Faut-il rendre le vote obligatoire ? - publié le 25/06/2008

Résumé du document

Bien qu'étant récurrente après chaque élection qui a encore une fois battu tous les records d'abstention, la question du vote obligatoire suscite étonnamment peu de débats passionnés et passe relativement inaperçue dans la presse. Cela est dû principalement au fait qu'elle se pose, logiquement, en des moments où l'actualité politique abonde, et où peu de

journaux veulent consacrer de la place à des articles de commentaire qui n'analyseraient pas l'élection qui vient de se passer. La question essentielle sous-tendant le problème du vote obligatoire est celle de la conception du vote comme droit ou comme devoir. Pouvons-nous voter ou devons-nous voter ? Et quand bien même nous devrions voter, l'Etat a-t-il le droit de nous l'imposer, comme cela se fait en Belgique ou en Australie ?

Extraits

[...] Dans une première partie, nous avons accompli nous-mêmes le travail de mise en opposition des arguments afin de présenter les arguments principaux pour et contre l'introduction du vote obligatoire. L'argumentation en faveur du vote obligatoire Cette argumentation est fondée sur une conception de l'électorat -fonction qui permet de contraindre l'électeur à voter Cette argumentation prend sa source en France dans les théories de Siéyès dans Qu'estce que le Tiers-Etat où il proclame que la souveraineté appartient à la Nation, qui donne à ses citoyens le droit de l'exercer par le biais de l'élection. [...]

[...] Tous ces éléments montrent que l'instauration du vote obligatoire ne pose sans doute pas de problèmes techniques d'autant plus, comme il est souvent rappelé, il existe déjà dans le cas des élections sénatoriales en France, pour lesquelles les grands électeurs qui s'abstiendraient sans motif valable se voient infliger une amende de 4,57 la nation pour voter, et que leur vote est donc à la fois un droit et un devoir, une fonction. II) L'argumentation contre le vote obligatoire Problème pratique : le vote obligatoire favoriserait-il les grands partis ou les partis protestataires ? L'argumentation cont re le vote obligatoire est elle aussi conduite à plusieurs niveaux. [...]

[...] Les opposants à cette réforme privilégient la qualité des votes à leur quantité La thèse de l'électorat -droit Un autre angle d'attaque contre la proposition de rendre le vote obligatoire est la t hèse selon laquelle nul ne doit être forcé à participer à la gestion de la cité s'il n'en a pas envie. Le droit de vote serait donc bel et bien un droit, et non pas un devoir. Les tenants de cette thèse ne nient cependant pas forcément qu'une plus grande p articipation électorale serait bonne pour la démocratie, il considèrent seulement que les électeurs ne sont pas forcément responsables de leur désintérêt pour les élections, mais qu'au contraire, ce sont les politiques qui ont failli à intéresser les électeurs. [...]

[...] Sans cette participation au vote, pas de représentation, pas de mandat et, pour finir, pas de démocratie vivante. Finalement, pour beaucoup, le vote obligatoire ne serait pas une mesure visant à museler le mécontentement des abstentionnistes, mais au contraire à les forcer à le formuler à travers l'élection. Ainsi, Laurent Fabius et d'autres défendent simultanément la reconnaissance du vote blanc. Une constatation empirique : le vote obligatoire est efficace Pour prôner les bienfaits du vote obligatoire, d'aucuns se tournent vers les autres pays qui l'ont adopté et soulignent qu'il semble y avoir atteint ses objectifs. [...]

[...] De plus, on constate que la sociologie du vote induit une inégalité électorale, puisque ce sont essentiellement les classes sociales favorisées, aussi bien culturellement qu'économiqueme nt, qui se déplacent pour aller voter. La représentation fidèle de la volonté générale ne serait donc plus assurée, puisque les élus seraient l'émanation de couches précises de la société à l'exclusion de certaines autres. Pour ces raisons, il faudrait ren dre le vote obligatoire, car nul ne peut se soustraire de la volonté générale, à laquelle il participe nécessairement, en tant que membre de la communauté. [...]