Etat fasciste, Italie, Allemagne, grande crise, terreur rouge, totalitarisme, Hannah Arendt
L'existence d'un « Axe » reliant par un « Pacte d'Acier » les puissances fascistes durant le 2ème conflit mondial, semblerait démontrer l'existence d'un « fascisme intégral », d'un même modèle totalitaire animant les deux régimes.
Pourtant, dans son analyse du totalitarisme, Hannah Arendt exclu le fascisme italien de celui-ci, mettant en avant l'absence d'une « terreur de masse institutionnalisée ».
[...] Le glissement du pouvoir de l'Etat libéral vers le fascisme est encore plus évident dans l'Italie de 1922, frappée par les agitations socialistes. De fait, bien avant l'accès de Mussolini au gouvernement, les squadre fascistes font office de police dans le Nord en empêchant la grève et en protégeant les latifundistes et la grande industrie. Le Cabinet Mussolini est donc vu par le Roi comme une garantie de continuité de l'Etat, jusque là incapable d'intégrer les masses et d'enrayer les menaces de Révolution. [...]
[...] Peut-on parler d'un seul modèle ? Des degrés différents de totalitarisme : de la fascisation de l'Etat italienne à l'étatisation du Parti allemande Si les aspirations historiques de deux fascismes sont les mêmes, leurs droits, leurs institutions et par là leur essence même, diffèrent. Cela est tout d'abord la conséquence de la conjoncture politique. Alors que cinq ans s'écoulent de la marche sur Rome aux Lois fascistissimes liquidant la démocratie libérale, la position de Mussolini est loin d'être acquise tout au long de sa dictature. [...]
[...] Si le totalitarisme allemand, où l'Etat est nié et le droit incarné par le Führer laisse la place à une conception mystique du pouvoir ouvrant les portes à la terreur, le régime mussolinien demeure attaché à un Etat transcendant maintenant le contrôle sur le «Pouvoir tout en le dépolitisant. On voit donc bien comme la notion d'Etat soit centrale dans le totalitarisme, la résistance des structures étatiques en Italie constituant une garantie à la dérive totalitaire. [...]
[...] Bien que le Duce ait toujours raison il demeure formellement responsable face à Victor Emmanuel III. La révolution institutionnelle nazie a au contraire été plus rapide et efficace : le pouvoir absolu du Reichsfurher est consacré par la doctrine juridique de la Nouvelle Ecole Allemande Un peuple, un Reich, un Fuhrer Ce degré différent de pouvoir personnel détermine l'élaboration de deux doctrines de l'Etat et du pouvoir distinctes, découlant sur deux degrés différents de totalitarisme. En Allemagne, les pouvoirs de l'Etat sont progressivement transférés au Parti, dominé par le pouvoir illimité du Chef. [...]
[...] Toute décision politique est dérogée à l'administration à partir de 1928, quand le Grand Conseil du Fascisme substitue de fait le Parlement. Selon Renzo De Felice, cette dépolitisation de l'Etat, qui garantie la préservation de ce dernier face au Parti, constitue à la fois le trait distinctif du fascisme italien et le rempart envers des formes abouties de totalitarisme telles que celle allemande. En conclusion, si les fascismes italien et allemand se configurent comme des solutions totalitaires à la crise de l'Etat, il convient d'établir une différenciation. [...]
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