Cours de Sciences politiques sur les enjeux politiques et plus particulièrement l'obéissance démocratique. Cours axé sur l'élection à partir d'une analyse de la pratique du tirage au sort pour questionner la domination de l'élection aujourd'hui.
[...] Dans tous les cas, cela nous amène à réfléchir sur l'obéissance démocratique, ce qu'est la démocratie aujourd'hui . L'impartialité du choix : La procédure est neutre : on confit au hasard organisé (ce n'est pas un pur hasard : dans la démocratie athénienne, il fallait être candidat au tirage au sort pour être tiré au sort ; et seulement certains pouvaient être candidats . Le tirage au sort se comprend aussi en comparaison à l'élection : la démocratie athénienne combinait les 2 (tirage au sort pour les 600 des 700 fonctions publiques, le reste pour l'élection). [...]
[...] Le tirage au sort assure l'impartialité du choix et la rotation des charges : C'est une pratique très ancienne, probablement plusieurs milliers d'années avant Jésus-Christ : on en fait état dans la civilisation sumérienne, avec une interprétation métaphysique, religieuse du tirage au sort. C'est d'ailleurs resté : le hasard est souvent habité par une référence métaphysique. Cela a été utilisé dans la démocratie athénienne, aux -Ve et -VIe siècles, au temps de Périclès (cf. le livre de Hansen). Dans la République romaine, aussi, mais de façon combinée avec l'élection. Il a été utilisé au Moyen Âge et jusqu'au XVIIIe siècle, de manière régulière. Que ce soit par les communautés religieuses chrétiennes, ou par les communes républicaines italiennes : gouvernement des communes. [...]
[...] L'élection, par les raisons indiqués supra caractérisent l'aristocratie. Aristote, Les Politiques : Je veux dire, pour prendre un exemple, qu'il est considéré comme démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort et comme oligarchique qu'elles soient électives, comme démocratiques qu'elles ne dépendent pas d'un cens et comme oligarchiques qu'elles dépendent d'un cens Montesquieu, De l'Esprit des lois : Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie ; le suffrage par le choix est de la nature de l'aristocratie. [...]
[...] Le tirage au sort ne donne pas le sentiment que l'on a participé au choix des gouvernants ou des représentants : on peut avoir le sentiment d'avoir participé au choix de la technique, si l'on est la 1ère génération, ceux qui l'instituent. Mais c'est un pouvoir que l'on exerce une fois seulement : on n'engage pas sa volonté, on ne choisit pas soi-même les gouvernants et représentants. Cette idée qui émerge alors au Moyen Âge va venir compliquer la vie du tirage au sort, en conditionnant la reconnaissance d'un décret, d'un acte politique, par un certain niveau d'acceptation de celui qui devra par la suite se soumettre et obéir. C'est ce que relève précisément B. [...]
[...] Le tirage au sort produit donc des résultats incontestables : on n'a pas l'impression d'avoir perdu ; il n'y a pas de soupçon (si on fait l'hypothèse de la technique transparente). Le tirage au sort favorise donc le ralliement aux résultats, et donc un consentement à l'ordre politique. Le tirage au sort produit des élites ordinaires, modestes, non- aristocratiques. Du moins dans un système culturel où le hasard n'exprime pas le choix divin (à l'inverse, le choix du hasard peut être un marqueur de signification glorification). Le hasard ne fait donc pas de nous des chefs des glorieux. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture