La crise de la culture, 8 exercices de pensée politique, fiche de 5 pages
Hannah Arendt, philosophe juive allemande, naît à Hanovre en 1906. Sa vie est profondément marquée par deux exils : le premier en France en 1933 et le second en 1941 aux Etats-Unis, pays dont elle obtient la citoyenneté et qu'elle décide de ne plus quitter. Elle s'y éteint en 1975. Parmi ses maîtres à penser : les philosophes allemands Heidegger et Jaspers qui la formèrent pendant ses études. Témoin des deux guerres mondiales et plus particulièrement de la shoah, la majeure partie de son ?uvre est consacrée à une analyse du totalitarisme dans notre société moderne, de sa genèse aux implications historiques et philosophiques. En la matière, Les Origines du totalitarisme (1951), Eichmann à Jérusalem ainsi qu'Essai sur la Révolution (1963) demeurent des ouvrages significatifs. S'inspirant du fait totalitaire, elle propose une relecture critique de notions fondamentales corollaires du politique, parmi lesquelles liberté, justice, autorité qui furent complètement occultés par les dérives totalitaires.
[...] En effet, le XIXème siècle a réussi à s'extraire d'une vision humaniste du monde, et les hommes de sciences ont cantonné leurs recherches à la découverte et à l'approfondissement de certaines notions jusqu'au début du XXème siècle. Puis, petit à petit, les scientifiques se sont détachés de l'étude des origines pour découvrir ce qui se trouvait derrière les apparences. D'ailleurs, la science est devenue si compliquée au XXème siècle, que le scientifique est devenu lui-même un profane, incapable d'expliquer ce qui le dépassait. En outre, cette conquête de l'espace par l'homme, poussée à l'extrême, s'avère au final très dangereuse. Si l'homme n'est plus capable de maîtriser la nature, celle-ci pourra alors le conduire à sa perte. [...]
[...] Le travail, aux dépens de la raison, est devenu en effet laboratoire de l'évolution de l'homme. Ensuite, logos de Platon, c'est-à-dire la parole et la persuasion pour conduire les affaires humaines, a été substitué la glorification de la violence par Marx qui la considérait comme l'élément constitutif de toute forme de gouvernement. A l'instar de Marx, Kierkegaard et Nietzsche tentèrent également de se révolter contre la tradition. Si Marx est passé de la théorie à l'action en glorifiant l'action humaine, Kierkegaard a lui tenté de substituer le doute à la croyance en voulant affirmer la dignité de la foi tandis que Nietzsche en insistant sur la vie donnée et le sensible souhaitait donner toute son importance à la vie humaine. [...]
[...] Par ailleurs, le concept de liberté n'apparaît que tardivement en philosophie politique. Chez les grecs, la liberté n'est présente que dans la chose politique et n'existe que par l'action. A cette liberté politique, Saint Augustin oppose la liberté intérieure. Et, c'est parce que l'homme a déjà essayé la liberté politique qu'il peut expérimenter la deuxième. En l'occurrence, le totalitarisme, en subordonnant toutes les sphères de la vie et les droits de la vie privée fait alors douter la coexistence possible entre politique et liberté. [...]
[...] De ces différences fondamentales entre l'époque antique et l'époque moderne, il résulte que ni l'histoire ni la nature ne sont plus concevables dans le monde moderne et, du fait de cette double disparition, les hommes sont privés d'un monde commun, qui les relierait et les séparerait, vivent dans une séparation et un isolement sans espoir, ou bien au contraire sont pressés ensemble dans en une masse : cette espèce de vie organisée qui s'établit automatiquement parmi les êtres humains quand ceux-ci conservent des rapports entre eux mais ont perdu le monde autrefois commun à tous. III. Qu'est-ce que l'autorité ? Le monde occidental a connu pendant longtemps une forme spécifique d'autorité. Néanmoins, celle-ci a disparu du monde moderne, si bien que tout en déplorant une crise, plus personne n'est capable de la définir. Avant tout, l'autorité n'est pas la violence, elle est encore moins la persuasion. [...]
[...] Enfin, l'œuvre de Machiavel contient en puissance la rupture du concept d'autorité dans l'idée de Révolution. Jusqu'alors l'autorité n'avait jamais été le fruit de révolution délivrant les hommes. La Révolution américaine fait toutefois figure d'exception : elle a su éclairer le concept d'évolution de l'autorité politique, sans références aux fondations et sans violence. A l'aide d'une Constitution, les pères fondateurs ont mis en place un accord politique innovant. IV. Qu'est-ce que la liberté ? Hors du champ de l'analyse politique, définir la liberté semble être une entreprise désespérée. [...]
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