Le Monde du 25 février dernier titrait : " L'insolente popularité de Silvio Berlusconi". Signe d'une transformation du pouvoir politique italien ? Peut-être, considéré que la politique spettacolo s'incarne désormais plus dans un homme que dans des retournements fréquents de majorité. Cette personnalisation accrue du pouvoir -d'aucuns parlent de vidéocratie, semble aller de pair avec une restructuration à volonté majoritaire d'un système politique considéré par ailleurs comme éclaté. Et de fait, la période qui s'étend du début des années 1990 à nos jours, parfois considérée comme une "Seconde République", est à bien des égards une période de mutation institutionnelle -à défaut d'être constitutionnelle, de l'équilibre du pouvoir italien (...)
[...] En fait, il faut moins parler d'un équilibre des institutions que d'un équilibre des élites . II Une mutation majoritarisante mais inachevée Avec la crise politique de 1992 à 1994 qui voit en même temps la disparition des anciens grands partis, la dénonciation des compromis officieux du sous-gouvernement (opération Mani Pulite), et la descente de Silvio Berlusconi s'opère une transformation du paysage politique qui tend à dégager une majorité plus nette ; cependant, ces changements sont limités en cela qu'ils ne disposent pas d'une base constitutionnelle, en raison de leur nature opportuniste A. [...]
[...] L'équilibre institutionnel de la démocratie italienne Paul DUAN Le Monde du 25 février dernier titrait : L'insolente popularité de Silvio Berlusconi Signe d'une transformation du pouvoir politique italien ? Peut-être, considéré que la politique spettacolo s'incarne désormais plus dans un homme que dans des retournements fréquents de majorité. Cette personnalisation accrue du pouvoir d'aucuns parlent de vidéocratie semble aller de pair avec une restructuration à volonté majoritaire d'un système politique considéré par ailleurs comme éclaté. Et de fait, la période qui s'étend du début des années 1990 à nos jours, parfois considérée comme une Seconde République est à bien des égards une période de mutation institutionnelle à défaut d'être constitutionnelle de l'équilibre du pouvoir italien. [...]
[...] Des institutions aux bases constitutionnelles faibles Le mode de scrutin, de la fondation en 1947 jusqu'en 1993, quasi-purement proportionnel[1], favorisait la création de coalitions instables réunissant parfois des intérêts opposés au sein d'un paysage partisan éclaté (ex. arc constitutionnel : libéraux, démocrates-chrétiens DCI, républicains, socio-démocrates PSDI, socialistes PSI, communistes). Présence d'un multipartisme exacerbé et non rationalisé. Le bicamérisme égalitaire entre le Sénat et la C. des députés renforce cet éclatement puisque les deux chambres (au paysage partisan différent . ) peuvent retirer leur soutien (ex. [...]
[...] Pas d'élection (ni même désignation de facto, hors période récente avec Berlusconi, Prodi ou Vatrone) ni du président de la République ni du Conseil : faiblesse de l'incarnation du pouvoir, pas de légitimité indépendante de celle du Parlement. B. Une culture politique de compromis entre élites Le gouvernement est faible, mais le sous-gouvernement est fort ; historiquement, culture politique liée aux compromis par le haut (transformismo) : culture préférant une grande coalition gouvernementale à l'alternance. Ex : hégémonie de la DCI de 1947 à 1994. [...]
[...] Bipolarisation et majoritarisation : une modernisation du régime La révolution politique qui fait suite à la crise de la démocratie italienne au début des années 1990 entraîne la remise en cause du régime par la population. Face à cela, un certain populisme de Silvio Berlusconi séduit ; mais le point qui nous intéresse n'est pas le jugement de Berlusconi, mais les conséquences intéressantes que son avènement impliquent : son recours massif au soutien populaire, ainsi qu'aux techniques télévisuelles structurent la vie politique autour d'un individu. [...]
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