en France, on se distingue véritablement des autres pays dans notre approche différenciée entre les notions d'immigration et de politique de l'asile, ce qu'à titre personnel je considère comme le même ensemble. Elle ajoute : En réalité, on s'aperçoit qu'il n'y a pas de réelle politique française de l'immigration, c'est très peu transparent. [...]
[...] Sandee, jeune ingénieur indien en formation, est venu poursuivre ses études en France. Il est à présent embauché dans une grande société cosmétique. Les premiers pas sur le sol français n'ont en revanche pas été faciles, et il a perçu plusieurs incohérences dans le dispositif politique, administratif et juridique relatif à l'accueil des étrangers en France. Il a également côtoyé de jeunes clandestins, ce qui l'a éclairé sur une certaine hypocrisie dans le traitement de la clandestinité. Lucie œuvre depuis quelques années dans le domaine de la politique de l'asile au sein du Ministère des Affaires étrangères. [...]
[...] Comment quantifier l'immigration irrégulière ? L'usage polémique des chiffres de l'immigration clandestine Dès qu'un gouvernement à gauche veut donner un chiffre, l'opposition double le chiffre et le FN quadruple le chiffre. En 1988, au Conseil Régional d'Ile de France, le Front National refuse le vote du budget sans qu'il n'y ait au préalable une étude sur le nombre d'étrangers en irrégularité en Ile de France. Une mise en œuvre aléatoire : coûts et effets pervers Cela requiert des moyens de dénombrement encore plus difficiles que le chiffrage d'une population stable par l'INSEE. [...]
[...] Comment définir l'immigration clandestine ? Des fluctuations juridiques et sociales de l'irrégularité Les sans-papiers recouvrent des cas très différents, de fortes variations de situations juridiques et sociales : la durée de leur irrégularité implique une vie clandestine différente, de quelques mois à plusieurs années. Il y a une difficile délimitation entre l'asile et l'immigration pour les immigrés économiques et les immigrés politiques Pour les militants d'extrême gauche turque ou kurde par exemple, s'ils ont le statut de réfugié ils ne peuvent rentrer au pays, s'ils ont le statut de travailleur immigré ils le peuvent. [...]
[...] La délivrance des visas s'effectue sans instructions claires, sans fixation de volume annuel d'immigration légale. Pourtant c'est une question cruciale, car elle engendre des phénomènes aussi graves que le travail au noir ou la prostitution. L'asile est perçu comme un outil de maintien légal sur le territoire pour ne pas être expulsable. De fait, l'asile traite pleinement de la question de l'immigration clandestine : il propose une démarche administrative de régularisation. Une politique centrée sur l'asile Depuis la circulaire Chevènement de 1998, un autre type de dispositif, l'asile territorial a été renforcé (cette loi tire son origine du contexte de l'époque de persécution de populations algériennes par le Groupe Islamique Armé). [...]
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