- Nouveauté du concept montré par Paine (Justice Agraire, 1795-1796) : « une révolution dans l'état de la civilisation, des moeurs doit nécessairement accompagner la révolution dans le système du gouvernement ».
Selon Saint Just : « ceux qui ont fait des révolutions à moitié n'ont fait que creuser un tombeau » (8 ventôse, et à Robespierre de renchérir en liant révolution politique et morale... (et physique). Une idée s'ajoute : « le social » (concept, si l'on en croit Durkheim, théorisé pour la première fois par Montesquieu), la « communauté » en sa concrétude. Il y va donc de l'homme tout entier, et finalement de sa destination (cf. Fichte, La destination du Savant : v. Théorie et Praxis chez Kant et Fichte de Philonenko, publié chez Vrin). Ici, importe donc peu qui, juridiquement, est le chef de l'Etat nominal (un roi, comme en Angleterre), mais un rapport particulier des citoyens entre eux. Lien alors, République / vertu (l'honneur, pour société démocratique) et « prose » (la poésie, conservatrice par essence selon Hazlitt, c'est pour l'aristocratie - rapport à l'hermétisme et « l'aristocratisme » obscur de l'expression), prose du monde (liens, en France, Révolution / roman : cf. Balzac, obsédé par elle et l'Empire ou le jeune Victor Hugo).
- Donc, - et c'est une idée centrale - la République, comme la Révolution (sous la Révolution, les deux sont indissociables) ne sauraient s'arrêter à mi-gué - en réformant juste les institutions, sous peine de se trahir : donc la révolution doit être « totale », « vaincre ou périr » : la Commune de Ville affranchie rédige ainsi cette proclamation (due à Collot d'Herbois ?) : « l'aristocratie bourgeoise eût bientôt produit l'aristocratie financière : celle-ci eût engendré l'aristocratie nobiliaire. D'usurpation en usurpation, on en serait venu au point que l'on eût regardé nécessaire de les consacrer par quelques institutions nouvelles ; voilà le clergé et ses dogmes ressuscités » (novembre 1793).
- Ce qui ne signifie pas que l'idée Républicaine qui émerge chez Paine, Saint-Just ou les autres soient issues de rien. La Révolution est de ce point de vue, issue du projet des Lumières - ce qu'il faut comprendre au préalable (...)
[...] et surtout après le Louisiana Purchase) entre centralisme et fédéralisme (voir The Federalist Papers, très bien analysés dans le manuel d'histoire de la philosophie politique co-dirigé par Strauss et Cropsey, aux PUF). Les forces sociales impliquées poussent dans des sens contraires, avec la domination, évidemment, des intérêts des gros propriétaires. Ceux- ci voient dans Big Government une menace pour leurs affaires, et donc exigent une délimitation restreinte de sa sphère d'action. Enfin, l'esclavage ; la question n'est jamais vraiment abordé dans les premières années de la République : l'esclavage va de soi, et les esclaves ne sauraient être citoyens ! [...]
[...] la spontanéité du Peuple, au-delà des règles formelles : belle agitation, non dans cette œuvre de Gros au titre plus qu'évocateur). III) Des prémisses semblables, une manière de formuler la question : la thématique inclusive de la République américaine et sa déviation libérale. Le noyau des Lumières est presque le même (cf. Paine), même si la tradition philosophique est là davantage anglaise. Toutefois, des circonstances historiques différentes font que la jeune République américaine invente une autre manière de concevoir la République, mais surtout, l'héritage de la tradition libérale anglaise (l'habeas corpus) modifie l'équation. [...]
[...] Les Lumières elles-mêmes invitent à aller plus loin : permettre les conditions concrètes de l'émancipation et trouver un critère du juste. Là est l'œuvre de la Révolution. Le critère est celui de la Fraternité. Le contrat social est pensé comme une association réciproque ; une idée de mutualisation. Vision à la Fichte d'un droit naturel de chacun, ayant sa sphère mais en même temps une idée de réciprocité entre le tout et les parties (qui ne se confondent pas : métaphore de l'arbre pour le corps social, plutôt que la machine ou l'organisme cf. [...]
[...] plus tard, en 1848, les arbres de la Liberté plantés sur les places publiques) Celle-ci doit être concrète : les plus pauvres sont alors la mesure du juste les malheureux sont les puissances de la terre dit Saint-Just : se mettre d'accord sur un critère du juste est complexe : en revanche pour trouver une mesure : facile : l'injustice, et donc les opprimés) et l'économie morale de la foule (EP Thomson : idée d'une association libre de producteurs, en gros), un critère de juste politique économique (vision très mutualisé de l'économie, mais avec la libre entreprise : ni communisme, ni ultra-libéralisme /agiotage dans le langage de l'époque mais philanthropie généralisée (l'assistance au pauvre est un devoir sacré dit Robespierre). v. les mesures, ni libérales, ni collectivistes du Maximum sur les grains, comme exemple de cela. B. Instituer le Peuple. Tout cela suppose un peuple : une volonté générale surplombante, réunion de toutes les volontés (cf. J. Chevallier), en un grand tout (mot que Sieyès utilise en préférence à souveraineté Sorte d'idée que la citoyenneté est un fait de nature. Il faut alors instituer le peuple : cela suppose la régénération (cf. [...]
[...] Cet aspect là impressionna également Tocqueville (sur qui Arendt s'appuie en partie). Mais notez tout de suite que Tocqueville est un libéral (et politiquement un conservateur), pas un républicain (élu du parti de l'Ordre, en 1848, et opposé au régime de la IIe République) : peut-être est-ce un aspect non républicain qui l'impressionne ? (réponse : oui). On a également ce même état d'esprit missionnaire, qui voit dans la diffusion des Lumières un devoir universel (de même que la Révolution, forcée par l'ennemi, exporte la Révolution). [...]
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