Unification allemande, nation allemande unifiée, nationalisme allemand, période du Vormarz, unité
«Une nation n'a de caractère que lorsqu'elle est libre». C'est en 1810 que Mme de Staël, dans son œuvre De l'Allemagne, utilise pour la première fois cette notion de « nationalité ». Elle fut reprise plus tard et accepta un grand nombre de définitions. Pour Philippe Buchez, « ce mot veut dire non seulement la nation, mais encore ce quelquechose en vertu de quoi une nation subsiste même lorsqu'elle a perdu son autonomie », pour Ernest Renan, « une Nation, c'est une âme, un principe spirituel. Deux choses – qui à vrai dire n'en font qu'une – constituent cette âme, ce principe spirituel. L'un est dans le passé, l'autre est dans le présent. L'une est la possession commune d'un riche legs de souvenirs; l'autre est le consentement mutuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis ». Quelles que soient les définitions, on oppose généralement la conception française de la conception allemande de la nation. La première fut théorisée par Locke et Rousseau, et est purement politique. Elle fut affirmée sous la Révolution française, il s'agissait alors de l'ensemble des adhérents à un contrat social, quelles qu'étaient les origines géographiques, ethniques ou culturelles. A cette conception, s'opposait la conception allemande, théorisée par le philosophe Fichte dans son Premier discours à la nation allemande. Il y a défini la nation comme l'appartenance nationale par des critères matériels, des héritages que l'homme n'a pas à choisir ou à refuser, mais qui, au contraire, le déterminent. Il s'agissait alors de l'origine, c'est-à-dire le sang, de la culture, de l'histoire mais surtout de la langue.
[...] Ainsi, l'unification aboutit-elle vraiment au résultat voulu, façonne-t-elle la nation, une grande nation allemande ? Ceci est résumé par Gilbert Krebs, dans le livre Etat et nation en Allemagne au XXème siècle, où il dit que « dans un premier temps, ce fut l'unification par le haut, à froid, comparable à une concentration d'entreprises. Tout se passait entre dirigeants, le plus fort imposant sa loi. Par la suite, il fallut parachever cette œuvre, la « petite Allemagne », en faisant des Allemands une nation. [...]
[...] L'unification allemande qui connaissait quelques ébauches mais pas de véritables fondements, va dès lors se réaliser. Ce qu'il faut pour amener l'unité, selon Bismarck, c'est éliminer les pays rivaux qui empêchent l'unification. En effet, Bismarck devenu premier ministre en septembre 1862 par la désignation de Guillaume II roi de Prusse, est un Junker, c'est-à-dire un « aristocrate de propriété terrienne en Prusse », un noble conservateur. Il ne ressent pas tellement ce sentiment de patriotisme qui s'est développé en Allemagne, car il est plutôt un fonctionnaire qui a représenté de nombreuses fois son pays, autant à la Diète de Francfort, qu'à Saint-Pétersbourg, ou encore à Paris. [...]
[...] Se posait donc le problème de l'identification nationale. Les deuxièmes : « les émigrés de l'intérieur », ceux qui refusaient cette identification, qui voulaient renouer avec une vraie Allemagne, une Allemagne authentique, et qui « ne se contentaient pas des costumes et décors de théâtre que leur proposait l'Empereur ». Ils avaient compris que Guillaume II souhaitait avant tout rassembler tous ces peuples, accélérer le processus de cohésion nationale et de consolidation de la nation pour rendre l'Allemagne puissante mondialement, pas vraiment dans un souci social, culturel. [...]
[...] Mais une majorité des patriotes allemands ne se réjouissent que très peu de ce conflit « pour l'unité allemande » d'après Bismarck. Toutefois, à la surprise de tous, cette guerre s'achève assez tôt, puisque le 3 juillet 1866, l'armée prussienne triomphe des autrichiens à Sadowa. Bismarck, conscient de la réticence de la France envers cette guerre déclarée par la Prusse, décide d'imposer à l'Autriche vaincue une paix plutôt modérée, signée à Prague le 23 aout ; il veut empêcher tout prétexte pouvant amener la France à intervenir. [...]
[...] Or les populations venant de Bohême notamment réclament leur rattachement au Reich. Par ailleurs, de nombreux Etats du Sud réagissent à la pensée Bismarckienne, centrée sur la Prusse, ils ne veulent pas être d'une prussianisation de la nation allemande. Enfin, Alain Ruiz dans Etat et nation en Allemagne au XXème siècle, affirme qu'une partie de la population « avait rêvé de voir le peuple allemand enfin réuni dans la liberté et la diversité des ethnies-sœurs qui le constituent », c'est-à-dire ils désiraient une Allemagne différente de la conception Bismarckienne, avec une prise en compte des différences de chacun pour former un grand Etat, une grande nation. [...]
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