L'unification allemande : la naissance d'une grande nation ?
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Unification allemande, nation allemande unifiée, nationalisme allemand, période du Vormarz, unité
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«Une nation n'a de caractère que lorsqu'elle est libre». C'est en 1810 que Mme de Staël, dans son œuvre De l'Allemagne, utilise pour la première fois cette notion de « nationalité ». Elle fut reprise plus tard et accepta un grand nombre de définitions. Pour Philippe Buchez, « ce mot veut dire non seulement la nation, mais encore ce quelquechose en vertu de quoi une nation subsiste même lorsqu'elle a perdu son autonomie », pour Ernest Renan, « une Nation, c'est une âme, un principe spirituel. Deux choses – qui à vrai dire n'en font qu'une – constituent cette âme, ce principe spirituel. L'un est dans le passé, l'autre est dans le présent. L'une est la possession commune d'un riche legs de souvenirs; l'autre est le consentement mutuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis ». Quelles que soient les définitions, on oppose généralement la conception française de la conception allemande de la nation. La première fut théorisée par Locke et Rousseau, et est purement politique. Elle fut affirmée sous la Révolution française, il s'agissait alors de l'ensemble des adhérents à un contrat social, quelles qu'étaient les origines géographiques, ethniques ou culturelles. A cette conception, s'opposait la conception allemande, théorisée par le philosophe Fichte dans son Premier discours à la nation allemande. Il y a défini la nation comme l'appartenance nationale par des critères matériels, des héritages que l'homme n'a pas à choisir ou à refuser, mais qui, au contraire, le déterminent. Il s'agissait alors de l'origine, c'est-à-dire le sang, de la culture, de l'histoire mais surtout de la langue.
Sommaire
I. Dans un premier temps, avant de se poser la question de la naissance ou non d'une grande nation après l'unification allemande, il faut d'abord se demander s'il existait déjà un sentiment national allemand avant l'unification de 1781 A. Pour comprendre s'il existe un nationalisme allemand avant l'unification et pour voir d'où il vient, il faut remonter aux sources et à l'éveil de celui-ci, c'est-à-dire dès la seconde moitié du 18è siècle B. Jusqu'en 1815, on pouvait encore parler d'un réveil du nationalisme allemand, car il n'y a pas eu de vrais mouvements, de mesures pour une nation allemande unifiée, mais les années qui suivirent le Congrès de Vienne et précédèrent l'année 1848, c'est-à-dire la période du Vormarz, et celles situées entre 1848 et l'unification finale de 1871 de l'Allemagne, marquent une vraie affirmation, une « explosion » de ce nationalisme. C. Il semble donc qu'avant l'unité finale de 1871, un sentiment national allemand plus ou moins fort ait déjà existé, notamment dès les années 1830. Cependant, il est tout de même possible de relativiser cela, puisque Werner Conze, historien allemand, parle d'une « nation attardée », mais aussi car ce sentiment national n'a pas été uniforme et a été vecteur de divisions
II. On observe donc que malgré une arrivée tardive du sentiment national allemand et ses apparentes divisions, celui-ci a tout de même bien existé et a commencé à s'ancrer fortement avant l'unification finale de l'Allemagne. Cependant, avant de se demander si l'unification allemande a abouti au résultat voulu, c'est-à-dire à la naissance d'une grande nation, il faut d'abord se demander comment s'est faite l'unité A. Dans un premier temps, si l'unification désigne le long processus d'accession à l'unité allemande, cette dernière a donc bien eu une origine B. Par ailleurs, Bismarck arrive au pouvoir en 1862, il projette alors réellement l'unité allemande, « par le fer et par le sang ». L'unification allemande qui connaissait quelques ébauches mais pas de véritables fondements, va dès lors se réaliser. Ce qu'il faut pour amener l'unité, selon Bismarck, c'est éliminer les pays rivaux qui empêchent l'unification C. Cette guerre gagnée contre l'Autriche montre la détermination ardente de Bismarck dans la réalisation de l'unité, et on peut considérer qu'à la fin de la Guerre de Sadowa, l'Empire Allemand va réellement prendre le chemin de sa création, sa fondation finale, jusqu'à sa proclamation en janvier 1871, toujours avec la Prusse en premier plan
