L'affaire Dreyfus, du nom d'un officier juif accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne, est la crise majeure de la IIIe République. C'est l'histoire d'une erreur judiciaire qui obligea la République à redéfinir ses valeurs contre des ennemis nouveaux.
Elle intervient dans le contexte de la course à la modernisation des armements entre la France et l'Allemagne. C'est donc dans ces circonstances troublées que les services secrets français interceptent en septembre 1894 un bordereau contenant des informations militaires, adressé par un officier français aux Allemands. Les soupçons se portent aussitôt sur le capitaine Alfred Dreyfus, âgé de 35 ans, premier officier juif de l'état major. L'enquête est bâclée, et Dreyfus est arrêté le 15 octobre 1894. La même année, le procès devant le Conseil de Guerre fait l'unanimité : la quasi-totalité de la presse et de l'opinion publique est persuadée à l'époque de la culpabilité de Dreyfus.
L'affaire judiciaire devient alors une affaire politique. Dreyfusards et antidreyfusards s'affrontent, tandis que les intellectuels apparaissent dans le combat politique.
La plus célèbre de ces interventions d'intellectuels a lieu le 13 janvier 1898, lorsque Emile Zola relance l'affaire Dreyfus en publiant dans l'Aurore une lettre à M. Félix Faure, Président de la République : « J'accuse… ! ».
Même si Jean Jaurès hésite avant de devenir un dreyfusard convaincu et militant, il publiera l'ouvrage Les Preuves en octobre 1898 afin de défendre Alfred Dreyfus
L'affaire a de plus une dimension particulière. Si la poussée antisémite et nationaliste ne menace guère les institutions et l'ordre, l'Affaire a en revanche une dimension morale qui met à l'épreuve les valeurs mêmes de la République.
Nous établirons dans une première partie, l'historique de l'affaire Dreyfus où l'identité de la République a été mise à l'épreuve et nous examinerons dans une seconde partie, la contestation par « les intellectuels » d'une décision de justice au nom de valeurs traditionnelles.
En effet, nous analyserons le « J'accuse » de Zola qui montre son engagement politique au nom des droits fondamentaux de la personne. De même, pour Jaurès l'accablement de malheurs et d'injustice dont Dreyfus est victime efface les différences de classe.
[...] En effet, l'affaire Dreyfus a marqué une rupture. Une grande partie des républicains ont défendu le capitaine Dreyfus, contre l'injustice, contre l'armée, contre l'antisémitisme au nom de la justice, de la vérité et des droits de l'homme. On ne peut condamner un innocent sans condamner la part d'humanité qu'il incarne. Les dreyfusards ne furent d'accord entre eux ni sur les méthodes ni sur toutes les idées à défendre, mais ils apportent de nouveaux idéaux républicains à la société : les droits de l'homme, l'État de droit qui préfère la justice à l'autorité, la méfiance vis-à-vis de l'armée. [...]
[...] L'affaire Dreyfus : histoire de la remise en cause d'une décision de justice au nom des valeurs républicaines L'affaire Dreyfus, du nom d'un officier juif accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne, est la crise majeure de la IIIe République. C'est l'histoire d'une erreur judiciaire qui obligea la République à redéfinir ses valeurs contre des ennemis nouveaux. Elle intervient dans le contexte de la course à la modernisation des armements entre la France et l'Allemagne. C'est donc dans ces circonstances troublées que les services secrets français interceptent en septembre 1894 un bordereau contenant des informations militaires, adressé par un officier français aux Allemands. [...]
[...] Il veut par son talent d'écrivain combattre l'injustice dont a été victime Dreyfus. Dans sa lettre, Zola y résume ses principales accusations. Celles-ci sont facilement repérables par la répétition de J'accuse qui permet d'en dénombrer sept. L'extrait est divisé en paragraphe où chacun correspond à une cible différente. Ainsi, l'écrivain reproche par exemple aux graphologues (lignes 22 à 24) d'avoir truqué leurs expertises. De plus, par ses dernières phrases, il laisse transparaître les valeurs au nom desquelles il ose remettre en cause une décision de justice. [...]
[...] Il affirme le droit de s'élever contre la décision de justice lorsqu'elle apparaît injuste, l'âme est le seul juge Ces valeurs (raison, progrès, liberté de conscience) sont le fonds commun de la civilisation française et européenne. Elles sont communes à l'auteur et à ses lecteurs. C'est donc une habileté de la part de Zola de les mettre en avant pour assurer l'adhésion de son lecteur. L'omniprésence de la première personne dans le texte, comme la répétition de la formule j'accuse confirme l'idée d'engagement personnel de Zola. [...]
[...] C'est l'entrée de ceux que Clemenceau appelle les intellectuels dans un éditorial de l'Aurore du 23 janvier 1898, les hommes de pensée, journalistes, professeurs, savants, écrivains, artistes, sur la scène politique. La presse joue à plein son rôle de quatrième pouvoir, qui fait et défait l'opinion publique : du côté dreyfusard, l'Aurore de Clemenceau multiplie les articles réclamant la révision du procès, de même que La petite République de Jaurès. Ce n'est qu'en septembre 1898, au vu des irrégularités du procès de 1894, que le colonel Picquart, emprisonné pour divulgation de documents qui innocentaient Dreyfus et mettaient en cause Esterhazy, est libéré et que Zola rentre d'exil. [...]
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