Dans son Contrat social, la réflexion de Rousseau débute par une interrogation : à quelles conditions un lien social est-il légitime ? Il réfute tout d'abord les argumentations traditionnelles : un lien social légitime ne repose ni sur la nature, ni sur la force, ni sur la servitude consentie. Pour Rousseau, le fondement légitime du lien social, c'est une convention, c'est « l'acte par lequel un peuple est un peuple » (...)
[...] L'impossible gouvernement démocratique. Si la volonté générale est inaliénable, le pouvoir peut lui être délégué. Autrement dit, s'agissant de la forme de gouvernement, Rousseau émet de sévères réserves à l'égard du gouvernement démocratique. Lorsqu'il explique que seul un gouvernement légitime, un gouvernement républicain est un gouvernement populaire, il se prononce davantage sur le principe de gouvernement que sur sa forme. Car Rousseau réemprunte les catégories antiques : un gouvernement démocratique, c'est un gouvernement dans lequel le peuple rassemblé met lui-même en œuvre sa volonté. [...]
[...] : puisque la loi se borne à statuer sur la société toute entière, elle n'est pas ruineuse pour les libertés des membres du corps social. C'est au terme de cette argumentation sur l'élaboration de la volonté générale que Rousseau put justifier le caractère absolu, sacré, inviolable du pouvoir souverain. Cette souveraineté absolue ne présente pas de dangers pour les hommes car elle ne peut être arbitraire. Par conséquent, la souveraineté du peuple ne détruit ni l'idée d'obéissance (contrairement à ce qu'affirmait Bodin), ni l'idée de liberté (contrairement à ce qu'affirmait Montesquieu) III. Une souveraineté indivisible et inaliénable. [...]
[...] De plus, une véritable démocratie supposerait trop de conditions : un Etat petit, une grande simplicité des mœurs, une égalité de rangs et de fortunes, peu de luxe, etc. Et surtout, cela supposerait une vertu considérable chez tous les citoyens (et non seulement chez les magistrats ou les représentants, d'après Montesquieu). Or, si un peuple gouvernait toujours bien, il n'aurait pas besoin d'être gouverné. Rousseau conclut donc qu'un peuple de Dieu se gouvernerait démocratiquement mais qu'un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes. [...]
[...] Toutefois Rousseau se distingue de Hobbes sur deux points. D'une part, le peuple ne devient pas un peuple, il l'est en puissance : seulement il n'est qu'une agrégation et non une association. D'autre part et en conséquence, l'unité de la multitude ne passe pas par l'intermédiaire d'un représentant. C'est le peuple lui-même qui se donne sa propre unité, c'est le peuple lui-même qui s'associe et s'institue en corps politique, en souverain. Sans cet acte fondateur de la société, sans cette unanimité initiale, il n'y aurait aucune décision légitime ultérieurement, par exemple celle de se doter d'un gouvernement. [...]
[...] Une souveraineté absolue au nom de l'égalité. Dans le Contrat social, Rousseau ne s'interroge pas sur la question de l'égalité naturelle des hommes ou encore la question de l'inégalité de mérite. Pour lui, la légitimité du pacte social implique d'instituer l'égalité politique des associés. Cette égalité politique se décompose en deux modalités : l'égalité des citoyens, c'est-à-dire le pouvoir égal de participer à la volonté générale ; l'égalité des sujets, c'est-à-dire que la loi est la même pour tous. Individuellement, ils sont à la fois citoyens (en tant que participant à l'autorité souveraine) et sujets (en tant qu'ils sont soumis aux lois de l'Etat). [...]
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