La nation : conceptions allemande et française

Résumé du document

La nation est un terme abstrait désignant un groupe social établi sur un territoire défini et présentant une unité historique, politique et culturelle. Ce groupe a une volonté de vivre ensemble. La notion de territoire est importante dans la création d'une nation. En effet les géographes ont participé à la construction de la conscience nationale en établissant des représentations de l'espace, ainsi que des rapports entre l'homme et cet espace. La notion de nation a une connotation et une visée politique aujourd'hui et est associée à l'Etat.

Il existe deux définitions principales, élaborées à partir des expériences nationales françaises et allemandes : une issue de la philosophie allemande du début du XIXe siècle, défendue par exemple par Johann Gottlieb Fichte, selon laquelle les membres d'une nation partagent des caractéristiques communes comme la langue, la religion, la culture, l'histoire, voire les origines ethniques, ce qui les différencient des membres des autres nations. Une autre, issue de la philosophie française du XVIIIe siècle et liée à la Révolution française, insiste par contre sur la volonté de « vivre ensemble », la nation étant alors le résultat d'un acte d'autodéfinition. C'est la vision d'Ernest Renan. La première définition est parfois nommée « objective », et la deuxième « subjective ».

Extraits

[...] De plus, elle est un principe spirituel et se résume dans le désir clairement exprimé de vivre ensemble et dans la volonté de faire valoir l'héritage qu'on a reçu selon Ernest Renan. Il y a un sentiment d'appartenance nationale qui exclue la discrimination. Les citoyens sont réunis autour d'un passé, d'une langue, d'une tradition commune. [...]

[...] Le passage du cosmopolitisme au nationalisme s'est produit sous la pression de la domination napoléonienne. L'annexion de la Rhénanie par la France est vue comme la suppression d'une partie du territoire national.En 1803, Napoléon Bonaparte réorganise le Saint-Empire qui passe de plus de 300 États à une centaine. Face à la domination napoléonienne, se développe l'idée d'un Reich germanique futur Cependant, ce sentiment national propagé par les romantiques n'est vraiment actif que dans des milieux militaires et fonctionnaires prussiens et ne s‘est développé que dans de petits cercles. [...]

[...] Ce sentiment national va être renforcé par l'écriture d'une histoire nationale traduite en français. A partir de 1789, la nation s'affirme souveraine, elle n'a plus besoin de référent comme l'était l'Etat royal auparavant. La Nation est définitivement officialisée souveraine par l'article 1 de la constitution de 1791. L'idée de nation au sens français La nation française s'est constituée au départ par un territoire nettement défini. Elle s'oppose par son caractère universaliste à la vision allemande qui a une conception organique . [...]

[...] Les Allemands sont enfin regroupés dans un État unitaire démocratique. L'idée de nation au sens allemand La nation est considérée comme un être vivant engendré par l'action d'une force vitale dont les coutumes, les croyances, les traditions et les droits populaires sont les principales manifestations. Les origines y sont ici exaltées. C'est donc une vision ethnoculturelle de la nation qui a une dimension holistique. De plus, l'État est vu avec méfiance et pourrait corrompre la nation : l'organisation politique est plutôt imaginée dans de petites structures de manière qu'il puisse y avoir une présence physique du peuple La nation est ici considérée comme une coexistence de peuples sans hiérarchie prédéfinie. [...]

[...] Cependant, la notion du sentiment national ne l'était pas encore. Dès le IXe siècle, le royaume des Francs a un territoire délimité constitué de l'Aquitaine, du bassin parisien en passant par Orléans et s'étendant jusqu'à la Meuse et le Rhône. Les régions constituant ce royaume sont presque tout de langues romanes, permettant ainsi une certaine cohérence culturelle. La future langue française semble ainsi vouée à jouer un rôle important dans la construction du sentiment national français. Nous pouvons estimer que la création d'un sentiment national s'est faite lors de la Guerre de Cent Ans contre les Anglais selon l'historienne Colette Beaune. [...]