III. Le premier souhait de Bismarck ayant été réalisé, c'est-à-dire unifier l'Allemagne sous un seul et même empire, il lui faut maintenant consolider cet Empire en emportant l'adhésion de tous les peuples A. Dans un premier temps, la politique de Bismarck va reposer sur la défense de l'ordre et la cohésion du Reich, afin de faire accepter cette « Révolution d'en haut », c'est-à-dire que le nationalisme ne vient pas de la base mais de l'Etat lui-même. Bismarck va utiliser ce nationalisme pour rendre l'Allemagne une grande puissance, et empêcher les opposants de ruiner son oeuvre B. Par ailleurs, après l'échec de Bismarck aux élections de 1890, Guillaume II, petit-fils de Guillaume Ier, demande à Bismarck sa démission, et prend alors sa place. Il va prolonger la politique de Bismarck, mais va se montrer plus ultra, va pousser ce sentiment national à l'extrême, surtout d'un point de vue extérieur, c'est-à-dire qu'il va tenter de faire briller l'Allemagne à l'extérieur des frontières. Il s'agit moins d'un travail sur les consciences des populations allemandes, mais plus sur celles des personnes de pays étrangers C. Toutefois, même si en apparence Otto von Bismarck puis Guillaume II, après l'unification de l'Allemagne en 1871, ont réussi à faire de l'Allemagne une vraie nation solide, par un sentiment unanime d'appartenir à un héritage commun et par le sentiment des populations étrangères de faire face à une nation unie et puissante, il n'en demeure pas moins que consolider la nation a été difficile, et que les populations n'ont pas toutes accepté cette germanisation
I. Dans un premier temps, avant de se poser la question de la naissance ou non d'une grande nation après l'unification allemande, il faut d'abord se demander s'il existait déjà un sentiment national allemand avant l'unification de 1781 A. Pour comprendre s'il existe un nationalisme allemand avant l'unification et pour voir d'où il vient, il faut remonter aux sources et à l'éveil de celui-ci, c'est-à-dire dès la seconde moitié du 18è siècle B. Jusqu'en 1815, on pouvait encore parler d'un réveil du nationalisme allemand, car il n'y a pas eu de vrais mouvements, de mesures pour une nation allemande unifiée, mais les années qui suivirent le Congrès de Vienne et précédèrent l'année 1848, c'est-à-dire la période du Vormarz, et celles situées entre 1848 et l'unification finale de 1871 de l'Allemagne, marquent une vraie affirmation, une « explosion » de ce nationalisme. C. Il semble donc qu'avant l'unité finale de 1871, un sentiment national allemand plus ou moins fort ait déjà existé, notamment dès les années 1830. Cependant, il est tout de même possible de relativiser cela, puisque Werner Conze, historien allemand, parle d'une « nation attardée », mais aussi car ce sentiment national n'a pas été uniforme et a été vecteur de divisions
II. On observe donc que malgré une arrivée tardive du sentiment national allemand et ses apparentes divisions, celui-ci a tout de même bien existé et a commencé à s'ancrer fortement avant l'unification finale de l'Allemagne. Cependant, avant de se demander si l'unification allemande a abouti au résultat voulu, c'est-à-dire à la naissance d'une grande nation, il faut d'abord se demander comment s'est faite l'unité A. Dans un premier temps, si l'unification désigne le long processus d'accession à l'unité allemande, cette dernière a donc bien eu une origine B. Par ailleurs, Bismarck arrive au pouvoir en 1862, il projette alors réellement l'unité allemande, « par le fer et par le sang ». L'unification allemande qui connaissait quelques ébauches mais pas de véritables fondements, va dès lors se réaliser. Ce qu'il faut pour amener l'unité, selon Bismarck, c'est éliminer les pays rivaux qui empêchent l'unification C. Cette guerre gagnée contre l'Autriche montre la détermination ardente de Bismarck dans la réalisation de l'unité, et on peut considérer qu'à la fin de la Guerre de Sadowa, l'Empire Allemand va réellement prendre le chemin de sa création, sa fondation finale, jusqu'à sa proclamation en janvier 1871, toujours avec la Prusse en premier plan
