L'article 3 de la Constitution confère la souveraineté au peuple, qui l'exerce à travers la désignation de ses représentants. La participation au vote constitue en ces termes un élément clé du fonctionnement de la démocratie moderne et constitue un point fort de l'exercice de la citoyenneté. On constate cependant un recul massif de la participation électorale. Ce dernier, amorcé dès les années 1980, n'a cessé de se confirmer, touchant même les élections présidentielles, lesquelles suscitaient pourtant auparavant la plus vive attention des citoyens. Avec 28.4% d'abstention en 2002, la démobilisation électorale semble être devenue, comme le souligne C. Braconnier et J-Y. Dormagen dans La démocratie de l'abstention. Aux origines de la démobilisation en milieux populaires, « une caractéristique majeure de notre civilisation électorale ». Néanmoins, les causes comme les effets de cette apparente démobilisation sont multiples et complexes.
Loin d'être le résultat d'un choix exclusivement individuel, dans quelle mesure l'abstention ne résulte-t-elle pas nécessairement d'un désengagement délibéré de la vie publique de la part des citoyens ?
Si on peut la considérer comme l'expression d'un désengagement des individus vis-à-vis de la tâche publique, les caractéristiques du vote et de l'exercice de la citoyenneté nous amènent à prendre en compte la pertinence des déterminismes sociaux dans l'analyse du phénomène abstentionniste.
[...] * le vote réside dans un processus de légitimation des gouvernants. Il n'est donc pas nécessairement lié à un processus d'apolitisation, aussi est- il nécessaire de considérer la portée politique manifeste de l'abstention, qu'elle soit volontaire, revendiquée ou bien l'expression d'une certaine passivité ou bien d'un désengagement. (Transition) Le constat de la démobilisation apparaît ainsi comme une caractéristique contemporaine de notre civilisation électorale. Elle relève cependant d'un processus beaucoup plus large. En effet, l'évaluation de la participation électorale exprime à la fois l'évolution du sentiment d'insertion individuel et l'aptitude à porter un jugement plus exigeant sur les enjeux réels de la compétition. [...]
[...] Dormagen dans La démocratie de l'abstention. Aux origines de la démobilisation en milieux populaires, une caractéristique majeure de notre civilisation électorale Néanmoins, les causes comme les effets de cette apparente démobilisation sont multiples et complexes. Loin d'être le résultat d'un choix exclusivement individuel, dans quelle mesure l'abstention ne résulte-t-elle pas nécessairement d'un désengagement délibéré de la vie publique de la part des citoyens ? Si on peut la considérer comme l'expression d'un désengagement des individus vis-à-vis de la tâche publique, les caractéristiques du vote et de l'exercice de la citoyenneté nous amènent à prendre en compte la pertinence des déterminismes sociaux dans l'analyse du phénomène abstentionniste. [...]
[...] En effet, comme D. Gaxie le décrit Le Cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique, l'âge, le sexe, la catégorie socioprofessionnelle et le niveau de diplôme constituent des variables déterminantes de la participation au vote. Caractéristique des rôles sociaux adultes, la participation électorale serait un miroir de la société en terme de division sociale du travail et de hiérarchisation des compétences, contraignant de facto la participation des couches les plus défavorisées de la population. Les inégalités sociales et culturelles se traduiraient ainsi en terme d'incapacité politique Dépossession politique des groupes culturellement défavorisés : l'échec du modèle républicain. [...]
[...] On constate des variables sociales du phénomène abstentionniste, lequel paraît largement déterminé par le degré d'intégration sociale des individus. On peut s'interroger sur la pertinence du vote dans l'effectivité de la démocratie. Si la participation au vote constitue une certaine manifestation de la culture démocratique, elle n'est pas suffisante et révèle au contraire de profondes inégalités quant à l'exercice de la citoyenneté. On peut néanmoins dépasser dans une certaine mesure l'inégalité des savoirs et de l'aptitude à déchiffrer le langage politique par le rôle sensibilisateur des associations ou des organisations syndicales. [...]
[...] Mais l'abstention correspond à un phénomène complexe et pluriel, ce qui rend l'étude de ses causes comme de ses significations en terme d'engagement politique particulièrement difficile. On décèle en effet plusieurs types de comportements abstentionnistes, correspondant eux-mêmes à des réalités très différentes. A. L'abstention : un constat difficilement évaluable 1. Vers une démocratie de l'abstention ? *L'abstention est aujourd'hui devenue une caractéristique de la démocratie moderne. Il y a cependant différents types de comportements abstentionnistes. Si 10% des abstentionnistes s'abstiennent de manière permanente, on constate également une abstention plus intermittente. [...]
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