Le totalitarisme - amalgame idéologique ou concept comparatif ?

Résumé du document

L'exemple du régime nazi, sans précédent dans l'Histoire, repose la question d'une classification des régimes politiques, tant ses formes ont paru diversifiées. Une première distinction peut être faite entre les régimes qui tentent d'allier liberté et participation populaire et ceux qui la nient, c'est-à-dire entre les régimes démocratiques et antidémocratiques.

Mais cette définition semble normative et incomplète, car révélant des réalités différentes. Ainsi, le régime sus cité apparaît-il à bien des égards comme une sorte de démocratie imparfaite, dans laquelle le système politique contient un parti unique, n'admettant aucune opposition organisée, dans lequel l'État tend à confisquer la totalité des activités de la société.

Concept forgé au XXe siècle, durant l'entre-deux-guerres, le totalitarisme signifie étymologiquement « système tendant à la totalité, à l'unité ». Il ne s'agit pas seulement de contrôler l'activité des hommes, comme le ferait une dictature classique : un régime totalitaire tente de s'immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté.

Extraits

[...] Le totalitarisme - amalgame idéologique ou concept comparatif ? Introduction Le Führer est le Parti et le Parti est le Führer. Juste comme je me sens moi-même une partie seulement du Parti, le Parti se sent lui-même seulement comme une partie de moi Telle était la vision développée par Adolf Hitler lors d'un Congrès nazi de 1935. Führer et chancelier du régime nazi, dictateur et chef militaire, Hitler a fait de l'Allemagne une société entièrement militarisée et une puissance totalitaire et a déclenché la Seconde Guerre mondiale, conflit particulièrement marquant du XXe siècle, qui a vu l'ébranlement de la domination européenne sur le monde. [...]

[...] Dès lors, nous nous interrogerons sur la question de savoir : le totalitarisme est-il un amalgame idéologique ou un concept comparatif ? Nous verrons que le totalitarisme souffre d'une sorte d'impossibilité de définition mais qu'il renvoie à des expériences réelles et différentes des autres régimes existants (II). I. L'impossible définition du concept de totalitarisme Il s'agit d'évaluer les conditions de validité d'une notion, le totalitarisme. Même si le terme est entré dans le vocabulaire courant, il fait l'objet de vives contestations. [...]

[...] Tout d'abord, au centre de la préoccupation des leaders totalitaristes se trouve un objectif fondamental qui tient à faire triompher une nouvelle idéologie fondatrice. Cette idéologie tient en une vision particulière du monde : l'Etat totalitaire entend, par la contrainte, organiser la société afin qu'elle échappe aux défauts et aux tares du libéralisme. Certes, la solution préconisée est différente selon les régimes : l'idéal d'un Etat tout puissant en Italie, l'objectif de l'émergence de la race supérieure chez les nazis ou la volonté d'une société sans classe en URSS. [...]

[...] L'idée d'un pouvoir personnel n'est en soit pas contraire au principe démocratique et nul doute que dans nos démocraties actuelles nos représentants n'agissent en partie pour satisfaire leurs désirs personnels. Cependant, à la grande différence des démocraties, le régime totalitaire n'autorise plus les libertés individuelles, ou, plutôt, choisit celles qu'il autorise. Dès lors, il apparait que le totalitarisme reste un régime politique singulier, différent des autres régimes répertoriés. Conclusion La question reste de savoir s'il faut sauver ou non le concept de totalitarisme. [...]

[...] Cependant, l'autoritarisme apparait comme plus modéré que le totalitarisme, puisqu'il accorde un moindre rôle à l'idéologie, n'a pas une conception activiste du politique, procède à un encadrement plus souple de la société et permet l'émergence de mouvements de contestation. Le totalitarisme pourrait donc n'être qu'un autoritarisme plus poussé. Cependant, par sa volonté de puissance, le chef du régime totalitaire peut s'apparenter à un tyran. Mais plus que cette volonté au sens ordinaire, elle est ici exacerbée, jusqu'à la destruction de l'humanité de l'homme. Enfin, qu'en est-il de la différenciation avec la démocratie ? [...]