Sciences politiques, attentes, Etat, Etat-Providence, réforme de l'Etat, impuissance publique
La revue Esprit de fév. 2013 a consacré un dossier à l'Etat : "Face à l'impuissance publique".
A l'automne 2013, le gouvernement français annonçait le lancement de 34 projets industriels innovants, financés par l'Etat et associant des efforts publics et privés. Beaucoup d'observateurs ont considéré qu'il s'agissait là d'une résurgence de la traditionnelle politique interventionniste française de l'Etat dans l'économie (associée à Jean-Baptiste Colbert, le ministre de Louis XIV).
Pourtant, une telle conception de l'Etat semble à la fois surprenante et datée. Aujourd'hui, l'efficacité du marché est constamment valorisée. Le SP ne constitue plus un idéal. La construction européenne et la mondialisation économique et financière rappellent quotidiennement les limites qui s'imposent à l'action des Etats. Dans tous les domaines, le rôle de la puissance publique semble régresser, tandis que les droits des individus font de + en + obstacle aux prérogatives de l'Etat. En France, c'est ce qu'ont souligné 2 Pm de tendances politiques opposées, qui ont pris leurs fonctions à 10 ans d'intervalle :
- Lionel Jospin avait déclaré "L'Etat ne peut pas tout faire."
- François Fillon avait parlé d'un "Je suis à la tête d'un Etat en situation de faillite".
[...] destinée à remplacer la charité de l'Eglise. C'est ce que théorise La Rochefoucauld- Liancourt dans son Rapport du comité de mendicité de 1790 : "Aucun Etat encore n'a considéré les pauvres dans la Constitution. Beaucoup se sont occupés de leur procurer des secours, beaucoup ont cherché les principes de cette administration, quelques-uns en ont approché ; mais dans aucun pays les lois qui l'établissent ne sont constitutionnelles. On a toujours pensé à faire la charité aux pauvres, et jamais à faire valoir les droits de l'homme pauvre sur la société, et ceux de la société sur lui. [...]
[...] Est- ce que la forme historique de l'Etat ne va pas disparaître ? Dans ce cas, sur quoi fonder le vivre-ensemble ? I. Naguère encore perçu comme une nouvelle Providence, l'Etat semble aujourd'hui caractérisé par une certaine impuissance. A. Les citoyens ont longtemps pensé que l'Etat pouvait tout, notamment en France Le besoin de sécurité constitue peut-être le fondement du contrat social et l'origine de l'Etat. En philosophie, Thomas Hobbes (anglais, 1588-1679) a développé l'idée que l'Etat était né d'un besoin de sécurité. [...]
[...] Aujourd'hui, beaucoup estiment, pour s'en réjouir ou le déplorer, que l'Etat ne peut plus rien Des courants philosophiques pourtant opposés annoncent depuis longtemps le "dépérissement de l'Etat". On a 3 courants qui annoncent depuis longtemps la fin de l'Etat. L'anarchisme. Refus de tout pouvoir, refus de l'Etat, refus de tout endoctrinement / embrigadement . mais pas nécessairement refus de l'ordre. Les anarchistes affirment qu'un ordre spontané est possible, et que l'absence d'Etat ne signifierait pas forcément le retour à un état de nature hobbesien. Proudhon, Bakounine, Kropotkine. Le 1er a largement polémiqué avec Marx ; on lui doit notamment "La propriété, c'est le vol." Le marxisme. [...]
[...] Enfin, loin d'être une forme figée, l'Etat évolue, s'adapte en fonction des attentes de la société. Il a beaucoup changé depuis le XIXème siècle, et les citoyens ont la possibilité de le faire évoluer, notamment en s'engageant dans la vie de la cité pour réformer l'Etat et le rendre plus aimable. Autre bonne citation de Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra (1885) : "L'Etat est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement ; et voici le mensonge qui s'échappe de sa bouche:' Moi, l'Etat, je suis le Peuple'." Nietzsche sous-entend par-là que l'Etat n'est pas neutre et défend des intérêts particuliers. [...]
[...] Les SP sont désormais ouverts à la concurrence. L'Etat est plus transparent, plus modeste, mais aussi plus agile, plus ouvert sur la société, grâce aux AAI. Transition : L'Etat est beaucoup moins surplombant que naguère, à l'écoute de la société qui peut l'investir de ses attentes. B. Aussi, l'Etat demeure indispensable pour organiser le vivre-ensemble et donner un sens à l'existence collective Aucune forme sociale ou politique ne semble susceptible de remplacer l'Etat à brève échéance. On ne voit pas de successeur à l'Etat. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture