Pendant longtemps, c'est la religion qui était le socle de l'Etat. C'est d'ailleurs encore le cas de l'Iran par exemple, Etat musulman. Alors pourquoi ne pas penser que l'Etat et la Nation seront à nouveau séparés, prochainement ? D'ailleurs, on voit aujourd'hui ressurgir des Etats religieux. La question est de savoir si la sécularisation en Occident est réversible.
Car si la Nation cesse de cimenter l'Etat, quelle est la nouvelle fondation : la religion ? Quoi qu'il en soit, le modèle de l'Etat-Nation, la réunion de ces deux notions, n'est qu'une parenthèse, ouverte par la France, l'Angleterre et l'Espagne. C'est juste la manifestation étatique la plus courante de la modernité : les Etats-Nation sont les Etats modernes, c'est-à-dire les Etats sécularisés.
L'Etat-Nation se trouve confronté au processus de mondialisation à partir du moment où il s'est transformé en société ouverte. Une société ouverte n'attribue pas une valeur absolue au pouvoir qui la domine : des valeurs extérieures naissent et sont perçues comme supérieures aux valeurs que produit le pouvoir ; elles sont transcendantes.
Une telle société est susceptible à terme de contrôler le pouvoir à partir de ses valeurs, le pouvoir n'étant pas considéré comme le maître à l'origine de toutes les valeurs. Dans les sociétés, l'ouverture est d'abord éthique (idées) avant d'être politique : Louis Dumont dira que l'individu a d'abord été conçu hors du monde, avant d'être conçu dans le monde ».
Par exemple, pour un jour donner un poids juridique à la notion des Droits de l'Homme, il a fallu concevoir ces valeurs intellectuellement et moralement : les révolutions culturelles précèdent toujours les révolutions politiques. Il faut une société ouverte pour que le pouvoir soit relatif, pour que le pouvoir soit libéral.
Depuis le début du XXe siècle, donc, l'Etat-Nation est confronté à la pression de plus en plus forte de l'extérieure. La question de la nécessité éventuelle d'une gouvernance économique mondiale est posée : le fonctionnement du marché économique peut-il offrir une régulation satisfaisante ? Le débat est actuel : marché et démocratie sont-ils complémentaires ou antinomiques ? Comment alors procéder pour améliorer l'ordre du monde ?
[...] Pour consolider la citoyenneté, il faut donc l'enraciner, pour ne pas donner l'impression qu'elle est coupée du monde réel (attention, il ne s'agit pas de supprimer les libertés ni la transcendance du citoyen politique). Les tenants du multiculturalisme ne sont pas forcément les adversaires des droits civils et politiques, des libertés individuelles : il ne faut pas radicaliser les positions. A la différence des tenants du communautarisme, ils n'entendent pas sacrifier le concept de Droits de l'Homme. Toutefois, ils expriment certaines méfiances à l'égard de certains apports de l'héritage politique occidental. [...]
[...] - La pacification des sociétés occidentales Au XXe siècle, après la grande menace du totalitarisme, les passions politiques se sont atténuées. Or, pour les tenants de la fin de l'Histoire, cette dépolitisation entraîne la pacification. Le repli sur la sphère privée expliquerait le déclin des idéologies (notamment après la Révolution), et expliquerait l'atténuation des conflits dans l'espace public. En temps normal, le coût pour celui qui s'engage se transforme en avantage : on supporte les difficultés du militantisme, on est porté par la cause que l'on défend. [...]
[...] D'autant plus que, par opposition à ce qui motive l'action, les responsables politiques vont de plus en plus diaboliser l'adversaire. - Une pratique caractérisée par la diabolisation Bush déclare que la civilisation est en guerre contre la barbarie Le révérend Franklin Graham, un dirigeant de la droite religieuse américaine qui connaît une réelle notoriété, déclare que l'Islam est une religion pernicieuse et viciée Il y a une vraie mal-compréhension de la théorie du Choc des civilisations. L'Islam est depuis longtemps sujet à préjugés et mesures de prévention. [...]
[...] Or, l'individualisme contemporain est marqué par du passionnel plus que du rationnel, par de la séduction plus que de l'argumentation : il y a une tendance à la relativisation de la rationalité par rapport au temps de l'individu classique. Il n'est donc pas étonnant de constater un processus de désinstitutionnalisation relative. L'institution a produit la distinction entre le représentant et le représenté. Elle a également produit la distanciation entre l'espace public et l'espace privé. Mais si on observe le fonctionnement politique actuel, on peut se demander si tout cela n'est pas en train de s'effriter, avec des conséquences internes fondamentales. Si c'est le cas, la désinstitutionnalisation est en marche. [...]
[...] Les néo-libéraux appellent au retour à un libéralisme pur et dur, sans concession à l'interventionnisme. Ils sont convaincus que 2 Etats coexistent au sein de l'Etat moderne : un Etat de droit, et un Etat interventionnisme qui fait figure d'excroissance illégitime capable de détruire les libertés et l'Etat de droit. Ils affirment que le prolongement de l'Etat libéral est en fait sa propre contradiction, et donc sa menace. L'Etat n'a pas à exercer un rôle aussi actif dans la vie économique et sociale, il doit simplement ériger un cadre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture