En 1941, l'entrée des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale aux côtés des démocraties européennes et de l'URSS marque le retour du pays sur la scène mondiale et constitue le point de départ d'un renouveau de l'unité occidentale après plusieurs décennies d'isolationnisme. A l'issue de la guerre, la rupture entre les Occidentaux et l'URSS fait basculer le Monde dans une configuration bipolaire qui renforce l'unité et l'homogénéité d'un camp occidental soudé contre un ennemi commun, et mené par les Etats-Unis qui font figure de grande démocratie triomphante.
Mais à partir des années 1960, émerge aux Etats-Unis un courant de pensée inédit en réaction au relativisme culturel et moral de la Nouvelle Gauche. Loin d'être une organisation structurée, ce mouvement est un rassemblement aux contours flous d'anciens intellectuels de gauche, des démocrates mais aussi des trotskistes et des intellectuels juifs marqués par la Guerre des Six jours, qui réprouvent la dérive de la gauche américaine vers une forme de décadence. Profondément marqués par la Seconde Guerre Mondiale et par la Guerre Froide, les néo-conservateurs sont doublement influencés : d'une part l'anti-fascisme provoqué par le traumatisme de la Shoah, d'autre part par l'anticommunisme.
Il s'agira donc dans cet exposé de déterminer dans quelle mesure les idées néo-conservatrices ont eu une influence sur la division progressive d'un camp occidental à l'apogée de son unité le 4 avril 1949, au moment de la signature du Pacte Atlantique. Il s'agira également de voir en quoi la droite néo-conservatrice américaine se distingue de la droite traditionnelle, et quelle part de la division du bloc occidental revient vraiment aux néo-conservateurs.
[...] Pour les néo- conservateurs, les Etats-Unis doivent assumer leur statut de première puissance démocratique au Monde et prendre leurs responsabilités, face à leurs alliés européens corrompus par l'indécision, en menant des actions unilatérales si nécessaire La division de l'Occident au lendemain du 11 septembre 2001 Les néo-conservateurs sont le groupe qui a eu le plus d'influence sur l'administration de George W. Bush. Eloignés du pouvoir depuis la fin du second mandat de Ronald Regan, l'élection de George W. Bush en 2000 marque donc l'arrivée d'une nouvelle génération de néo-conservateurs aux affaires. Pourtant les choses auraient pu être différentes. George W. [...]
[...] Cette conception culmine dans la question du Proche-Orient, et en particulier au moment de la guerre en Irak. III - L'union à l'épreuve de la guerre 1. Les néo-conservateurs et la guerre L'importance accordée aux relations internationales par les néo- conservateurs est démesurée. C'est particulièrement vrai pour la troisième génération qui se désintéresse entièrement les questions de politique intérieure. Mais leur manière de traiter, loin de la recherche du consensus indispensable au maintien de toute union, valorise énormément le recours à la force armée. [...]
[...] En outre, s'il n'est pas homogène, le néo-conservatisme n'est pas non plus un mouvement stable dans le temps. On distingue environ trois âges du néo-conservatisme : - dans les années 1960, les néo-conservateurs sont alors des hommes de gauche profondément opposés à l'URSS qui soutiennent la politique extérieure de containement menée par Truman, ils sont progressistes sur la politique intérieure, défendent les droits civiques des Noirs, les syndicats, et ne sont pas hostiles à une dose d'Etat-providence. - À partir des années 1970, ils s'opposent à la tendance gauchisante du parti démocrate qu'ils souhaiteraient ramener davantage au centre ; ils refusent la politique de Détente prônée par Nixon dans le contexte de la Guerre du Vietnam, et finissent par se rapprocher de Ronald Reagan, lassés par un parti démocrate qui s'éloigne de leurs idéaux, et lui fournissent sa politique extérieure ; son élection constitue le premier accès de leurs idées au pouvoir politique suprême. [...]
[...] Néanmoins, l'Amérique n'est en rien réductible aux néo-conservateurs. Ainsi dès 2004, le néo-conservatisme semble déjà appartenir au passé puisque The Economist titre Adieu, néo-conservatisme Ce déclin s'accentue en 2006 avec la victoire des démocrates aux élections de mi- mandat. En effet, l'échec total de la Guerre en Irak semble avoir décrédibilisé un mouvement néo-conservateur qui devra profondément changer s'il veut à nouveau convaincre. En outre l'influence réelle du mouvement peut-être relativisée ; en tout et pour tout, les néo-conservateurs n'ont détenu le pouvoir aux Etats- Unis qu'une quinzaine d'années, ce qui est finalement relativement faible à côté de mouvements différents. [...]
[...] La vision totalement bipolarisée du Monde des néo-conservateurs ne laisse donc place à aucune ambiguïté : l'Europe doit faire partie d'un camp occidental uni et homogène, rassemblé par les valeurs communes de la démocratie et du libéralisme. Cependant le peu d'estime qu'ils ont pour les Européens, ajoutée à la foi qu'ils ont en la supériorité de leur pays, mène les néo-conservateurs à n'envisager une telle unité que sous la domination des Etats-Unis. Pour eux l'Europe doit s'effacer au profit d'une communauté atlantique sous leur direction. [...]
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