« Je veux être la présidente des sans voix, de ceux qui n'ont jamais droit à la parole » a déclaré Ségolène Royal en février 2007.
Mais qui sont-ils ces « sans voix » ? Existent-ils vraiment dans une démocratie des citoyens privés de cette voix qu'est le vote ? Hormis les étrangers, les mineurs, les personnes déchus de leurs droits civiques et les déficients mentaux, chaque citoyen français dispose d'une voix lui permettant de choisir et sanctionner ses représentants (...)
[...] La démocratie participative ouvre donc la voix dangereuse à la prépondérance de la rhétorique. Au final, le débat n'a pas pour but d'inclure le citoyen mais de lui faire croire qu'il l'est et le pouvoir ne revient qu'à ceux qui ont organisé la rencontre, soit le pouvoir traditionnel. En mal de reconnaissance, de confiance voire de légitimité, le pouvoir politique peut se servir des instruments qu'offre la démocratie participative à des fins populistes. La démocratie participative est donc un idéal encore lointain. [...]
[...] A l'inverse, la démocratie participative croit en l'intérêt des citoyens dans l'espace public. Ainsi, dans les années 1960, Pierre Mendès-France prônait l' action continuelle du citoyen Dans les années 1980, on se rend compte que la démocratie participative ne parvient pas à résoudre certains problèmes sociaux tels le chômage et la précarité. A ce constat d'échec, s'ajoute le phénomène abstentionniste et l'émergence de la société du risque. Désormais, il apparaît important de ne plus laisser aux seuls experts de la politique le soin de décider. [...]
[...] Ainsi selon Jürgen Habermas la démocratie participative produit de meilleures décisions. En effet, la confrontation publique des idées entraîne l'apparition d'un débat rationnel et force les participants à trouver un consensus qui tendrait vers l'intérêt général. La décision gagne en légitimité. Les citoyens, informés et aux faits des difficultés liées à la question abordée seront donc plus enclins à accepter la mise en œuvre de la politique publique. D'autre part, avec la démocratie participative, et lors par exemple de débats publics, les experts doivent désormais se justifier. [...]
[...] La démocratie participative n'est donc pas, à l'heure actuelle, capable de rénover la politique, et encore moins de provoquer une révolution dans notre microcosme démocratique. Pour l'instant, elle constitue peut-être une reformulation de la démocratie participative dans le sens où elle peut corriger certains de ses biais, mais ne peut à ce jour s'y substituer. Et pour appuyer mon propos final, citons de nouveau Ségolène Royal : Le développement de la démocratie participative, partout où elle est mise en œuvre, ne se fait pas au détriment de la démocratie représentative : bien au contraire, elle la conforte et la fortifie. [...]
[...] La démocratie participative, si elle ne révolutionne pas la politique en la rénovant de fond en comble, l'améliore de manière importante. Elle comble les lacunes de la démocratie représentative, elle donne la parole aux non professionnels de la politique, et permet donc aux citoyens de chasser de leur esprit l'image d'Epinal de la politique politicienne pour adopter une perception plus juste et plus fine de l'action publique. Cependant et malgré ces résultats, la démocratie participative, sous-tendue par un idéal très fort et donc porteuses de nombreuses promesses, ne comble pas toutes les attentes. [...]
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