Avant de pouvoir comprendre tout ce qui fait de l'Etat une force de contrôle, il faut nécessairement comprendre comment et par quels outils l'Etat va s'attacher à mesurer et à lire son espace et ses populations. La mise en place par l'Etat de ces instruments de mesure et de lecture ne peut se faire que par l'adoption d'une certaine vision par l'Etat de son territoire ou de sa population, processus que James Scott appelle simplification ou réduction du champ de vision. Cette appréhension de la société et de son espace par l'Etat est développée tout au long du texte de Scott à travers des exemples sur lesquels on va revenir au fil de l'exposé et par les parallèles que l'auteur dresse entre les différents champs d'action de l'Etat.
On va donc d'abord s'intéresser au processus de mesure de standardisation et d'aménagement en ce qui concerne l'espace, donc plus précisément le territoire et la nature.
[...] Les taxes indirectes étaient le moyen privilégié pour l'Etat de prélever des taxes, sur le tabac, les licences, etc. et les privilèges de la noblesse et du clergé faisaient qu'une grande partie des propriétés n'était pas taxée. La gestion des taxations était hasardeuse, variable et non systématique. L'Etat devait alors mesurer et évaluer les capacités de paiement de chaque ville ainsi que rationaliser et systématiser son système de taxation, tout comme la standardisation et la catégorisation étaient nécessaire dans le cas des forêts pour les rendre plus rentables. [...]
[...] Ces principes sont ceux de la lisibilité, de la standardisation, de l'uniformisation et de la facilité de manipulation. Mais ces instruments de mesure et de lecture ne s'arrêtent pas aux espaces sous contrôle de l'Etat, aux propriétés ou aux forêts. Les populations sont également concernées par ce processus de mesure et de lecture par l'Etat, c'est pourquoi on va voir maintenant la simplification, la lisibilité et l'uniformisation de la population. Comme on l'a vu, la gestion de l'Etat de son espace passe par une modification de sa vision de cet espace. [...]
[...] Ensuite, le processus de mesure et d'évaluation se retrouve dans le cas de la gestion des terres et de l'aménagement des villes. Lorsque l'Etat n'était pas encore totalement investi dans la rentabilité des propriétés, le plan cadastral des terres (c'est-à-dire le plan des propriétés) était illisible. Lorsqu'il a commencé à utiliser des instruments de mesure et de lecture des propriétés, l'Etat a cherché à améliorer la lisibilité des plans cadastraux en établissant une sorte de code rural uniformisé et un systématisant sa mesure des propriétés. [...]
[...] Scott est porté à voir l'Etat comme l'agresseur et appose systématique une intentionnalité (péjorative dans son cas) à l'Etat dans tous ses actes, depuis l'aménagement des forêts à l'uniformisation des noms de famille. Cette vision anti-étatiste souffre d'un déficit de démonstration. Si l'on reprend les termes de Weber par exemple, l'Etat possède le monopole de la violence légitime. Et c'est bien cette légitimité que refuse Scott, on a donc un problème de définition. Aussi en dissociant Etat de société civile, il dépeint l'Etat comme un agresseur de la société civile, un élément extérieur à cette société. [...]
[...] Seeing like a state: how certain schemes to improve the Human Condition have failed James C. Scott Avant de pouvoir comprendre tout ce qui fait de l'Etat une force de contrôle, il faut nécessairement comprendre comment et par quels outils l'Etat va s'attacher à mesurer et à lire son espace et ses populations. La mise en place par l'Etat de ces instruments de mesure et de lecture ne peut se faire que par l'adoption d'une certaine vision par l'Etat de son territoire ou de sa population, processus que James Scott appelle simplification ou réduction du champ de vision. [...]
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