Pendant longtemps, c'est la religion qui était le socle de l'Etat. C'est d'ailleurs encore le cas de l'Iran par exemple, Etat musulman. Alors pourquoi ne pas penser que l'Etat et la Nation seront à nouveau séparées prochainement ? D'ailleurs, on voit aujourd'hui ressurgir des Etats religieux. La question est de savoir si la sécularisation en Occident est réversible. Car si la Nation cesse de cimenter l'Etat, quelle sera la nouvelle fondation : la religion ? Quoi qu'il en soit, le modèle de l'Etat-Nation, la réunion de ces deux notions, n'est qu'une parenthèse, ouverte par la France, l'Angleterre et l'Espagne. C'est juste la manifestation étatique la plus courante de la modernité : les Etats-Nation sont les Etats modernes, c'est-à-dire les Etats sécularisées.
L'Etat-Nation se trouve confronté au processus de mondialisation à partir du moment où il s'est transformé en société ouverte. Une société ouverte n'attribue pas une valeur absolue au pouvoir qui la domine : des valeurs extérieures naissent et sont perçues comme supérieures aux valeurs que produit le pouvoir : elles sont transcendantes (...)
[...] C'est pourquoi certains auteurs se demandent si l'on ne va pas vers La fin du politique (Pierre Birnbaum), la fin du rôle spécifique de l'Etat politique. Suite à la mondialisation et l'entrée dans la société de consommation (années la gestion des choses et l'importance du management imposent de se demander si la politique a encore de l'avenir dans la gestion des biens, de se poser la question du commandement des Hommes. Malgré tout, Pierre Birnbaum considère qu'il est trop hâtif de conclure à la fin du politique : pour preuve, la manière dont se sont déroulés les évènements de mai 68 ; le besoin de politique est foncièrement présent. [...]
[...] De même pour Casablanca, avec la présence de juifs et d'espagnols entretenant une relation pacifique et ouverte avec les marocains. C'est cette conception des relations humaines qui est contestée. La question des structures est donc secondaire. Le terrorisme du XXIe siècle est constitué de cellules autonomes plus ou moins reliées aux centres historiques. Il s'agit plus d'une sensibilité et d'un état d'esprit partagés, plutôt que d'une architecture rigide. La structuration dans de grandes machineries hiérarchisées et centralisées n'est pas nécessaire pour fonctionner. Al Quaïda s'est ainsi renforcé en se déstructurant après 2001. [...]
[...] Un Islam caractérisé par l'universalisme Au même titre que le Christianisme ou le Judaïsme, l'Islam est une religion monothéiste. Or, le monothéisme, au-‐delà de la dimension numérique, implique une perception abstraite de la religion : la divinité ne saurait être territorialisée ; elle transcende tous les territoires. Il y a donc au fondement du système de croyance qui caractérise l'Islam une perception de l'universalisme, un universalisme religieux. À partir du moment où la divinité est perçue comme un universalisme transcendant, alors que la réalité politique se centre sur des territoires (les Etats sont marqués par des particularismes politiques), l'ajustement ne sera jamais parfait : c'est la première étape d'une séparation du temporel et du spirituel. [...]
[...] Cette pratique empreinte l'argumentation du Choc des civilisations. D'autant plus que, par opposition à ce qui motive l'action, les responsables politiques vont de plus en plus diaboliser l'adversaire. Une pratique caractérisée par la diabolisation Bush déclare que la civilisation est en guerre contre la barbarie Le révérend Franklin Graham, un dirigeant de la droite religieuse américaine qui connaît une réelle notoriété, déclare que l'Islam est une religion pernicieuse et viciée Il y a une vraie mal-‐compréhension de la théorie du Choc des civilisations. [...]
[...] La dépolitisation des sociétés occidentales Dans les années 45, la pensée marxiste apparaît comme incontournable, elle occupe tout l'horizon intellectuel. Or, dès le début des années 60, le sociologue américain Daniel Bell affirme le déclin définitif des idéologies hégémoniques dans le monde occidental. Il suscite beaucoup de réactions mitigées, au moment où la voix de Staline résonne encore (même s'il est mort et si son pouvoir s'effrite). Pour expliquer cette désillusion, il évoque l'influence des procès de Moscou et du rapport Kroutchov (février 56 : dénonciation des crimes commis par Staline), et l'épanouissement de l'Etat-‐Providence (réponse à la demande sociale, il réduit l'espace de la pensée politique radicale ; inversement à ce qui se passe aujourd'hui, où cette pensée est réactivée, alors que les cas de marginalisation se sont multipliés). [...]
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