Dans les sociétés européennes, le pouvoir politique a évolué vers des formes de plus en plus centralisées. L'administration, la bureaucratie et l'organisation centralisée de l'Etat font l'objet de travaux d'historiens depuis de nombreuses années. L'analyse du pouvoir pastoral a donc pour principal enjeu de retracer une autre évolution, moins connue mais non moins importante pour les société modernes, qui est en apparence (mais seulement en apparence) éloignée de l'évolution vers un Etat centralisé. Cette autre espèce de transformation qui touche les mêmes relations de pouvoir que la centralisation de l'Etat, c'est le pastorat politique (...)
[...] Le pouvoir pastoral dans la littérature chrétienne Ces problèmes semblent fort lointains, or en réalité, ils couvrent l'histoire occidentale dans sa totalité et importent encore pour les sociétés contemporaines. Ils renvoient aux relations entre le pouvoir politique à l'œuvre au sein de l'Etat en tant que cadre juridique de l'unité et un pouvoir que nous pouvons appeler ‘‘pastoral'', dont le rôle est de veiller en permanence à la vie de tous et de chacun, de les aider, d'améliorer leur sort Foucault voit dans le problème de l'Etat-providence l'une des extrêmement nombreuses réapparitions du délicat ajustement entre le pouvoir politique exercé sur des sujets civils et le pouvoir pastoral qui s'exerce sur des individus vivants Il va ainsi mettre en lumière quelques aspects importants dans l'évolution du pastorat, i-e. [...]
[...] Il ne l'était pas entièrement cependant, puisque Platon reconnaissait la qualité de pasteur au médecin ou au cultivateur, mais il leur refusait de se mêler d'activités politiques. Le politique n'aurait pas le temps d'aller voir chaque personne en particulier, seul un dieu de l'âge d'or le peut ou bien un médecin ou un pédagogue responsable d'un petit nombre d'individus. Le politique est donc entre les dieux et les bergers : il ne peut pas être un pasteur. Sa tâche ne consiste pas à entretenir la vie d'un groupe d'individus, mais à maintenir l'unité de la cité. [...]
[...] Sur ce point d'ailleurs, le pastorat chrétien diverge totalement de la pensée grecque. Un Grec n'obéit que parce c'est la loi ou la volonté de la cité qui lui commande d'obéir. Il ne suit la volonté de quelqu'un (médecin, orateur ou pédagogue) que si cette personne l'a persuadé rationnellement de le faire et toujours dans un dessein déterminé : se guérir, apprendre ou faire le meilleur choix. Dans le christianisme, l'obéissance au pasteur se fait dans le cadre d'une soumission personnelle : sa volonté est accomplie non parce qu'elle est conforme à la loi, mais parce que telle est sa volonté, quand bien même elle paraîtrait absurde[14]. [...]
[...] Ibid. Ibid., p Ibid., p Les citations données par Foucault sont extraites de Platon, Le Politique (trad. A. Diès), Paris, Les Belles Lettres, Collection des universités de France 311c, p Ibid. p Ibid. Ibid. Ibid., p Dans les Institutions cénobitiques de Cassien, on trouve maintes anecdotes édifiantes dans lesquelles le moine trouve son salut en exécutant les commandements les plus absurdes de son supérieur. [...]
[...] Foucault propose une autre manière d'étudier les liens entre la rationalisation et le pouvoir qui part de l'expérience fondamentale qui est le problème de l'individualité, c'est-à-dire le problème du rapport entre l'identité et le problème du pouvoir individualisant. Il propose une analyse du pouvoir pastoral comme pendant à une centralisation du pouvoir étatique. Il va donc s'agir de présenter l'origine de la modalité pastorale du pouvoir, sachant que le pastorat n'a pas encore connu le processus de révolution profonde qui l'aurait mis en congé de l'histoire I. [...]
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