Le discours dominant, la construction d'un Etat rationnel, monstration du pouvoir, Richelieu, Louis XIV
Cette période voit l'avènement d'un système de gestion du collectif nouveau, même inédit, aujourd'hui banalisé et que nous appelons l'Etat. C'est le résultat d'une construction lente, difficile, voire contrariée, mais qui va petit à petit s'imposer. C'est une construction dans les faits, réelle, mais c'est aussi une construction idéelle, pour justifier la première, mais aussi lui apporter des éléments.
Pour ceux qui y participent, cette construction représente une modernité, un progrès. L'argument essentiel qui va justifier l'Etat c'est qu'il serait une forme rationnelle à l'organisation du collectif. Ce qui veut dire que l'organisation précédente était irrationnelle. La monarchie absolue se justifie d'abord par la rationalité. La raison a une vieille histoire. Cette idée de la raison va se manifester d'une manière visible: le spectacle de l'Etat, le spectacle de cette période baroque doit manifester cette rationalité. Celle-ci est de l'ordre de la monstration.
Enfin, cette construction de l'Etat se trouve légitimée par l'appel à Dieu et à la religion.
[...] La logique propre d'un territoire, d'une population et de la production de richesses suffit à justifier le regimen. Le prince s'efface derrière cette gestion, il n'est qu'un serviteur de cette gestion. Louis XIV n'a jamais dit "l'Etat c'est moi", par contre, à la fin de sa vie, il dira "je m'en vais mais l'Etat restera après moi". Le status regis correspond à une logique où la raison est la conduite vers le salut. Au fur et à mesure que le pouvoir monarchique devient politique, la raison devient l'Etat. [...]
[...] C'est antinomique avec la valeur aristocratique de l'honneur. Le travail du roi est réglé, organisé. Cela suppose une conséquence: ce travail s'apprend. C'est pourquoi il écrit ses mémoires: c'est la transmission d'une expérience. Il y a un lien entre un travail régulier et un savoir particulier qui permet ce travail régulier. Désormais, le gouvernant sera jugé sur sa compétence. C'est ce que deviendront plus tard les sciences camérales, puis les sciences politiques. Il y a une connexion entre le travail rationnel et les savoirs sur quoi se repose ce travail rationnel. [...]
[...] Ici, c'est plutôt dans le sens d'une instrumentalisation du champ religieux par le pouvoir. Depuis longtemps, champ politique et champ religieux ont une relation étroite. L'existence du pouvoir politique se comprend dans un espace beaucoup plus large: dans l'ordre du monde. La question est de légitimer l'existence d'un pouvoir politique. Cette existence est rapportée à un ordre de la création qui rend, sinon acceptable, du moins compréhensible l'inégalité politique. On voit s'organiser, au haut Moyen Age, les institutions politiques dans le cadre d'une légitimité religieuse. [...]
[...] L'article 4 est intitulé "Des lois". Bossuet va définir ce qu'est une loi (c'est ce que Montesquieu a fait): "Toutes les lois sont fondées sur la première de toutes les lois, qui est celle de la droite raison et de l'équité naturelle". Le gouvernement va produire des lois, celles-ci ne sont pas arbitraires. On retrouve ici Aristote. Cette communauté politique va être réglée par des lois, dont la première est celle de la raison. Le propre des lois c'est d'être universelles et abstraites. [...]
[...] Du point de vue naturel, il est l'expression pour la collectivité du pouvoir du père sur ses enfants. C'est un régime de type paternalo-monarchique. Il est également conforme à la monarchie de David, puis de Salomon. Bossuet met entre parenthèses tous les conflits sur la naissance de la royauté en Israël. La monarchie française prétend descendre de David. Ce dernier est la représentation, en Israël, du roi glorieux. Un régime politique naturel doit s'approcher le plus possible de la naturalité du pouvoir du père. On a un argument naturaliste. [...]
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