Cours de Sciences politiques niveau Master sur les mouvements sociaux.
[...] Car si les mouvements sociaux peuvent utiliser des arènes* institutionnelles (les médias, le parlement, les élections, les tribunaux, etc.), ils sont souvent d'abord un moyen d'y avoir accès. La visibilité qu'ils acquièrent par leurs actions permettra à certains groupes d'attirer l'attention des médias sur le problème qu'ils soulèvent et ainsi d'élargir leur audience, mais elle peut aussi leur permettre d'avoir accès à des espaces qui leur étaient jusqu'alors fermés : associations entendues comme témoins dans un procès ou auditionnées par une commission parlementaire, porte-parole reçu par un ministre, leaders ou militants d'un mouvement social invités à prendre place sur une liste électorale Mais, s'en tenir à cette explication serait doublement réducteur. [...]
[...] ) ou faible (signer une pétition, assister à une réunion mais toujours supérieur à celui de l'inaction, considéré comme nul. L'objet de ces mobilisations est presque toujours l'obtention d'un bien collectif, profitant de façon identique à tous les membres du groupe (latent) et non aux seuls individus ayant pris par part à l'action collective (augmentation de salaire pour les salariés de telle entreprise/branche, ouverture d'une crèche ou rejet d'un projet de centrale nucléaire dans la commune . Dès lors, sachant qu'il bénéficiera des avantages acquis si les revendications aboutissent, l'individu rationnel a tout intérêt à s'épargner les coûts de l'action collective et à se comporter en “passager clandestin”. [...]
[...] Une partie de la réponse peut être recherchée dans des rapports différents à l'activité militante : McAdam montre ainsi que la probabilité de l'engagement croît lorsqu'un individu est déjà au contact de militants, qu'il est plus disponible professionnellement et familialement et que ses projets reçoivent le soutien de son entourage3. Elle peut aussi s'appuyer sur une conception élargie des rétributions du militantisme. En mettant l'accent sur les dimensions morales et psychologiques de ces rétributions, il semble possible d'échapper au caractère universel du postulat de rationalité et d'envisager des attentes et des bénéfices plus individuels. [...]
[...] Davies, “Toward a theory of revolution” American sociological review, vol p.519, puis Ted R. Gurr, Why men rebel, Princeton, Princeton University Press Alexis de Tocqueville, L'Ancien régime et la Révolution, Paris, Gallimard/Folio [1856], p.277- stabilisation du niveau de satisfaction des besoins à un niveau supérieur à ce qu'il était avant la période de prospérité fera naître un écart entre ce niveau désormais stable et des attentes qui continuent de croître. A ces deux cas de figure qu'il baptise frustration du déclin et frustration progressive Ted Gurr ajoute la possibilité que, dans une situation de prospérité, les attentes des individus croissent plus vite que leur satisfaction réelle frustration des aspirations montantes Si l'hypothèse centrale de Gurr est que le potentiel de violence collective varie fortement avec l'intensité et l'étendue de la frustration relative parmi les membres d'une collectivité il est néanmoins conduit à prendre en compte plusieurs autres variables permettant d'expliquer que des situations caractérisées par un potentiel similaire de violence ne s'actualisent pas dans des explosions comparables de violence collective : traditions et exemples passés d'usage de la violence dans un groupe donnés (soutiens rencontrés, résultats obtenus . [...]
[...] L'attitude de l'opinion publique à l'égard du mouvement ne se construit pourtant pas que dans le temps de sa mobilisation et semble en partie lié à son image préalable. Selon quelle sera positive (infirmières, pompiers) ou plus mitigée (chômeurs, intermittents du spectacle), cette image constituera une ressource ou une contrainte parfois forte pour le mouvement dont elle élargit ou restreint l'éventail des actions envisageables CONTAGION, COLÈRE ET FRUSTRATION Un aïeul de l'analyse des mouvements sociaux est parfois identifié dans les analyses qui, au tournant des 19e et 20e siècles, entre sociologie et psychologie, entendaient mettre au jour la psychologie des foules1. [...]
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