Théories Tiers-mondistes, Tiers Monde, Etat global, Alfred Sauvy, pays sous-développés
Alfred Sauvy dans l'Observateur (devenu le Nouvel Observateur), le 14 aout 1952, parle pour la première fois de « Tiers-Monde » dans un article intitulé « Trois mondes, une planète ». Il utilise cette expression par analogie à la conceptualisation de Sieyès sur le Tiers-Etat. Sauvy commente l'origine du terme Tiers Monde ainsi :
« En 1951, j'ai, dans une revue brésilienne, parlé de trois mondes, sans employer toutefois l'expression « Tiers Monde ».Cette expression, je l'ai créée et employée pour la première fois par écrit dans l'hebdomadaire français «l'Observateur» du 14 août 1952. L'article se terminait ainsi : «car enfin, ce Tiers Monde ignoré, exploité, méprisé comme le Tiers Etat, veut lui aussi, être quelque chose». Je transposais ainsi la fameuse phrase de Sieyès sur le Tiers Etat pendant la Révolution française. Je n'ai pas ajouté (mais j'ai parfois dit, en boutade) que l'on pourrait assimiler le monde capitaliste à la noblesse et le monde communiste au clergé.»
[...] L'expression « Tiers Monde » est officialisée à la conférence de Bandung du 18 au 24 avril 1955 réunissant 29 pays asiatiques et africains, pour la plupart issus de la colonisation. Pour certains observateurs, la conférence de Bandung marque l'entrée en lice du Tiers Monde sur la scène internationale. Cette conférence est aussi une façon d'envoyer un message aux pays encore colonisés. Suivront ainsi d'autres indépendances comme celles de la Malaisie en 1957, l'Algérie en 1962 ou du Kenya et de la Tanzanie en 1963 par exemples. Une figure importante du Tiers Monde est Mohammed Bedjaoui. [...]
[...] Par ailleurs, les TWAIL s'interrogent sur la globalisation de l'Etat par le droit international. La problématique de l'Etat global Chimni met en lumière les aliénations produites par la globalisation en reprenant la classification faite par Marx : aliénation par la nature, par l'homme, par la production, par l'espèce. Cette démonstration a pour but de mettre en lumière le fait que le droit international en l'espèce ne permet pas une émancipation de l'individu mais qu'il est également responsable en partie de ces types d'aliénation. [...]
[...] Anghie, quant à lui, s'attache également fortement à l'Histoire pour montrer que celle-ci est un élément fondateur du droit international, qui s'est développé grâce à la colonisation, puis à la décolonisation pour aujourd'hui mieux s'implanter avec le concept de bonne gouvernance. Il étudie la notion de gouvernance en générale dans toute son historicité pour mettre en valeur les dynamiques constantes qui la sous-tendent. Les trois textes ont en commune de nombreux éléments tels que l'Histoire et son rôle dans le droit international, la position de l'Etat face à la globalisation, et un engagement important sur la scène internationale de par leur statut de tiers-mondistes. [...]
[...] L'Etat global par le langage universalise les intérêts capitalistes pour pouvoir les légitimer. Les TWAIL doivent donc repenser le droit international pour mettre en lumière ce processus et pouvoir contester la légitimation universelle des idées diffusées par le droit international. Des théoriciens engagés «There is [ ] a need to build a movement that cuts across space and time [ ] to form a global opposition force that can challenge those transnational social forces which bolster the regime of capital at the expense of peoples interests. [...]
[...] En effet, Chimni lui-même dit que la vision du Tiers Monde qu'ont les TWAIL n'est pas celle des élites de ce Tiers Monde. Pour autant, on a vu qu'une des façons par lesquelles les pays développés ont imposé le droit international est de le rendre universel : les TWAIL en contestant cette universalité ouvrent une brèche à un débat global sur la nature du droit international. Ainsi Chimni et Anghie ont appris de l'introspection faite sur le courant des TWAIL et l'absence de réflexion de la place du colonialisme dans le droit international par la première génération de ce courant a été comblée par les nombreuses démonstrations faites par les deux auteurs. [...]
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