Face aux récentes manifestations contre le CPE à l'appel de l'ensemble des syndicats et des organisations étudiantes, M. Chertier, en charge du dossier pour le Premier Ministre sur la « démocratie sociale », appelle au dialogue. Dénonçant le manque de concertation avec les partenaires syndicaux, les manifestations n'empêchent pas le gouvernement d'agir car « Le gouvernement doit avoir une action rapide sur l'emploi (…) une négociation peut prendre plusieurs trimestres, voire une année. L'impératif de l'action d'urgence dans le domaine de l'emploi est contradictoire avec les us et coutumes et le tempo de la négociation syndicale». Face à ces propos d'un expert du cabinet du Premier Ministre, recueillis dans Le Monde du 7 février 2005 par Rémi Barroux, la question de la place des syndicats comme de leur représentativité semble plus que jamais à l'ordre de jour. Alors quel pouvoir exerce aujourd'hui les syndicats et les syndiqués ?
[...] Depuis la fin des années 1970, les signes d'essoufflement du modèle capitaliste sont apparus. La fin du fordisme et de l'économie planifiée a modifié l'environnement économique et politique, remettant alors en cause les modes de régulation en vigueur ; d'où une crise économique caractérisée par une baisse de la productivité, une croissance du chômage, une augmentation de la compétition internationale Dans les pays industriels, la principale conséquence de ces mutations est la crise de l'emploi. À l'origine d'une nouvelle révolution industrielle, caractérisée par le développement rapide des technologies, cette transformation de l'économie mondiale implique une modernisation brutale des outils de production Par ailleurs, la globalisation de l'économie, caractérisée par une mobilité accrue du capital, en particulier financier, a provoqué la diminution et la précarisation de l'emploi par l'intervention de sous- traitants. [...]
[...] Et, face à la crise des années 1990, les conditions de travail se dégradent et les revendications des salariés se multiplient. En France, l'insatisfaction des salariés atteint son apogée lors des grèves de 1995, contre le plan Juppé concernant le sauvetage de la Sécurité Sociale Au niveau individuel, cette insatisfaction se traduit par le turn-over, l'absentéisme, le freinage, voire le sabotage et au niveau collectif, par des débrayages ponctuels, le roulement concerté, la grève à durée déterminée Mais, le problème réside dans le fait que les syndicats continuent d'agir de manière conventionnelle alors que la structure de l'emploi change. [...]
[...] Quel est donc l'avenir du syndicalisme français ? Celui d'un avocat conseil modérateur des positions des salariés ? Alors, Que faire? se demande Bernard Zimmern. Expliquer l'affaiblissement du syndicalisme avant tout par la baisse de la cohésion de classe nous inscrit dans une approche du syndicalisme exclusivement étudiée selon le rapport historique classe bourgeoise/classe prolétarienne, alors que cette crise appelle parallèlement le dépassement de ce rapport. En effet, il faut dépasser cette sociologie aujourd'hui obsolète du syndicalisme dans l'ensemble des pays industrialisés. [...]
[...] L'émiettement n'est qu'un incurable mal français mais il est possible d'inverser le cours des choses Toutefois, il me semblait nécessaire d'achever cette démonstration sur la crise du syndicalisme par une étude de la Sofres sur les syndicats français, réalisée les 20 et 21 décembre 2005 auprès de personnes : - estiment qu'il y a trop de concurrence entre les syndicats - estiment qu'ils ont une approche trop idéologique - estiment ne voient pas ce qui distingue les syndicats français - des sondés préféreraient qu'il n'y ait, en France, qu'un, deux ou trois syndicats, comme ailleurs en Europe Conclusion Louis Viannet, secrétaire général de la CGT de 1992 à 1999, dresse un constat alarmant pour l'avenir des syndicats : Ne trichons pas ! Le syndicalisme, tel qu'il est aujourd'hui, ( . ) est dans l'incapacité de tenir tête aux ambitions du libéralisme dans le cadre d'une mondialisation débridée[7]. Le syndicalisme français est aujourd'hui dans une période de transition, à la recherche d'une nouvelle légitimité. [...]
[...] Pour les comités d'entreprise, le taux de couverture (rapport entre des procès-verbaux d'élections reçus par l'administration et le nombre d'établissements d'au moins 50 salariés recensés par l'INSEE) est estimé à en 1997. Partie 2 : La légitimité du syndicalisme français : remise en question ou remise en cause ? Instrument de pression, élément-clé dans les négociations, acteur décisif aux fins de la transformation sociale, le syndicat constitue un outil inégalable pour garantir les avancées en matière d'égalité et de promotion des droits des travailleurs. [...]
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