Selon Tocqueville, la démocratie est bien plus qu'une forme de gouvernement. Elle est un « état social » qui implique une transformation en profondeur des structures sociales. A l' « état aristocratique », caractérisé par une hiérarchisation pyramidale de la société, succéderait l' « état démocratique » où les liens sociaux sont plus souples et l'accès aux positions de pouvoir plus homogène. Ce passage d'une hiérarchique à une société égalitaire ne suppose certes pas la disparition de toutes les inégalités économiques et sociales.
[...] Député libéral, Tocqueville est soucieux de tempérer la politique conservatrice de la Monarchie de Juillet. Tocqueville percevra d'ailleurs fort lucidement le fossé grandissant entre le peuple et les élites et qui conduira à la Révolution de 1848. En opposition à la démocratie jacobine imaginée par Robespierre, Tocqueville prend parti en faveur d'une démocratie libérale respectueuse des libertés de l'individu. Cette démocratie serait fondée sur un suffrage élargi, une séparation des pouvoirs, un régime parlementaire bicaméral, une vaste décentralisation administrative et le respect du droit, ainsi que la liberté de la presse et la liberté d'association. [...]
[...] Mais au-delà de cette tyrannie de la majorité Tocqueville perçoit un danger bien plus grand pour les démocraties modernes : l'apathie générale des citoyens, fruit de l'individualisme. Chacun croyant pouvoir se suffire à lui- même, la longue chaîne qui reliait les hommes entre eux se brise. Le développement de l'individualisme en favorisant l'intérêt personnel au détriment de la collectivité, favorise certes la liberté individuelle mais il est dangereux car, en affaiblissant les sentiments de solidarité, il pousse les individus à se désengager de la vie civile. [...]
[...] Le regroupement des individus est pour Tocqueville la condition de survie du pluralisme, nécessaire à toute démocratie. La religion et les associations constituent ainsi un bon contrepoids à l'individualisme de la société moderne. La préoccupation de Tocqueville pour la stabilité du lien social, dans un contexte de mutations politiques et sociales considérables, annonce la crainte de toute agitation sociale qui hantera la seconde moitié du 19ème et notamment après la Commune de Paris et dont la réflexion d'Emile Durkheim (1858-1917) constituera le meilleur exemple. [...]
[...] Les Américains ont tout d'abord réussi à concrétiser la souveraineté populaire, davantage conçue en Europe comme une fiction dangereuse, dans des institutions mais ils ont surtout évité, par le fédéralisme, que toute le pouvoir ne se concentre dans les mains d'un seul organe. En instaurant le bicaméralisme pour le pouvoir législatif, un président au-dessus des partis et, surtout, un pouvoir judiciaire fort et indépendant, la constitution américaine met en œuvre, selon lui, à une décentralisation bénéfique du pouvoir. La souveraineté du peuple est ainsi équilibrée par le système de poids et de contrepoids du système institutionnel. [...]
[...] Alexis de Tocqueville et la démocratie libérale 1. Le fait démocratique : Selon Tocqueville, la démocratie est bien plus qu'une forme de gouvernement. Elle est un état social qui implique une transformation en profondeur des structures sociales. A l' état aristocratique caractérisé par une hiérarchisation pyramidale de la société, succéderait l' état démocratique où les liens sociaux sont plus souples et l'accès aux positions de pouvoir plus homogène. Ce passage d'une hiérarchique à une société égalitaire ne suppose certes pas la disparition de toutes les inégalités économiques et sociales. [...]
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