L'Etat français et le monde agricole depuis 1950

Thèmes abordés

Etat français, monde agricole, modernisation de l'agriculture, protectionnisme, plan Marshall, production française, marché européen

Résumé du document

La récente manifestation pour dénoncer la baisse du revenu agricole qui a vu un millier de tracteurs défiler sur les Champs-Élysées montre assez bien l'âpreté des relations entre l'État français et le monde agricole. De la même façon, l'absence du président Nicolas Sarkozy à l'inauguration du Salon de l'Agriculture de 2009, alors que la présence du président était jusque là une tradition pérenne de la Ve République, est le témoin d'une dégradation de ces mêmes relations. La France a toujours entretenu une relation très particulière avec le monde rural et agricole, en effet jusque dans les années 50, le paysan reste la figure majoritaire dans la population. De même l'attachement à la terre et aux valeurs paysannes forme le socle culturel de la société française pendant très longtemps. Cependant force est de constater que le paysan français du XXIe siècle n'a plus rien à voir avec l'image traditionnelle qui perdurait encore dans l'après-guerre.

Extraits

[...] Notons que l'état s'est largement servi du Crédit agricole pour offrir des prêts à taux attractifs aux jeunes agriculteurs voulant devenir propriétaires ou investir dans leur exploitation. Ainsi se déroule ce que l'on a appelé « la révolution silencieuse »: dans les années 70, l'agriculture française est déjà métamorphosée. Le paysan est devenu un entrepreneur, la production est moderne et consistante, les exportations sont fortes . Valery Giscard d'Estaing parlera même en 1977 du « pétrole vert de la France ». Les objectifs productivistes seront maintenus sur ce modèle jusqu'en 1984. [...]

[...] Cependant elle marque la fin d'une ère dans les rapports entre le gouvernement et le monde agricole. Tout d'abord, la co-gestion est définitivement abandonnée. L'État impose ses vues même s'il doit pour ça faire des concessions importantes. Ensuite, c'est la fin d'une époque où le monde agricole était surprotégé et où tout était fait pour qu'il puisse produire sans se soucier de sa viabilité économique. Finalement, après une modernisation à marche forcée dans un contexte artificiel, le monde agricole européen va entrer petit à petit dans une ère de maturité et s'ouvrir peu à peu à la concurrence. [...]

[...] Ces lois engendrent la politique dite des structures. Elles visaient à « intégrer l'agriculture à l'économie nationale, établir la parité entre l'agriculture et les autres activités économiques en mettant l'agriculture et plus spécialement les exploitations familiales en mesure de compenser les désavantages naturels et économiques auxquels elle reste soumise comparativement aux autres secteurs ». Le but était de créer des exploitations de type familial capables de mettre en œuvre des techniques modernes de production. Bref, pour faire simple il s'agit de rendre les exploitations plus grandes. [...]

[...] Le taux de douane devient fixe. L'Europe et la France s'ouvre à l'extérieur et sont désormais soumises à la pression de la concurrence. Cette mesure sera votée et acceptée sans manifestation du monde agricole car le gouvernement Balladur a réussi par des stratagèmes politiciens à masquer la défaite dans ces négociations du GATT. Les agriculteurs sont hypnotisés. On le voit bien la relation entre le monde agricole et l'État français n'est plus du tout ce qu'elle était avant 1984; La collaboration n'est plus. [...]

[...] l'agriculteur moderne se sent abandonné et voit, impuissant, son revenu diminuer. En conséquence les manifestations d'hostilité se multiplient. Si elles ont toujours été présentes, elles sont plus fortes et plus récurrentes. En 1991, c'est deux cent mille agriculteurs, exaspérés par les méfaits de la sécheresse, les baisses des cours des prix, les multiplications d'importations sauvages provenant de l'Europe de l'Est, les projets de réforme de la PAC, la diminution du budget public de l'état consacré à l'agriculture . qui se donnent rendez-vous à Paris. [...]