L'absence d'État signifie-t-elle l'anarchie ?

Thèmes abordés

État, absence de l'État, anarchie, protection des sociétés, droit constitutionnel, gouvernance, Antiquité, souveraineté interne, concept utopique, anthropologie, Pierre Clastres, Léviathan, Thomas Hobbes, kibboutz, démocratie directe, proto-Etat, constitution

Résumé du document

En droit constitutionnel, l'État est une personne morale territoriale de droit public personnifiant juridiquement la nation, titulaire de la souveraineté interne et internationale et du monopole de la contrainte organisée. L'État est la forme la plus aboutie des hommes et des sociétés. La création des États remontant à l'Antiquité dans ses formes premières, semble indiquer que l'État est une forme indépassable ne permettant aucune alternative pour éviter l'anarchie. L'anarchie, signifie absence d'autorité, désigne une société fondée sur la démocratie directe sans système de pouvoir vertical tel qu'un gouvernement non soumis au peuple. L'anarchie évite tout pouvoir représentatif, incarné par un gouvernement démocratique, un roi ou un dictateur, pour donner le pouvoir au peuple. Proche des aspirations libertaires, l'anarchie désigne plus prosaïquement un chaos social dans lequel aucun droit n'est possible, sinon celui du plus fort. L'État est donc un concept protéiforme impliquant la délégation souhaitée ou non du pouvoir, tandis que l'anarchie est un concept utopique qui désigne également un chaos. Pour autant, l'absence d'État signifie-t-elle l'anarchie ? Pour répondre à cette problématique, on peut s'interroger : est-ce que l'État est une forme de gouvernement indépassable ?

Extraits

[...] La création d'Israël a correspondu à la constitution de Kiboutz autogérés. Aux Etats-Unis, la communauté des Mormons vit par l'autogestion. Des formes utopiques d'autogestion ont également fait leur preuve : inspiré des phalanstères, le Familistère de Guise (Picardie) a démontré au XIX[e] siècle la capacité de groupes d'hommes à s'autogérer et à vivre ensemble autour d'un équipement productif. L'autogestion est donc conforme à l'équité et la productivité économique. Enfin, des formes de démocratie directe peuvent existent (en Suisse), et coexistent même avec un Etat. [...]

[...] L'absence d'État signifie-t-elle l'anarchie ? En droit constitutionnel, l'État est une personne morale territoriale de droit public personnifiant juridiquement la nation, titulaire de la souveraineté interne et internationale et du monopole de la contrainte organisée. L'Etat est la forme la plus aboutie de des hommes et des sociétés. La création des Etats remontant à l'Antiquité dans ses formes premières, semble indiquer que l'Etat est une forme indépassable ne permettant aucune alternative pour éviter l'anarchie. L'anarchie, signifie absence d'autorité, désigne une société fondée sur la démocratie directe sans système de pouvoir vertical tel qu'un gouvernement non soumis au peuple. [...]

[...] Ceci fait écho à une théorie politique majeure. En 1651, dans Léviathan, Thomas Hobbes démontre que les hommes, même rationnels, peuvent basculer dans la violence. Pour protéger cette humanité dans un état de peur permanente à l'état de nature, résumé dans la formule « l'homme est un loup pour l'homme », le philosophe fait le constat de la nécessité d'un Etat fort. Ainsi, si les différentes formes d'Etat peuvent contribuer à le discréditer (les dictatures sont des Etats), l'histoire démontre que les hommes ne peuvent pas vivre sans exercice de justice ni force de coercition, pour faire respecter le droit. [...]

[...] L'Etat ne peut-il pas également signifier l'anarchie ? tout d'abord, il semble que l'absence d'Etat ne soit pas synonyme d'anarchie, puisque l'anarchie a pu démontrer sa pertinence. Pour autant, l'Etat semble être la forme la plus efficace bien que perfectible, pour gérer et protéger les sociétés. Tout d'abord, l'absence d'Etat peut s'imaginer sans anarchie. L'anthropologie a démontré que les premières formes de sociétés ont vu le jour dès l'émergence des hommes. L'organisation en groupe s'est constituée pour répondre aux besoins primaires de sécurité et de survie. [...]

[...] Dans les temps contemporains, le besoin d'Etat se renforce. Il est désormais vital de créer des normes complexes (normes alimentaires, commerciales, sur l'intelligence artificielle . qui nécessitent la mobilisation d'experts et une gouvernance complexe par le politique. Les Etats entre eux se renforcent, par l'utilisation de nouvelles technologies, qui leur permettent d'exercer leur violence légitime, qu'elles soient positive ou non. En conclusion, l'anarchie semble une alternative possible à l'Etat, du fait d'exemples réels qui ont démontré leur réussite. Néanmoins, ceci est conditionné par des tailles de groupes et des territoires préservés des conflits. [...]