Ces dernières années, on assiste à une montée en puissance du régionalisme économique. Des accords économiques régionaux, allant de simples forums interrégionaux jusqu'à des unions économiques, ont en effet été mis en place dans la plupart des grandes régions : Amérique latine (Mercosur), Amérique du Nord (Alena), en Asie (Asean) etc. Selon une étude du secrétariat de l'OMC, il existait 142 accords d'intégration régionale au 31 juillet 2000, chiffre qui va continuer de croître dans les prochaines années. Ainsi, les relations économiques internationales se caractérisent par un double mouvement : le renforcement du multilatéralisme s'accompagne d'une tendance à l'intégration économique régionale.
Le concept de régionalisation appliqué à l'économie mondiale signifie que les relations sont plus intenses entre les pays qui appartiennent à une même zone géographique qu'avec le reste du monde, par le biais d'accords économiques préférentiels. Le libre-échange et la régionalisation entretiennent des relations ambiguës. Le phénomène de régionalisation est la preuve d'une ouverture des économies à l'espace régional ; le risque est cependant que ces économies se renferment sur leur zone d'intégration, constituant ainsi une forme de protectionnisme.
Cette tendance pose la question du bien fondé de l'intégration régionale : dans quelle mesure les accords régionaux nuisent-ils aux autres pays et compromettent-ils le système commercial international fondé sur les principes du multilatéralisme ?
Il est dans un premier temps intéressant d'étudier les conséquences économiques des accords économiques régionaux que la théorie économique met en évidence, conséquences qui se révèlent nuisibles au bien-être du reste du monde et donc à l'économie mondiale. Dans un deuxième temps, une approche plus empirique, prenant en considération la complexité des effets des accords régionaux, permet de voir dans la régionalisation un mouvement complémentaire au multilatéralisme, visant l'amélioration du bien-être des populations.
[...] D'autre part, les accords régionaux n'entraînent pas forcément de détournement des échanges. On observe que la formation d'unions régionales se réalise généralement entre pays qui sont déjà des partenaires privilégiés dans les échanges ; que plus la part des échanges intra-régionaux est faible dans le total des échanges, plus les blocs régionaux induiront un détournement des échanges. C'est la théorie de Summers, qui affirme que dans la mesure où les blocs sont créés entre pays qui échangent déjà de manière disproportionnée, le risque d'un détournement des échanges important est réduit. [...]
[...] On peut aussi évoquer la théorie de Nordstrom, qui estime que les accords régionaux peuvent renforcer la volonté de leurs membres à poursuivre une libéralisation des échanges sur une base multilatérale. La raison invoquée est que les unions régionales peuvent réunir de petits pays qui voient de ce fait leur pouvoir de négociation augmentée face aux grands blocs. En tant qu'espace expérimental du processus de libéralisation, comme en tant que zone intégrée homogène pouvant faciliter les négociations multilatérales, les accords régionaux sont une forme de relais du multilatéralisme. [...]
[...] D'après Krugman, avec trois blocs régionaux, le bien-être mondial est réduit à son minimum. D'autre part, les pays signataires d'accords économiques régionaux peuvent constituer un bloc-forteresse à savoir se regrouper afin de mener des politiques protectionnistes, voire prédatrices à l'égard des autres pays. Les pays tiers sont susceptibles de se regrouper en union douanière pour contrer la politique commerciale agressive de l'union concurrente. On aboutit ainsi à une rivalité entre puissances commerciales, rivalité qui risque de favoriser la mise en œuvre des politiques commerciales prédatrices. [...]
[...] On remarque aussi qu'une des raisons des accords régionaux est d'échapper à la rigidité de la clause de la nation la plus favorisée, qui peut se révéler parfois improductive, surtout quand le nombre de bénéficiaires augmente. En effet, la clause de la nation la plus favorisée (clause NPF), contrairement à son objectif initial, peut entraîner une réduction du degré d'ouverture de l'économie mondiale. L'exemple de la comparaison entre le Costa Rica et les Etats-Unis évoqué par Marc Siroën[1] illustre les effets pervers de la clause NPF. [...]
[...] Accords économiques régionaux et multilatéralisation des échanges Ces dernières années, on assiste à une montée en puissance du régionalisme économique. Des accords économiques régionaux, allant de simples forums interrégionaux jusqu'à des unions économiques, ont en effet été mis en place dans la plupart des grandes régions : Amérique latine (Mercosur), Amérique du Nord (Alena), en Asie (Asean) etc. Selon une étude du secrétariat de l'OMC, il existait 142 accords d'intégration régionale au 31 juillet 2000, chiffre qui va continuer de croître dans les prochaines années. [...]
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