Le statut quo adopté en France depuis plusieurs années par le gouvernement Guizot augmente le nombre d'hostilité au régime de la Monarchie de Juillet et conduit à une révolution les 23 et 24 février 1848. Le régime chute et les républicains sortent victorieux des combats. La France est alors unanime pour rejeter toute régence et conserver le pouvoir : un gouvernement provisoire se forme et la République est proclamée le 25 février. Pour la première fois, les républicains ont le dernier mot alors éclatent partout des manifestations de joie, le peuple ne fait qu'un, c'est l'ère des bons sentiments où la nation est unie. L'historien Philippe Vigier appelle cela « l'illusion lyrique », « le temps où les Français, quelles que soient leur position sociale et leurs options politiques, semblent adhérer avec enthousiasme à un régime qui ne possédait, la veille encore, qu'un petit nombre de partisans convaincus ». 1848 en France est l'année où des poètes sont ministres et où des hommes de lettres aux vers teintés de romantisme croient en la politique unificatrice. Ils ont apporté du lyrisme au cours des événements. 1848 en France est l'année de la proclamation du suffrage universel. Le lyrisme transporte manifestement les idéaux d'égalité et d'unité de la Révolution. Mais alors que 1848 en Europe est autant l'année des révolutions que de la réalité des restaurations, la France de 1848 parvient-elle à inscrire dans la réalité l'illusion lyrique, et avec elle l'union de toute une nation, qu'elle vit dans les premiers temps de sa seconde république ?
Les semaines suivant l'abdication de Louis Philippe sont marquées par l'unité d'un peuple qui parvient, en dépassant les anciens antagonismes, à mettre en application les idéaux qui l'ont amené à prendre les armes en février. Mais bien vite, les intérêts des différentes classes sociales divergent, ne faisant de ces moments qu'une illusion lyrique par rapport à la réalité des oppositions qui divisent la France par la suite.
[...] Le bilan de ces journées est très lourd : il y a plusieurs milliers de morts au combat fusillés et arrestations. L'archevêque de Paris, Monseigneur Affre peut être le symbole de cette rupture : il est tué lors d'une tentative de médiation. Une peur sociale s'installe contrastant avec l'entente sociale des mois précédents. La République entre dans la voie de la réaction Le Comité de la rue de Poitiers, qui regroupe d'anciens députés orléanistes et légitimistes, fait pression sur le nouveau président du conseil Cavaignac pour qu'il achève l'écrasement des socialistes parisiens. [...]
[...] Voilà ce qui met fin à l'illusion lyrique des débuts de la République, cela marque son tournant conservateur. Des divergences sont aussi remarquables dans les résultats des élections qui sont un échec pour les républicains : les républicains du lendemain remportent 300 sièges alors que les grands perdants sont les radicaux et socialistes de la Réforme qui n'ont eux qu'une centaine de sièges. Ces résultats se répercutent alors dans la composition de la commission exécutive qui remplace le gouvernement provisoire et ne compte plus que des républicains modérés, elle refuse d'ailleurs la création d'un ministère du progrès. [...]
[...] Des évêques et des cardinaux reconnaissent les valeurs de la religion dans la République Le 1er mars, à Cambrai, le cardinal Giraud écrit que l'Eglise la première, a proclamé dans le monde les idées de liberté, de justice, d'humanité, de fraternité universelle ou encore, pour l'évêque du Mans, liberté, égalité, fraternité. Ces 3 mots expriment 3 vérités éminemment chrétiennes Le courant du catholicisme libéral apparaît, on y voit Jésus-démocrate loué. Lors de processions, on s'écrit : Citoyens, chapeau bas ! Saluez le Christ ! [...]
[...] Je n'ai pas trouvé opportun de me faire accompagner d'un domestique (pour sortir dans les rues), mais les groupes me cèdent le haut du pavé en me disant Vive la République, madame ! La république est chantée et tous y adhèrent, on assiste à un peuple encore euphorique de sa victoire. Les barrières tombent et la liberté s'allie avec la religion, oubliant les antagonismes d'entant. La liberté s'allie à la religion Des arbres de la liberté fleurissent partout en France et témoignent de l'illusion lyrique qui s'empare de tous les esprits. Ici, c'est l'alliance de Dieu et de la liberté. [...]
[...] Cette instauration rend le peuple et la société véritablement euphoriques, la France est en effervescence et à l'heure des liesses populaires. Dans le même ordre d'idée, le gouvernement provisoire établit d'autant plus une égalité politique et civique entre les citoyens qu'elle ouvre la garde nationale à tous ceux-ci par le décret du 8 mars 1848 Après avoir rendu possible l'égalité dans les faits en métropole, l'esclavage dans les colonies est aboli par le décret du 27 avril, sur l'initiative de Victor Schoelcher. [...]
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