France, vie politique, République, Sénat, affaire Dreyfus, Parti radical, républicains, Empire, Restauration, IIIe République, constitution Grévy, Napoléon III, monarchistes, légitimistes, Jules Ferry, Jules Grévy, Jules Simon, Second Empire, Adolphe Thiers, Etat-Major, Commune, Concordat, Bismarck, loyer modéré, divorce, orléanistes, orléanisme, Léon Gambetta, président de la République, Mac Mahon, suffrage universel, Clémenceau, bonapartistes, Palais Bourbon, loi d'exil, SFIO, charte d'Amiens
Parler de vie politique revient à parler des institutions (textes institutionnels, pratiques institutionnelles, car parfois les deux ne sont pas en accord), de la quête et de l'exercice du pouvoir, des dimensions idéologiques des partis, les rôles des médiateurs de l'opinion publique, etc.
De 1870 à 1914, le débat politique est surtout agité par la question de régime et la question religieuse. On peut donc faire apparaître différents paradoxes : Comment comprendre qu'une République née par hasard et avec des conditions peu propices ait pu se mettre en place et s'enraciner durablement alors que la République était souvent associée à la Révolution par les Français ? Comment expliquer la capacité du mouvement républicain modéré à pérenniser sa place durable au pouvoir de 1870 à 1914, et ceci sous la forme d'un courant opportuniste puis radical ?
Faut-il y voir la responsabilité d'abord de leurs adversaires incapables de surmonter leurs obstacles ? Peut-être le fait que les Républicains au pouvoir ont produit une culture républicaine et des politiques en adéquation avec les Français qui appartiennent à une société changeante. Ou alors en réussissant à bâtir un socle social suffisamment solide favorable à la République ? Peut-être que le contexte n'était pas si défavorable que ça ? Ou alors en construisant des mutations structurelles de la société qui va dans le sens de la République ? Faut-il y voir l'habileté des Républicains ?
Nous aborderons ces interrogations de façon chronologique. Dans une première partie, nous verrons la période de 1870 à 1879, notamment la « Constitution Grévy » (I), puis la période de 1879 à 1899, marquée par l'Affaire Dreyfus (II), et enfin la période de 1899 à 1914 (III).
[...] 1870-1879 : la vie politique est dominée par la mise en place à priori surprenante de la République et sa conquête des Républicains due aux circonstances, mais aussi à l'habileté de ces derniers La chute inattendue de l'Empire débouche sur une situation politique instable et à priori favorable aux monarchistes La République nait par hasard d'une « divine surprise » pour les Républicains s'ils n'étaient pas patriotes et anticléricaux Nous sommes dans le contexte de la défaite : Napoléon III s'est engagé dans une guerre contre la Prusse en croyant qu'il pouvait avoir le dessus. Cela a conduit à la défaire lors de la bataille de Sedan en septembre 1870, et Napoléon III est capturé par les forces ennemies. L'Empire (en place depuis 1851) qui aspirait à la grandeur (grandeur coloniale en s'installant en Algérie pour y monter un Empire Arabe, volonté de jouer un rôle en Europe . [...]
[...] Sociologie du parti qui est en adéquation avec la société : le parti radical s'affirme comme le parti des classes moyennes et par essence des zones rurales. Un radicalisme qui domine aussi parce que les idées du PR sont relayées dans la société par un certain nombre d'organisations qui lui permettent de s'implanter et d'exercer une influence importante dans la société (dans le cadre du monde agricole La Fédération nationale de la mutualité de la coopération agricole, Le comité Masturaud dans le commerce, les francs-maçons, La ligue de l'enseignement . [...]
[...] : - En favorisant la colonisation que ne peut être que source de profit pour ces milieux d'affaires - En mettant en place une République conservatrice et non sociale (pour ne pas effrayer les bourgeois économiques) - Promesse de protéger les intérêts de l'économie française = protectionnisme - Oubli délibéré des ouvriers en se disant que ce n'est pas grave pour deux raisons : - Ils ne voteront jamais pour les monarchistes - Il n'y a plus de dangers ouvriers, car la commune a écarté la révolution ouvrière Capacité des Républicains, à la différence des monarchistes, à se mobiliser pour diffuser les idées républicaines en utilisant les militants locaux, les feuilles départementales, les relais franc-maçonniques, en parlant de la République dans les lieux de sociabilité, en organisant des banquets républicains . Ils sont beaucoup plus unis que les monarchistes. [...]
[...] Ces républicains modérés bénéficient aussi du retrait des socialistes dans les années 1880. Certes le courant socialiste connait une forme de renouveau à partir du tournant des années 70-80, car c'est la fin de la Loi d'exil donc les anciens communards peuvent revenir en métropole en 1879 ; les socialistes bénéficient de la mise en place d'un système de liberté dans la République, mais alors ils ne peuvent pas s'opposer au régime ; les socialistes se réorganisent dans des structures : Fédération des Travailleurs Socialistes de France créée en 1879, organisation partisane qui semble pouvoir donner un contenu politique aux socialistes, mais dans les années 1880, les socialistes ne peuvent être considérés comme une menace, car ces courants socialistes sont émiettés en différentes tendances : Tendance anarcho-syndicaliste qu'on retrouve notamment dans le monde du travail (chambre syndicale tolérée depuis 1870) et où le mode d'action est moins politique que syndical, par le biais de la grève Tendances plus politiques, mais qui elles-mêmes se divisent : Tendance réformiste : les broussistes ou les possibilistes qui défendent un socialisme réformiste qui par petite touche va pouvoir transformer la cause des ouvriers Tendance plus radicale : les blanquistes, qui envisage le recours à l'Etat comme force de transformation de la société après une révolution Tendance marxiste : POF (Parti Ouvrier Français) avec Jules Guesde qui reprend l'essentiel de la doctrine marxiste Tendance anarchisante qui connait une dérive au début des années 1890 avec du terrorisme qui reprend le nihilisme russe Les allemanistes qui se pensent un peu comme au carrefour de tous ces courants en n'excluant aucune solution : le principe du réformisme, le principe de la grève générale, le principe de la révolution Ce courant socialiste est divisé faisant qu'ils apparaissent comme peu crédibles comme force d'opposition aux républicains modérés. [...]
[...] Cela entraine la démission immédiate de Jules Simon, qui ouvre alors le débat : le président du conseil est-il responsable ou non devant le président de la République ? On retrouve les deux interprétations divergentes : Pour les monarchistes ralliés à la République, oui ; cela aboutit à une définition présidentialiste de la République Pour les républicains, il est impensable qu'un président du conseil qui tire sa légitimité de députés élus directement au suffrage universel puisse être responsable devant un président de la République qui a été élu indirectement par des sénateurs qui n'ont pas été élus au suffrage universel direct. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture