L'Etat moderne s'est bâti sur le principe hobbsien qui voulait qu'il possède le monopole de la violence légitime. Cependant, ce monopole est remis en cause par l'action directe, qui peut être définie comme une violation consciente et assumée de la loi d'un pays par un collectif d'individu, en vue de la défense d'une cause déterminée. Elle se distingue donc du vandalisme en ce qu'elle cherche à médiatiser un discours précis. L'exemple le plus médiatisé est l'arrachage, depuis 2001, de plants de maïs transgénique, à l'initiative de la Confédération Paysanne. Il s'agit donc de savoir si elle consiste un déni de l'institution étatique.
[...] Si la légitimité de l'Etat est remise en cause par l'action directe, c'est justement parce qu'elle est dépassée par d'autres sources de régulation. D'une part, ce sont des institutions internationales (OMC, FMI) qui sont visées. Ces institutions créent un échelon supplémentaire de représentation politique considéré comme non démocratique. Les chaînes humaines constituées pour empêcher les diplomates d'accéder au site du G8 à Lausanne, en 2003, sont un acte de violence symbolique contre les décisions prises par une organisation illégitime ("Ils sont huit, nous sommes des millions"). [...]
[...] Au vu des adversaires déclarés des activistes, peut-on dire qu'ils remettent en cause la souveraineté nationale ? Peut-on considérer les actions directes comme une revendication de souveraineté populaire, tout comme la Boston Tea Party de 1773, durant laquelle les colons américains ont jeté le thé taxé par la couronne anglaise, était une revendication de souveraineté nationale ? La diversité des revendications ne nous permet pas d'envisager une réponse univoque. Tandis que la branche dure des activistes remet profondément en cause la démocratie représentative, la branche plus consensuelle a bien pour but de mettre un problème à l'agenda politique national. [...]
[...] Mais ce constat omet de prendre en compte que l'action directe est avant tout un message qui questionne le lieu d'élaboration de la règle. La loi est l'affirmation de la souveraineté d'un Etat contre une domination extérieure. Dès le XIII siècle, Bartole affirme que les cités italiennes doivent pouvoir exercer leur imperium en se détournant de l'empereur. Selon le principe du Sibi Princeps (empereur en lui-même), c'est bien l'obéissance à ses propres magistrats qui fonde la souveraineté des cités italiennes. [...]
[...] Ainsi, "le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément[2]". Dans ce cadre, braver ouvertement une interdiction ainsi que les autorités chargées de la faire respecter revient à affirmer que les conflits et les contradictions des sociétés industrielles avancées ne peuvent plus être résolus de manière sensée et prometteuse par l'étatisme et la régulation politique. Les changements législatifs même radicaux réaffirment le processus du changement législatif lui-même et les institutions du gouvernement représentatif qui en sont les auteurs. [...]
[...] Action directe et légitimité de l'État L'État moderne s'est bâti sur le principe hobbsien qui voulait qu'il possède le monopole de la violence légitime. Cependant, ce monopole est remis en cause par l'action directe, qui peut être définie comme une violation consciente et assumée de la loi d'un pays par un collectif d'individu, en vue de la défense d'une cause déterminée. Elle se distingue donc du vandalisme en ce qu'elle cherche à médiatiser un discours précis. L'exemple le plus médiatisé est l'arrachage, depuis 2001, de plants de maïs transgénique, à l'initiative de la Confédération Paysanne. [...]
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