III. Le premier souhait de Bismarck ayant été réalisé, c'est-à-dire unifier l'Allemagne sous un seul et même empire, il lui faut maintenant consolider cet Empire en emportant l'adhésion de tous les peuples A. Dans un premier temps, la politique de Bismarck va reposer sur la défense de l'ordre et la cohésion du Reich, afin de faire accepter cette « Révolution d'en haut », c'est-à-dire que le nationalisme ne vient pas de la base mais de l'Etat lui-même. Bismarck va utiliser ce nationalisme pour rendre l'Allemagne une grande puissance, et empêcher les opposants de ruiner son oeuvre B. Par ailleurs, après l'échec de Bismarck aux élections de 1890, Guillaume II, petit-fils de Guillaume Ier, demande à Bismarck sa démission, et prend alors sa place. Il va prolonger la politique de Bismarck, mais va se montrer plus ultra, va pousser ce sentiment national à l'extrême, surtout d'un point de vue extérieur, c'est-à-dire qu'il va tenter de faire briller l'Allemagne à l'extérieur des frontières. Il s'agit moins d'un travail sur les consciences des populations allemandes, mais plus sur celles des personnes de pays étrangers C. Toutefois, même si en apparence Otto von Bismarck puis Guillaume II, après l'unification de l'Allemagne en 1871, ont réussi à faire de l'Allemagne une vraie nation solide, par un sentiment unanime d'appartenir à un héritage commun et par le sentiment des populations étrangères de faire face à une nation unie et puissante, il n'en demeure pas moins que consolider la nation a été difficile, et que les populations n'ont pas toutes accepté cette germanisation
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Extraits
[...] Ainsi, l'unification aboutit-elle vraiment au résultat voulu, façonne-t-elle la nation, une grande nation allemande ? Ceci est résumé par Gilbert Krebs, dans le livre Etat et nation en Allemagne au XXème siècle, où il dit que « dans un premier temps, ce fut l'unification par le haut, à froid, comparable à une concentration d'entreprises. Tout se passait entre dirigeants, le plus fort imposant sa loi. Par la suite, il fallut parachever cette œuvre, la « petite Allemagne », en faisant des Allemands une nation. [...]
[...] L'unification allemande qui connaissait quelques ébauches mais pas de véritables fondements, va dès lors se réaliser. Ce qu'il faut pour amener l'unité, selon Bismarck, c'est éliminer les pays rivaux qui empêchent l'unification. En effet, Bismarck devenu premier ministre en septembre 1862 par la désignation de Guillaume II roi de Prusse, est un Junker, c'est-à-dire un « aristocrate de propriété terrienne en Prusse », un noble conservateur. Il ne ressent pas tellement ce sentiment de patriotisme qui s'est développé en Allemagne, car il est plutôt un fonctionnaire qui a représenté de nombreuses fois son pays, autant à la Diète de Francfort, qu'à Saint-Pétersbourg, ou encore à Paris. [...]
[...] Se posait donc le problème de l'identification nationale. Les deuxièmes : « les émigrés de l'intérieur », ceux qui refusaient cette identification, qui voulaient renouer avec une vraie Allemagne, une Allemagne authentique, et qui « ne se contentaient pas des costumes et décors de théâtre que leur proposait l'Empereur ». Ils avaient compris que Guillaume II souhaitait avant tout rassembler tous ces peuples, accélérer le processus de cohésion nationale et de consolidation de la nation pour rendre l'Allemagne puissante mondialement, pas vraiment dans un souci social, culturel. [...]
[...] Mais une majorité des patriotes allemands ne se réjouissent que très peu de ce conflit « pour l'unité allemande » d'après Bismarck. Toutefois, à la surprise de tous, cette guerre s'achève assez tôt, puisque le 3 juillet 1866, l'armée prussienne triomphe des autrichiens à Sadowa. Bismarck, conscient de la réticence de la France envers cette guerre déclarée par la Prusse, décide d'imposer à l'Autriche vaincue une paix plutôt modérée, signée à Prague le 23 aout ; il veut empêcher tout prétexte pouvant amener la France à intervenir. [...]
[...] Or les populations venant de Bohême notamment réclament leur rattachement au Reich. Par ailleurs, de nombreux Etats du Sud réagissent à la pensée Bismarckienne, centrée sur la Prusse, ils ne veulent pas être d'une prussianisation de la nation allemande. Enfin, Alain Ruiz dans Etat et nation en Allemagne au XXème siècle, affirme qu'une partie de la population « avait rêvé de voir le peuple allemand enfin réuni dans la liberté et la diversité des ethnies-sœurs qui le constituent », c'est-à-dire ils désiraient une Allemagne différente de la conception Bismarckienne, avec une prise en compte des différences de chacun pour former un grand Etat, une grande nation. [...]