Dans un contexte relatif de désenchantement à l'égard du personnel politique, le maire fait exception : figure familière du paysage institutionnel, il continue à jouir d'une forte popularité auprès de ses citoyens. L'environnement sociopolitique s'est pourtant considérablement transformé en quelques décennies : décentralisation, montée en puissance de l'intercommunalité, concurrence entre les territoires...
Le rôle du maire s'est ajusté à ces bouleversements. L'univers municipal s'est professionnalisé, l'action publique s'est recomposée, de nouveaux acteurs ont pénétré la scène municipale. Ces transformations ne peuvent faire oublier la pérennité du travail symbolique accompli par ses élus : ils sont dans l'obligation, aujourd'hui comme hier, d'incarner le territoire, de faire exister la communauté des citoyens.
L'Etat ne délègue pas dans les communes de représentants dotés de compétences générales comme les préfets pour les départements et les régions. Le maire bénéficie donc d'une "double casquette" : il est à la fois agent de l'Etat et agent de la commune en tant que collectivité territoriale. Il exerce aussi des fonctions dans le domaine judiciaire sous l'autorité du procureur de la République : il est officier d'état civil et officier de police judiciaire.
[...] Celle-ci trouve plus sûrement sa source dans la symbolique décisionnelle. Les maires ont une posture décisionnelle qui va bien au-delà de leur pouvoir effectif. La posture décisionnelle va avoir pour fonction de manifester le souci propre aux élus de prendre en charge les problèmes locaux, de les maîtriser cognitivement et discursivement, d'agir pour les régler, etc. Cette posture est manifeste lors des rituels décisionnels que sont les conseils municipaux, elle inspire très largement la prise de parole des maires. La posture décisionnelle du maire est accréditée par quatre stratégies constitutives du rôle de maire La première de ces stratégies est la prise de contrôle de l'agenda local. [...]
[...] Lorsqu'il ne dispose pas des moyens adaptés à la situation, quand le problème dépasse par son ampleur les moyens dont dispose la commune, il lui faut au moins déployer une action symbolique, pour malgré tout donner une impression d'agir [pensons à l'exemple de Michel Destot qui s'envole pour les Etats Unis pour défendre le sort des employés de HP]. L'aveu d'impuissance équivaut à un écart par rapport au rôle. Mais ce que l'on observe aujourd'hui le plus souvent est que les maires ont, au contraire de plus en plus tendance à sortir du cadre institutionnel pour mettre en place des partenariats avec des acteurs de plus en plus divers. On parle alors de gouvernance locale et non plus d'administration locale. [...]
[...] Mais dans la figure du maire ces deux oppositions se rejoignent. Car la réputation d'avoir du pouvoir peut être ressource effective de pouvoir. Au regard de cela la symbolique municipale serait réductrice, mais constituerait un rôle performatif efficace sur lequel le maire pourrait s'appuyer pour jouer son rôle de décideur quitte à faire illusion. Conclusion Dominique Lorrain considère les mairies urbaines comme les grandes gagnantes de la décentralisation. Jean Pierre Gaudin hésite : les municipalités semblent être tantôt des géants dans leur travail d'autopromotion, tantôt des nains dans leur marge de manoeuvre face aux entrepreneurs On pensera ici à l'exemple de Michel Destot, maire de Grenoble qui il y a deux ans s'envolait pour les Etats Unis pour aller rencontrer le patron de HP dans la silicone valley. [...]
[...] Succès des réformes décentralisatrices qui ont accéléré cette popularité : sans jamais avoir cessé d'apparaître, celui-ci est désormais considéré comme un décideur de premier plan, plus utile que tout autre élu. Le reversement de la hiérarchie entre maire et député est significatif. Un tel attachement à la figure du maire a pour origine et pour corollaire l'attachement à l'échelon communal, territoire perçu comme familier et riche de projections identitaires. A. La légitimité politique, une ressource politique individuelle a. Une légitimité historique La légitimité politique est une ressource politique individuelle considérable. Les ressources politiques, c'est l'ensemble des ressources organisationnelles que procure le fait de diriger une mairie. [...]
[...] La rhétorique de la planification va accréditer la croyance en une autorité municipale capable de faire la ville. D'ou le renouvellement de l'image des maires qui selon Grémion et Muller seraient aujourd'hui plus soucieux d'efficacité que de légalité, plus entrepreneurs que gestionnaires. Les élus cherchent à s'investir dans tous les secteurs de la vie locale, à prendre en charge tous les dossiers significatifs La troisième stratégie consiste à occuper le terrain décisionnel en développant des actions symboliques. L'institutionnalisation du secteur de l'environnement sera alors un très bon exemple .L'action au niveau de l'environnement va donner à voir un volontarisme sincère dans un contexte en réalité marqué par l'impuissance. [...]
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