Démocratie impossible, transitions démocratiques en Afrique, Francis Fukuyama, effondrement des régimes communistes, Russie, régimes multipartites concurrentiels, Sénégal, Botswana, démocratie de marché, libéralisme, discours de Dakar, lecture ethniciste, Nicolas Sarkozy
Francis Fukuyama dans les mois qui ont suivi l'effondrement des régimes communistes a évoqué le sentiment d'euphorie démocratique, dans lequel s'inscrit son ouvrage (même si les orientations de Fukuyama sont plus nuancées, et que l'on a pu noter entre l'article de 1989 et l'ouvrage l'affirmation progressive d'une inquiétude qui limite l'impact et l'intensité de ce premier sentiment). De fait, les phénomènes de transition démocratique ne se sont pas limités, en apparence du moins, à la chute du communisme en Russie et en Europe centrale et orientale. Le continent africain a lui aussi participé à ce mouvement, et la coïncidence chronologique est sans aucun doute pour beaucoup dans cette idée d'une démocratisation générale, comme inéluctable et surtout, comme mouvement désormais observable à l'échelle du monde.
[...] Notons tout d'abord que le caractère apparemment massif de cette vague de transitions démocratiques en apparence synchronisée ne doit pas faire oublier qu'il existe au moment même où elle se déroule, des démocraties consolidées en Afrique. La réalité de certains États est bien celle de régimes multipartites concurrentiels, relativement stables, comme le Sénégal, le Botswana ou Maurice. Notons en second lieu que cette impression de masse et l'utilisation d'une catégorie commune comme celle de « transition démocratique » ne doit pas non plus faire oublier la diversité des situations particulières. [...]
[...] Mais ces pressions ne se sont pas limitées aux seules exigences nouvelles des anciennes puissances tutélaires. Les transitions seraient ainsi également le fait des pressions extérieures ou exogènes exercées par des institutions internationales de nature financière ou économique, comme le FMI ou la Banque mondiale, qui sont à leur tour venues confirmer cette nouvelle politique de la conditionnalité et auraient par là même contraint des régimes exsangues et dépendants de l'aide internationale (et ce d'autant plus que certaines aides traditionnelles venaient à s'amenuiser, du fait du plus faible intérêt stratégique du terrain africain), à procéder à des ajustements indissociablement économiques et politiques. [...]
[...] Le phénomène de l'État-rentier peut ainsi être défini à ce stade. Constitue un État-rentier « tout État qui retire une part substantielle de ses revenus de ressources étrangères, sous forme de rente ». Notons ici que cette situation s'observe par exemple en Algérie (on y reviendra), en Libye, en Irak, en Iran, en Arabie Saoudite, mais aussi au Nigéria, ou en Côte d'Ivoire, où les revenus de l'État proviennent à hauteur de 70 à de ressources étrangères. Peu importe ici que la rente en question liée notamment à l'exploitation ou à la détention de « matières premières » constitue la source d'une réelle opulence ou non. [...]
[...] Les femmes, lorsqu'elles sont jeunes, sont réellement belles ; elles ont d'ailleurs le teint légèrement plus clair que celui des hommes ». Voici, du même texte, la description des Hutus : « Le reste de la population est bantoue. Ce sont les Bahutus, des nègres qui en possèdent toutes les caractéristiques : nez épaté, lèvres épaisses, front bas, crâne brachycéphale. Ils conservent un caractère d'enfant, à la fois timide et paresseux, et le plus souvent sont d'une saleté invétérée. C'est là la classe des serfs. [...]
[...] L'un des grands enseignements de l'africanisme contemporain est peut-être d'ailleurs celui-ci, que rappelle notamment Jean-François Bayart : si l'on entend par ethnie l'idée d'une entité humaine donnée, ayant traversé les siècles et correspondant aux différents critères évoqués plus tôt, force est de constater que, au sens strict du terme, l'ethnie n'existe pas, en tout cas au sens d'une réalité brute, d'une réalité objectivement constituée qu'il suffirait dès lors de constater, dont il suffirait de la prendre en compte. Mais ce seul point de vue ne saurait toutefois suffire. Il ne s'agit pas ici de nier la réalité du fait ethnique. La précision est ici d'importance. [...]
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