La communication est indubitablement un enjeu de démocratie, de même que le contrôle de la communication est un instrument essentiel du jeu géopolitique depuis la fin de la guerre froide. Avec l'avènement des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC), l'on peut s'interroger si cette dernière n'est pas plus porteuse d'une société enfin transparente, démocratique et solidaire que ne l'étaient des utopies plus anciennes, fondées sur d'autres modes de communications, en questionnant la notion de liberté, à laquelle le discours dominant associe la communication. Partant de l'analyse des discours politiques d'accompagnement de la « société de l'information », il s'agit de fonder la critique sur l'analyse de trois « vertus » qui seraient attribuées à la communication : dégagée de toute contrainte et de toute violence, positive et libératrice par nature, et enfin jeune, voire « jeuniste ». En démontant le mécanisme de ces discours, on peut d'emblée montrer que l'objectif sous-tendu est en fait la destruction de l'idée même de société, par l'apologie de l'individu.
[...] Devant cette faillite du politique, devant la démission des États, devant leur inaptitude à instaurer des formes réelles de démocratie, il est normal de constater le rôle grandissant de la société civile nationale et internationale, pour apporter une autre information, dire son opposition à ce modèle de société de marché et proposer d'autres modèles de développement. Cette société civile s'organise au niveau international. Mais sera-t-elle capable de faire émerger une citoyenneté mondiale ou simplement européenne ? Bien que porteuse d'espoirs, apparaissant comme le dernier rempart contre la globalisation marchande, n'est-elle pas en même temps porteuse de l'exclusion du grand public ? Quelle est finalement sa légitimité réelle, sinon celle de sa propre activité et de sa capacité à imaginer de nouveaux modèles ? [...]
[...] D'autre part, la communication politique suscite une certaine méfiance de la part des citoyens en raison des connotations de propagande et de marketing qui lui sont associées. Dominique Wolton, docteur en sociologie politique, considère la communication politique comme l'espace où s'échangent les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la liberté de s'exprimer publiquement sur la politique et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l'opinion publique au travers des sondages . Mais la bataille d'hier pour le suffrage universel a cédé la place à une lutte pour le suffrage instantané avec le développement des techniques de communication. [...]
[...] Elle est aussi totalement contrôlée, l'enjeu étant de posséder à la fois les infrastructures et les contenus de la communication. Que rôle reste-t- il aux États et instances supranationales, sinon de mettre en place une constitution libérale pour administrer cette société de marché au mieux des intérêts économiques et financiers dominants ? En Europe, comme à l'international, les exemples de cette cogestion ou de cette gouvernance partagée entre les États et l'industrie ne manquent pas pour illustrer la mise en oeuvre de cette logique libérale. [...]
[...] La même tendance est observée dans la presse écrite, avec une augmentation de 13% à 45% de faits divers et de la presse dite people entre 1993 et 1997. Comme la part des faits divers a progressé de 700% dans les informations entre 1993 et 1996, alors que le taux de criminalité réelle a baissé de 20% aux États-Unis dans cette période, on ne peut plus s'étonner de l'augmentation du sentiment d'insécurité. C'est bien ce sentiment d'insécurité qui vient justifier les réponses policières et les politiques sécuritaires mises en oeuvre tant au plan national qu'international, comme en témoignent le projet de convention du Conseil de l'Europe sur la cyber-criminalité. [...]
[...] Il se détourne de ces référendums qui sont des exercices de démocratie directe dépourvus de l'information et de la concertation suffisantes. La communication publique et politique ne peut se réduire à de l'information promotionnelle délivrée dans le temps comprimé des médias. En plus de respecter le droit à l'information, ces communications ont le devoir de maintenir le lien social, aujourd'hui le défi de rétablir et d'entretenir le lien civique. Avec des risques de populisme ou de néo-poujadisme, le citoyen se montre avide de l'interactivité que lui offrent les nouveaux modes de communication, notamment avec la turgescence du phénomène blog à l'instar de la cybercampagne de Ségolène Royal à travers son site Internet Désirs d'avenir. [...]
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