Sciences humaines et arts, faiblesses de l'Occident, complexe de supériorité, reine Victoria, Alliance occidentale, folie des grandeurs, Nations Unies
Orgueil, excès, morgue. Ce que le héros tragique doit tôt ou tard expier. Perte du sens de la mesure : cette vieille tradition impériale a changé d'échelle. Relativistes, sachant vulnérables, les prédécesseurs hollandais, espagnols, français et britanniques (pour rester à l'ouest), pour mégalomanes qu'ils aient été, ne prétendaient ni rééduquer, ni encadrer, ni inspirer la boule terraquée dont la vue en vrai et en temps réel était à l'époque techniquement hors de portée. Google n'existait pas ni le satellite d'observation. Un quart du globe suffisait à la reine Victoria. Seuls des fils putatifs et toqués d'Alexandre, sans grand lendemain, façon Napoléon 1808 ou Reich de mille ans 1941, ont pu souhaiter faire mieux. En 1989, après la déroute soviétique, l'Alliance occidentale a eu la folie des grandeurs. Elle s'est targuée d'instaurer « un nouvel ordre mondial de Vancouver à Vladivostok ».
[...] Pour l'habitant de New York, de Bruxelles ou de Saint-Germain-des-Prés, l'Etat- nation est un objet de musée ou de plaisanterie. Qu'un peuple puisse se battre pour une telle idée paraît d'un infantilisme navrant. Pour le born again du Tea Party, l'émule de Charlton Heston ou de John Wayne, impensable qu'un humain puisse vouloir arborer autre chose que la bannière étoilée, la main sur le cœur. Toute autre considération relève de l'axe du Mal. Le Français pêche par manque d'estime de soi. L'Américain, par trop-plein. Il se prend pour l'élu de la Providence, le porteur de la Révélation. [...]
[...] Demain sera meilleur. De fait soldats tués par jour en moyenne de 1914 à juillet 2011 : 7 soldats français tués dans une embuscade en Afghanistan. Hommage de la nation, éloge funèbre par le président, qui se rend peu après sur place, commotion médiatique. Demande d'indemnisation formulée par les familles des victimes pour faute de service En Indochine ou en Algérie, termes de comparaison plus exacts, les pertes en vies humaines, bien que sur une tout autre échelle, n'ont pas donné lieu à de semblables déploiements et récriminations. [...]
[...] En 1989, après la déroute soviétique, l'Alliance occidentale a eu la folie des grandeurs. Elle s'est targuée d'instaurer un nouvel ordre mondial de Vancouver à Vladivostok Elle a multiplié les partenariats jusqu'au Caucase, en Asie centrale, et, après les PECO (les pays d'Europe centrale et orientale), s'est même imaginé faire entrer Moscou dans son orbite, au temps où y débarquaient intellectuels et conférenciers parisiens pour recycler l'âme slave et totalitaire dans le nouveau catéchisme. Ce qui était impossible hier l'est a priori aujourd'hui, avec la prolifération des acteurs tant infra- que supra-étatiques. [...]
[...] Comment peut-il en être autrement dans un pays dont il ne connaît ni la langue, ni la cuisine, ni la religion, ni la structure familiale, ni les plus élémentaires réflexes. Il peut allumer un feu avec le Coran, pisser sur un cadavre ennemi. C'est fun Pas la moindre idée des conséquences. Ceux qui ont perdu la guerre en Afghanistan auraient dû se rappeler que la France avait perdu la sienne en Algérie. La tribu, formation collective pleine d'avenir, représente l'unité de base d'une bonne moitié du monde, royaumes bédouins, Amérique indienne, Asie centrale, Afrique, Europe du Sud (le crime d'honneur albanais ou sicilien). [...]
[...] Malheureux chassé-croisé. Le temps court des indignés du Nord est en déphasage avec celui des indignés du Sud. D'un côté, fortes colères devant les images insoutenables de massacres, famines et exactions, mais la bulle médiatique ne passera pas le mois (l'optimum se situe entre trois et quinze jours). Là-bas, on ne voit déjà pas les mêmes images que le Nord, et en plus on a la rancune patiente et souterraine, façon vendetta. Le présentisme est nourri au flah et au clip : c'est un irréalisme stratégique par ceci qu'il oblitère le passé et l'avenir. [...]
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