Ministre, Président du Conseil et de la magistrature suprême sous la troisième République, Raymond de Poincaré se définissait dans sa fonction présidentielle comme un « manchot constitutionnel ». Ainsi, loin de l'exigence des lois constitutionnelles de 1875, la troisième République semble effacer et restreindre l'ascendant de l'exécutif au profit d'une paralysie et d'une impuissance du pouvoir quant à l'expression de sa politique et de ses fonctions.
[...] Vouloir autre chose serait une nouvelle révolution et la plus redoutable de toutes Cette évolution de Thiers ainsi que les succès électoraux des radicaux aux élections partielles, conduise Thiers à démissionner. Son départ ouvre la question de la nature du régime, compliquée par l'attachement obstiné du Comte de Chambord, prétendant monarchiste, au drapeau blanc. L'Assemblée à prédominance monarchiste- prolonge le provisoire en confiant la présidence de la République à un monarchiste, le maréchal de Mac Mahon, le 24 mai 1873 et simultanément, charge une commission de proposer de nouvelles institutions. La cause de la République peut sembler perdue. [...]
[...] En effet, la liste est impressionnante (cf Loi constitutionnelle du 25 février 1875 article 3 et 5 ; Loi constitutionnelle du 16 juillet 1875 article et 8). En ce sens, il nomme les ministres, détient le pouvoir exécutif, le pouvoir règlementaire, le droit d'exiger une nouvelle délibération, le droit de grâce, le commandement de la force armée. Il négocie les traités internationaux qu'il ratifie après l'approbation des Chambres, il représente la France à l'intérieur et à l'extérieur, il envoie et reçoit les ambassadeurs. Il partage l'initiative des lois et des révisions de la Constitution. [...]
[...] A cet égard, l'influence monarchique des constituants et notamment l'importance des pouvoirs attribués initialement au Président par les lois constitutionnelles de 1875 vont-elles être effectives au fil des évolutions politiques et des Présidences de la République sous la Troisième République ? Si en théorie, les lois constitutionnelles de 1875 traduisent, dans la tradition monarchique, une haute idée des pouvoirs du chef d'Etat on assiste, dans la pratique de la Troisième République, à une rupture totale avec ces lois par laquelle le Président de la République - et plus généralement, le pouvoir exécutif-sont soumis aux Chambres (II). [...]
[...] La Troisième République fut stricto sensu le régime politique de la France de 1875 à 1940. Cependant, on inclut généralement sous cette appellation les cinq années d'hésitation précédant ce régime depuis la chute du Second Empire en 1870. Le 4 septembre 1870, dès l'annonce de la défaite de Sedan et de la captivité de Napoléon III, des députés républicains de Paris, dont Gambetta, Jules Ferry et Jules Simon, proclament la Troisième République et forment un gouvernement provisoire. Malgré quelques sursauts, les armées françaises ne peuvent repousser celles de Prusse et ses alliés et, Paris, où demeure le gouvernement, est assiégé. [...]
[...] Mac Mahon réplique en procédant à la dissolution de la Chambre des députés avec l'accord du Sénat. La campagne se déroule dans un climat extrêmement tendu et offre un nouveau succès électoral aux républicains. Mac Mahon tente alors de dissoudre une nouvelle fois la Chambre mais, n'obtenant pas l'accord du Sénat, il se résigne à démissionner. Ainsi, bien que la présidence de la République fût dotée, au départ, de pouvoirs conséquents, Mac Mahon, en usant inopportunément de la dissolution, affaiblit la Présidence et par son échec, illustre la faiblesse profonde de l'institution. [...]
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