Pierre Clastres a écrit : « L'histoire des peuples sans histoire, c'est [...] l'histoire de leur lutte contre l'État. »
Pour introduire l'auteur et sa thèse, il semble nécessaire de définir deux termes essentiels, l'État, que l'on pourrait désigner comme une « forme de gouvernement » selon les mots d'Hannah Arendt. Quant au deuxième terme, celui de société, on pourrait le concevoir comme un ensemble d'individus qui vit en groupe organisé avec ses lois, ses règles.
L'auteur de cet ouvrage, Pierre Clastres né en 1934 et mort en 1977, fut un philosophe de formation qui devint par la suite anthropologue et ethnologue au CNRS puis directeur d'études à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. S'il devient spécialiste des Indiens d'Amérique, c'est parce qu'il a effectué de multiples séjours dans ces sociétés primitives et notamment en Amazonie. C'est ainsi qu'à partir de 1963, il passe plus de dix ans en Amérique du Sud. En tant qu'anarchiste, on peut comprendre pourquoi Clastres s'est intéressé à ces sociétés primitives des sociétés sans institutions de dominations sociales.
Ses ouvrages vont jeter les bases de son anthropologie politique, on la retrouve dans Chroniques des Indiens Guayaqui par exemple. Cette anthropologie politique qui a pour objet la société d'avant l'État, fut travaillé bien avant Clastres notamment par les africanistes à l'instar de Georges Balandier pour n'en citer qu'un exemple.
[...] A contrario, les sociétés primitives, sociétés de loisirs, d'abondance seraient marquées par l'indivision de la société. Cette discontinuité entre les deux sociétés, Clastres la radicalise en déconstruisant les conceptions ethnocentrique, évolutionniste et marxiste, autour de ces sociétés c'est ce que nous allons voir dans notre grand B. La conception biaisée des sociétés à État et sans l'État, le fruit de l'ethnocentrisme et de l'anthropologie marxiste La finalité des sociétés étatiques, une vision ethnocentrée Force est de constater selon Clastres que la société primitive n'a rien à envier à la société étatique comme il le souligne à la page 169. [...]
[...] Clastres après s'être attaqué à cette vision évolutionniste et d'ethnocentriste de la société étatique, l'anthropologue va aussi réfuter l'anthropologie marxiste c'est l'objet de notre petit 2. La réfutation de l'anthropologie marxiste Clastres s'attaque de manière forte à ce qu'il a qualifié d'ailleurs de marécage marxiste tout d'abord à travers son étude comparative des sociétés amérindiennes, il réfute totalement la conception marxiste comme il l'écrit à la page 169 : Ce que l'on sait maintenant des sociétés primitives ne permet plus de recherche au niveau de l'économie l'origine du politique Il se pose donc en contrepoint absolu de l'anthropologie marxiste qui basée sur le matérialisme historique voyait que toutes les sociétés n'étaient que le produit du changement des conditions matérielles et de leur mode de production, l'économie déterminant la modification de l'organisation sociale (la fameuse division de la société en classes) et politique (avec la formation et le développement de l'État). [...]
[...] D'autre part, parce que l'Un représente le mal et nie donc intrinsèquement la diversité. Ce rejet des sociétés Clastres le rappelle à la fin de son ouvrage, il écrit : ce que nous montrent les Sauvages, c'est l'effort permanent pour empêcher les chefs d'être des chefs, c'est le refus de l'unification, c'est le travail de conjuration de l'Un, de l'État Transition : Ainsi si Clastres en conclut que ces sociétés se sont bien construites pour empêcher le surgissement de l'État, l'échange contribue également à cette entreprise c'est ce que nous allons étudier dans un petit 2. [...]
[...] A ce titre Marc Abélès dit de cet ouvrage qu'il fut un pavé dans la mare des typologies traditionnelles Pour Jean-Claude Chamboredon, ce travail permet surtout de faire un lien entre l'anthropologie politique et des questions de philosophie politique comme le résume notre problématique : A travers son analyse sur les sociétés primitives, comment Clastres démontre-t-il que le politique n'est pas consubstantiel à la forme étatique ? Pour commencer notre exposé, comme l'a dit Clastres dans un entretien : Forcément parler de sociétés sans État c'est nommer en même temps les autres, c'est-à-dire les sociétés à État c'est ce que nous allons faire dans une première partie. [...]
[...] Clastres en conclut à la page 179 : il n'y a pas de place, pas de vide que pourrait combler l'État Transition : Pour autant si ce pouvoir politique non coercitif est le bien de la société primitive tout entière, un bien dont elle refuse de se dessaisir, le pouvoir n'est pas pour autant immuable comme Clastres le remarque à la fin de son ouvrage, ce qui nous amène à nous demander si ce potentiel changement du pouvoir, n'amène-t-elle pas à l'effondrement des sociétés primitives. Une limite : un pouvoir politique susceptible de changer, la fin des sociétés primitives ? L'un des facteurs majeurs qui risque de bouleverser en profondeur la nature du pouvoir politique, c'est-à-dire de le transformer en pouvoir coercitif et donc par extension menace la société primitive en son cœur s'explique par la démographie. [...]
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