Politisation ou dépolitisation, le rapport du citoyen à la chose politique en démocratie, participation électorale, engagement, répertoires d’action
C'est une question primordiale. Il est évident qu'en une cinquantaine d'années, la politique a beaucoup changé. Après la Seconde Guerre mondiale, on a dans les sociétés occidentales une confiance élevée, une forte participation, le vote est considéré comme un devoir électoral, les citoyens les plus actifs sont engagés dans des partis. Cela n'a plus cours : on a parlé de dépolitisation. Le premier grand colloque scientifique sur la question a lieu dans les années 1960. Est-ce un mythe ou une réalité ? On ne le découvre pas, mais c'est quelque chose qui se renforce singulièrement dans ces dernières années. On a une désaffection des citoyens français pour la politique, une perte de confiance dans les hommes politiques, les sondages l'indiquent : les Français n'ont pas confiance dans les hommes politiques, ils ont peu de considération pour la profession (après les prostituées), mais c'est à nuancer et il y a des contradictions. Les sondages indiquent quelque chose s'il y a continuité : la perte de confiance dans la classe politique est indiscutable. Est-ce qu'on a alors une dépolitisation ? La réponse n'est pas simple. Oui il y a dépolitisation à cause de l'irruption de la société de consommation, la consommation de masse se développe tellement rapidement que les aspirations matérielles prennent le pas sur les valeurs citoyennes. C'est une réponse trop simple, prolongée par la position : oui il y a dépolitisation, car l'individualisme l'a emporté sur les valeurs collectives, les citoyens sont préoccupés par « je » plus que « nous », ceci est alimenté par la consommation qui ne s'est pas ralentie, au contraire, et par l'influence des médias qui poussent à la consommation et mettent en scène volontairement l'individu (téléréalité…).
[...] Il est très difficile de dire si ce comportement va résulter d'une analyse rationnelle ou de l'émotion. La plupart du temps c'est un mélange des deux. Or, la croissance tendancielle de l'abstention s'explique par le fait que deux considérations interviennent pour tirer la participation par le bas : - Atténuation des clivages politiques entre les partis pouvant accéder au pouvoir (les partis de gouvernement il y a une certaine convergence des programmes des grands partis politiques, un affaiblissement des grands affrontements idéologiques. [...]
[...] Les dispositifs participatifs sont hétéroclites, mais ils ont pour point commun d'examiner les choix collectifs de manière publique et pluraliste en y impliquant les citoyens ordinaires. On peut les regrouper en plusieurs grandes familles : - Le référendum (rattaché à la démocratie directe plutôt que participative), c'est une votation, mais il n'y a pas de délégation. - La démocratie consultative, des conseils (institutions, de plus en plus nombreuses à tous les niveaux de collectivités publiques, composées de citoyens ordinaires, qui vont être consultés par les élus). [...]
[...] Tous les cas de figure sont possibles en matière référendaire. Lorsque le référendum est incorporé au fonctionnement normal de la démocratie, c'est un outil de participation : il donne la parole aux citoyens et pèse sur le rôle des élus (référendum d'initiative populaire à valeur abrogative en Suisse). Le référendum a cependant des défauts : il n'offre comme type de décision qu'un choix brutal entre le oui et le non (la formulation de la question est essentielle, le référendum va souvent être détourné de son objet particulier, car il va agréger les mécontents et va représenter une forme de vote de défiance plutôt qu'une véritable doctrine sur le sujet en débat), il y a un risque de référendum plébiscitaire. [...]
[...] Les partis politiques ont donc traditionnellement fourni la figure de référence de l'engagement politique avec leurs militants. Un parti politique se définit comme une organisation durable qui vise à s'emparer du pouvoir et à l'exercer et qui recherche un soutien populaire à travers l'élection ou d'autres manifestations. Cette définition permet de distinguer les vrais partis des formes intermédiaires ou analogues cliques factions personnelles, groupes de pression, Parti Chasse Pêche Nature et Tradition, clubs, sociétés de pensée, think tanks Convention des Institutions Républicaines aux débuts de Mitterrand Cette figure du militantisme est en déclin. [...]
[...] Or il y a un certain flou des clivages, les partis sont de moins en moins investis de causes identifiées à une organisation donnée. - Tout ce que le militantisme a porté est en rétraction, en affaiblissement. On s'engage pour une cause, mais on en attend des rétributions, souvent symboliques, parfois matérielles. Il y a sur ces deux plans une régression, très nette en ce qui concerne les rétributions symboliques (on cherche dans l'engagement la chaleur de l'action collective). Cet aspect du militantisme ne subsiste aujourd'hui que dans les partis des extrêmes. [...]
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