«La vertu de justice appartient au domaine politique ; car c'est la notion de juste qui introduit un ordre dans la communauté politique, et le pouvoir judiciaire marque la frontière entre le juste et l'injuste» ; voici les mots sortis de la pensée d'Aristote (philosophe grec de ‐384 à ‐322) dès l'Antiquité.
Cette idée développée par l'auteur cristallise l'étroite cloison entre ce qui ressort du politique et entre ce qui est relatif à la justice.
Le film de Sydney Lumet, 12 hommes en colère (12 angry men en anglais) de 1957, est dans la lignée de la citation observée ci-dessus. En effet, il s'agît ici d'un long métrage mêlant idéologies politiques et justice américaine. Bien que de jure, la Constitution des États-Unis prévoit une stricte séparation des pouvoirs entre ceux à caractère politique tels que l'exécutif et le législatif, et celui ou il est question de droit, le judiciaire, le film nous montre, de facto, à quel point l'exercice du jugement contient une dimension politique.
Alors il y aurait les faits, et leur interprétation, cette dernière influencée même par des facteurs politiques, comme l'idéologie, l'engagement ou les convictions de tout à chacun.
Ainsi, l'une des notions importante du film 12 hommes en colère est qu'un jugement n'est jamais neutre. Il s'appuie sur les faits théoriques trouvant dans le droit (donc dans la loi) une peine, mais aussi sur des facteurs politiques, car comme nous le rappelle Aristote : «L'Homme est un animal politique».
[...] Le débat du film symbolise la vie politique de manière générale. En effet, dans le film, les partisans des deux camps se défient sur la base d'arguments, chacun interprétant les faits différemment. Par ailleurs, le vote est toujours présent dans le film. C'est significatif d'une pratique politique même au sein d'un tribunal. Autrement dit, les personnages sont politisés, et dans la partie centrale du film, cette notion politique s'expose. Un élément subsidiaire qui vient renforcer la façon dont est traitée la problématique se trouve dans la persuasion dont fait preuve le jury numéro joué par Henry Fonda. [...]
[...] American Film Institute, AFI's 10 top angry men (2008) En ligne : http://www.afi.com/10TOP10/moviedetail.aspx?id=53690&thumb=2 (Page consultée le 4 mars 2010) The New York Times, Screen: '12 Angry Men'; Jury Room Drama Has Debut at Capitol (2010) En ligne : http://movies.nytimes.com/movie/review?res=9F02E3DE1730E23BBC4D52DFB266838C649E DE (Page consulté le 4 mars 2010) Dans la rhétorique que nous développons, faire une étude du film stricto sensu constitue le socle à toutes interprétations concernant l'impact du film. En effet, afin de déterminer la ou les problématique(s) du film, à savoir quelles questions le film soulève, et la façon dont elle(s) est ou sont traité(s), il semblerait qu'il faille ne se préoccuper que du film, et de tout ce qu'il comporte. Le film de Sydney Lumet soulève certaines questions fondamentales relatives à la fois à la justice américaine, mais aussi à la politique américaine. Il apparait comme clair que le jury est au centre de l'œuvre. [...]
[...] L'autre piste serait de penser la limite du doute valable. Dans quelle mesure parler de présomption d'innocence? En somme quelle est la limite à la réfutation des preuves? Jean-‐Claude Carrière dans la controverse de Valladolid5, met en lumière un débat ayant lieu entre Sépulvélda, un philosophe et Bartholomé de Las Casas, un dominicain. L'histoire a lieu au XVIe siècle et les deux hommes s'affrontent sur la base d'arguments afin de déterminer si les indiens du nouveau monde sont des sauvages ou des humains. [...]
[...] Bien que les acteurs aient été récompensés pour leur jeu, appliquons nous à poursuivre notre analyse du film. Reconnu par l'American Film Institute comme faisant parti des 100 meilleurs films de tout les temps, il a été sélectionné aussi au registre national des films de la bibliothèque du Congrès Américain depuis 20073. En outre, un journaliste du New York Times, A. H. Weiler écrivait au sujet du film dès 1957 : «their dramas are powerful and provocative enough to keep a viewer spellbound.»4. [...]
[...] Bien que cette dernière n'est jamais donnée explicitement lors de l'histoire, le jury peut être satisfait de sa décision, car celui-‐ci est allé au plus profond du sujet et détient des arguments solides pour la supporter. Le système de justice fonctionne à partir du doute raisonnable d'un seul membre du jury qui réussit peu à peu à le transmettre à chacun des autres membres. L'institution judiciaire américaine est en mesure de fonctionner parfaitement du moment où quelqu'un décide de laisser tomber les préjugés et devient de plus en plus objectif dans sa manière de réfléchir. L'auteur arrive parfaitement à transmettre ce message tout au long du film. [...]
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